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fievre maligne, les douleurs aiguës par tout le corps, la tension, l’enflure & l’inflammation du bas-ventre ; alors le danger devient beaucoup plus grand, & réquiert la guérison de ces divers maux.

Par la mauvaise façon dont on est couché dans l’esquinancie, la péripneumonie, la pleurésie, l’empiême, la phthisie, l’asthme ; on a lieu de juger que la poitrine, les poumons, & les organes de la respiration sont accablés avec danger : mais il ne faut pas moins craindre la mauvaise maniere d’être couché dans le délire, la phrénésie, l’assoupissement, & semblables maladies, parce qu’elles signifient l’action troublée du cerveau.

Dans les maladies aiguës, les fievres ardentes continues, dans l’inflammation, dans la grande foiblesse ; la maniere d’être couché indique des anxiétés dangereuses, ou une métastase fâcheuse dans les parties internes, comme il arrive quelquefois dans la rougeole, la petite vérole, & le pourpre.

Lorsque le malade, dans les maux qu’on vient de détailler, demeure couché sur le dos, dort continuellement la bouche ouverte, les jambes courbées & entrelacées, ou ne dort point dans cette posture, que la respiration est en même tems empêchée, c’est un fort mauvais signe : l’ouverture seule de la bouche désigne alors une résolution particuliere dans les muscles de la mâchoire inférieure, & un grand affaissement dans toute la machine.

Si le malade se tient couché les jambes découvertes, sans ressentir de chaleur violente, s’il jette ses bras, son corps, & ses jambes de côté & d’autre, ou qu’il se couche sur le ventre contre son ordinaire ; ces signes présagent de l’inflammation dans quelque partie du bas-ventre, une fievre interne, ou le délire.

Quand le malade repose sur le dos, avec les bras & les jambes étendues, ou extrèmement retirées, la tête renversée sur l’oreiller, le menton élevé ou entierement panché, les yeux hagards, & les extrémités froides ; tous ces symptomes réunis annoncent une mort prochaine.

Ainsi, suivant la connoissance des causes qui produisent dans le malade les diverses postures qu’il tient étant couché, & l’examen réitéré que le medecin donne à ces causes & à ces postures, il peut presque prédire les convulsions, l’hémorrhagie, le sphacele, l’accouchement, l’avortement, le délire, les crises prochaines, la mort. Mais cette science du prognostic est le fruit du génie & du talent de l’observation ; deux qualités rares. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Couché, adj. en termes de Blason, se dit du cerf, du chien, du lion, & autres animaux.

Caminga, au pays de Frise, d’or au cerf couché de gueules, accompagné de trois peignes. (V)

Couché, s. m. (Brodeur.) point de broderie qui se fait en cousant avec de la soie, l’or, ou l’argent, que l’on devide de dessus la broche à mesure qu’on les employe.

Couché, adj. se dit, chez les ouvriers en soie, d’un arrangement convenable de la trame dans l’ouvrage. Pour que la soie soit bien couchée, il faut qu’elle ne soit point tortillée, lâche, ou inégalement placée entre les fils de chaîne ; précautions nécessaires à la perfection de l’ouvrage.

Couché, (Géog. mod.) petite ville de France dans le Poitou, sur une petite riviere qui se jette dans le Ciain.

COUCHER, v. act. (Gram. Art méch.) c’est étendre ou poser à terre, ou sur une surface, un corps selon la plus grande de ses dimensions, ou peut-être selon celle qui est verticale, quand il est droit. Un corps couché est incliné ou panché le plus qu’il est possible.

Coucher, en Astronomie, est le moment où le

soleil, une étoile ou une planete disparoît, ou se cache sous l’horison. Voyez Couchant & Lever.

Comme la réfraction éleve les astres, & nous les fait paroître plus hauts qu’ils ne sont réellement, le soleil & les étoiles nous paroissent encore sur l’horison, lorsqu’ils sont réellement dessous ; ainsi la réfraction fait que les astres nous paroissent se coucher un peu plûtard qu’ils ne font réellement, & au contraire se lever un peu plûtôt. Voyez Refraction.

Les astronomes & les poëtes distinguent trois sortes de coucher des étoiles, le cosmique, l’achronyque, & l’héliaque. Le premier, quand l’étoile se couche en même tems que le soleil, voyez Cosmique : le second, quand l’étoile se couche en même tems que le soleil se leve, voyez Achronyque : & le troisieme, quand l’étoile se perd dans les rayons du soleil, voyez Héliaque. Pour trouver par le globe le tems auquel le soleil & les étoiles se couchent, voyez Globe. (O)

Coucher (Jurisp.) Ce terme est usité dans les comptes ; on dit coucher une somme ou article en recette, dépense & reprise, ou pour mémoire ; c’est-à-dire l’employer ou comprendre dans le compte. (A)

Coucher la paste, en Boulangerie ; c’est la mettre dans des toiles ou dans des bannes, pour la faire gonfler & revenir : on la laisse dans ces toiles environ une heure, après quoi on l’enfourne.

Coucher d’assiete, en terme de Doreur sur bois ; c’est coucher une couleur rougeâtre sur une piece déjà reparée, pour la préparer à recevoir l’or.

Coucher, en terme d’Evantailliste ; c’est étendre la premiere couleur sur le papier, pour le rendre susceptible de toutes les autres couleurs dont on voudra le peindre.

Coucher, en Jardinage, se dit d’une branche qu’on étend par terre pour faire des marcottes.

Coucher, (Man.) Se coucher sur les voltes ; c’est lorsque le cheval a le cou plié en dehors, & porte la tête & la croupe hors la volte ; comme lorsqu’en maniant à droite, il a le corps plié & courbé comme s’il alloit à gauche. Se coucher sur les voltes est autre chose que volte renversée, & se dit d’un cheval qui en tournant au galop ou aux voltes, panche tout le corps du côté qu’il tourne. Voyez Volte. (V)

Coucher l’Or, (Reliure.) Cela se fait en tenant de la main droite le compas avec lequel on a pris l’or, & de la main gauche le pinceau ou blanc d’œuf, dont on fait d’abord une couche sur la tranche, puis on applique l’or. Voyez Pl. II. fig. A.

On prend aussi l’or destiné à mettre sur le dos des livres, tant sur les nerfs que dans les entre-nerfs, avec une carte écorchée de la largeur de l’entrenerf ; & de même pour les plats où l’on veut mettre des dentelles. Pl. II. fig. D de la Reliure. Voyez Dorure.

Coucher, v. act. (Manufacture en laine.) C’est sur un drap tondu à fin, ranger le poil, soit avec la tuile, soit avec la brosse, soit avec le cardinal. Voyez l’art. Draperie.

COUCHIS, s. m. c’est, en Architecture, la forme de sable d’environ un pié d’épais, qu’on met sur les madriers d’un pont de bois, pour y asseoir le pavé, en latin statumen, & en général toute couche sur laquelle on doit asseoir ou établir une aire ou parement de quelque matiere que ce soit. (P)

COUCHOIR, s. m. (Reliure.) Les Relieurs-Doreurs appellent couchoir, l’instrument dont ils se servent pour appliquer l’or en feuille sur les livres ; il y en a de deux sortes, l’un pour les bords, & l’autre pour les armes.

Celui pour les bords est une regle de bois, mince, polie, & longue d’environ neuf à dix pouces, arrondie sur les longueurs, & s’allongeant par les