Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/1039

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que l’estime & l’admiration pour les sujets que les académies admettent parmi leurs membres ; le regret pour ceux qu’elles ont perdus ; l’admiration & la reconnoissance de leurs travaux & de leurs vertus. Voyez Éloquence, Oraison, Rhétorique. (G)

Discours, (Belles-Lettres.) c’est le titre qu’Horace donnoit à ses satyres.

Les critiques sont partagés sur la raison qu’a eu le poëte d’employer ce nom qui semble plus convenir à la prose qu’à la poésie. L’opinion du pere le Bossu paroît la mieux fondée. Il pense que la simple observation des piés & de la mesure du vers, en un mot, tout ce qui concerne purement les regles de la prosodie, telle qu’on la trouve dans Térence, Plaute, & dans les satyres d’Horace, ne suffit pas pour constituer ce qu’on appelle poésie, pour déterminer un ouvrage à être vraiment poétique, & comme tel distingué de la prose, à moins qu’il n’ait quelque ton ou caractere plus particulier de poésie qui tienne un peu de la fable ou du sublime.

C’est pourquoi Horace appelle ses satyres sermones, comme nous dirions discours en vers, & moins éloignés de la prose, quasi sermoni propiora, que les poëmes proprement dits. En effet, qu’on compare ce poëte avec lui-même, quelle différence quand il prend l’essor & s’abandonne à l’enthousiasme dans ses odes ! aussi les appelle-t-on poëmes, carmina. La même raison a déterminé bien des personnes à ne mettre Regnier, & Despreaux pour ses satyres, qu’au nombre des versificateurs ; parce que, disent-ils, on ne trouve dans ces pieces nulle étincelle de ce beau feu, de ce génie qui caractérise les véritables poëtes. Voyez Poeme & Versification. (G)

DISCREDIT, s. m. (Comm.) perte ou diminution du crédit que quelque chose avoit auparavant ; ce mot ne s’est guere introduit dans le commerce que depuis 1719, que divers arrêts du conseil l’ont employé pour exprimer la perte qu’on faisoit sur les actions de la compagnie des Indes, les billets de banque, & le peu de cours qu’ils avoient dans le public. On dit en ce sens le discrédit des actions, pour signifier qu’elles sont tombées ou baissées. Discrédit est opposé a crédit. Voyez Crédit. Dictionn. du Comm. (G)

DISCRET, s. m. (Hist. ecclés.) épithete en usage dans plusieurs maisons religieuses, tant d’hommes que de femmes, telles que celles des Augustins, Capucins, Recolets, & c. On dit un pere discret, une mere discrete. Une mere discrete est une ancienne qui sert de conseil & d’assistante à la supérieure. Un pere discret est un député d’un couvent au chapitre provincial ; les prérogatives & la durée des peres discrets varient suivant les maisons.

Discrete, adj. (Géom. & Phys.) la proposition discrete ou disjointe est celle où le rapport de deux nombres ou quantités est le même que celui de deux autres quantités, quoiqu’il n’y ait pas le même rapport entre les quatre nombres. Voyez Raison & Proportion.

Ainsi, supposant la proportion des nombres 6, 8 ∷ 3, 4. le rapport des deux premiers 6, 8, est le même que le rapport des deux derniers 3, 4 ; par conséquent ces nombres sont proportionels ; mais ils ne le sont que d’une maniere discrete ou disjointe ; car 6 n’est pas à 8, comme 8 est à 3 ; c’est-à-dire que la proportion est interrompue entre 8 & 3, & n’est pas continuée pendant tout son cours, comme dans les proportions suivantes, où les termes sont continuement proportionels, 3, 6 ∷ 6, 12 ∷ 12, 24, ou 3, 6, 12, 24, & c.

La quantité discrete est celle dont les parties ne sont point continues ou jointes ensemble. Voyez Quantité. Tel est un nombre, dont les parties

étant des unités distinctes, ne peuvent former un seul continu : car selon quelques-uns, il n’y a point dans le continu de parties actuellement déterminées avant la division : elles sont infinies en puissance ; c’est pourquoi l’on a coûtume de dire que la quantité continue est divisible à l’infini. V. Continu, Quantité, & Divisibilité. (E)

* DISCRÉTION, s. f. (Morale.) le substantif discrétion me paroît avoir une toute autre acception que l’adjectif discret. Discret ne se dit que de l’art de conserver au-dedans de soi-même, les choses dont il est à-propos de se taire : discrétion ne s’entend guere que de la tempérance dans le discours & dans les actions : la vûe de l’esprit ne se porte plus sur l’idée de secret. Il semble que la discrétion marque la qualité des actions de l’homme prudent & modéré. La modération & la prudence sont dans l’ame ; la discrétion est dans les actions.

DISCRÉTOIRE, s. m. (Hist. ecclés.) lieu dans un couvent de religieuses où s’assemblent les meres discretes. Ainsi que discrétion s’entend des personnes mêmes qui forment l’assemblée.

* DISCUSSEUR, s. m. (Hist. anc.) officier impérial qui recevoit les comptes des collecteurs des tributs. Il jugeoit toutes les petites contestations relatives à cet objet ; dans les autres, on en appelloit au gouverneur de la province.

DISCUSSIFS, adj. pl. terme de Chirurgie, concernant la matiere médicale externe. Ce sont des médicamens qui ont la vertu de raréfier les humeurs arrêtées dans une partie, & de les dissiper. La transpiration est ordinairement la voie par laquelle ces humeurs s’évacuent par l’opération des discussifs. On les employe pour atténuer des humeurs lentes & visqueuses ; & ils se prennent ordinairement dans la classe des incisifs : telles sont les fumigations de vinaigre jetté sur une brique rougie au feu, dont on use dans les tumeurs indolentes, produites par l’accumulation des sucs glaireux. Si la matiere est plus épaisse, le remede sera rendu plus puissant en faisant dissoudre de la gomme ammoniaque dans ce vinaigre, & en appliquant ensuite des cataplasmes faits avec les plantes carminatives qui fournissent aussi la matiere des remedes discussifs.

Dans les tumeurs flatueuses qui viennent de l’engagement d’une pituite épaisse, sur-tout aux environs des articulations, il faut atténuer & discuter l’humeur. Ambroise Paré recommande dans ce cas les fleurs de camomille, de melilot, de roses rouges, l’absinthe, & l’hissope cuits dans la lessive ; on ajoûte un peu de véronique à cette décoction pour en fomenter la partie, ou le liniment avec l’huile de camomille, d’anet, & de rue ; l’huile de laurier, la cire blanche, & un peu d’eau-de-vie.

Les discussifs sont aussi fort utiles dans certaines maladies des yeux, dans les taches & opacités légeres de la cornée transparente : on se sert alors des eaux distillées de fenouil, de grande chélidoine, d’euphraise, de fumeterre, de rue, d’eau de miel, & c. La décoction des sommités de camomille, de mélilot, de romarin, de fenouil, dont on reçoit la vapeur, produit de très-bons effets. Cette classe de discussifs a été appellée des discussifs-ophthalmiques. Les douches d’eaux minérales agissent ordinairement comme discussifs. Voyez Douche. (Y)

DISCUSSION, s. f. en général signifie l’examen de littérature, de science, d’affaire, & c. ou l’explication de quelque point de critique.

Ce mot exprime l’action d’épurer une matiere de toutes celles qui lui peuvent être êtrangeres pour la présenter nette & dégagée de toutes les difficultés qui l’embrouilloient. Nous disons, par exemple, que tout ce qui regarde la musique & la danse des anciens a été bien discuté dans les savantes disserta-