a guerre a ; & amour & seigneurie ne veulent point de compagnie. (F)
Consonnance, en Musique, est, selon le sens propre de mot, l’effet de deux ou plusieurs sons entendus à la fois : mais on restraint ordinairement la signification de ce terme aux intervalles formés par deux sons dont l’accord plaît à l’oreille, & c’est en ce sens que nous en parlerons dans cet article.
De cette infinité d’intervalles dont les sons sont susceptibles, il n’y en a qu’un très-petit nombre qui forment des consonnances, tous les autres choquent l’oreille & sont appellés pour cela dissonnances ; ce n’est pas que plusieurs de celles-ci ne soient employées dans l’harmonie, mais c’est toûjours avec des précautions dont les consonnances, étant agréables par elles-mêmes, n’ont pas également besoin.
Les Grecs n’admettoient que cinq consonnances ; savoir, la quarte, l’onzieme qui est sa réplique, la quinte, la réplique de la quinte, & l’octave. Nous y ajoûtons les tierces & les sixtes majeures & mineures, les octaves doubles & triples, & en un mot les diverses répliques de tout cela, sans exception, selon toute l’étendue du système.
On distingue les consonnances en parfaites ou justes, dont l’intervalle ne varie point ; & en imparfaites, qui peuvent être majeures ou mineures. Les consonnances parfaites sont la quarte, la quinte, & l’octave. Les imparfaites sont les tierces & les sixtes.
Le caractere physique des consonnances se tire de leur production par un même son, ou si l’on veut, du frémissement des cordes. De deux cordes bien d’accord, formant entr’elles un intervalle d’octave ou de douzieme, qui est l’octave de la quinte, ou de dix-septieme majeure, qui est la double octave de la tierce majeure, si l’on fait sonner la plus grave, l’autre frémit & rend du son. A l’égard de la sixte majeure & mineure, de la tierce mineure, de la tierce majeure simple, & de la quarte, qui toutes sont des combinaisons ou des renversemens des précédentes consonnances, elles se trouvent entre les diverses cordes qui frémissent au même son.
Si je touche la corde ut, les cordes montées à son octave ut, à la quinte sol de cette même octave, à la tierce majeure mi de la double octave, & même aux octaves de tout cela, frémiront toutes en même tems. Voilà donc l’octave, la tierce majeure, & la quinte directes. Les autres consonnances se trouveront aussi ; savoir, la tierce mineure du mi au sol, la sixte mineure du même mi à l’ut qui est plus haut, la quarte du sol à ce même ut, & la sixte majeure du même sol au mi, qui est au-dessus de lui.
Telle est la génération de toutes les consonnances : il s’agiroit maintenant de rendre raison des phénomenes.
Premierement, le frémissement des cordes s’explique par l’action de l’air & le concours des vibrations. Voyez Unisson. 2°. Que le son d’une seule corde soit toûjours accompagné de ses harmoniques (voyez ce mot), cela paroît une propriété du son qui en est inséparable, & qu’on ne sauroit expliquer qu’avec des hypotheses qui ont leurs difficultés. 3°. A l’égard du plaisir que les consonnances font à l’oreille à l’exclusion de tout autre intervalle, on en voit clairement la source dans leur génération. Les consonnances naissent toutes de l’accord parfait produit par un son unique ; & réciproquement l’accord parfait se forme de l’assemblage des consonnances. Il est donc naturel que l’harmonie de cet accord se communique à ses parties, que chacune d’elles y participe, & que tout autre intervalle qui ne fait pas partie de cet accord n’y participe pas. Or la Nature qui a mis dans les objets de chaque sens, des qualités propres à le flatter, a voulu qu’un son quelconque fût toûjours accompagné d’autres sons
agréables, comme elle a voulu qu’un rayon de lumiere fût toûjours formé de l’assemblage des plus belles couleurs. Que si l’on presse la question, & qu’on demande encore d’où naît ce plaisir que cause l’accord parfait à l’oreille, tandis qu’elle est choquée du concours de tout autre son ; que pourroit-on répondre à cela, si ce n’est de demander à son tour pourquoi le verd plutôt que le gris me réjoüit la vûe, ou pourquoi le parfum du jasmin m’enchante, tandis que l’odeur du pavot me fait peine.
Ce n’est pas que les Physiciens n’ayent expliqué tout cela ; & que n’expliquent-ils point ? mais que toutes ces explications sont conjecturales, & qu’on leur trouve peu de solidité quand on les examine de près ! Je ne m’attache ici qu’au sentiment le plus général pour en rendre compte au lecteur.
Ils disent donc que la sensation du son étant produite par les vibrations du corps sonore, propagées jusqu’au tympan par celles que l’air reçoit de ce même corps, lorsque deux sons se sont entendre ensemble, l’organe de l’oüie est affecté à la fois de leurs diverses vibrations. Si ces vibrations sont de même durée, qu’elles s’accordent à commencer & finir ensemble, ce concours forme l’unisson, & l’oreille, qui saisit l’accord de ses retours égaux & bien concordans, en est affectée très-agréablement. Si les vibrations de l’un des sons sont doubles en durée de celle de l’autre, durant chaque vibration du plus grave l’aigu en fera justement deux, & à la troisieme ils partiront ensemble ; ainsi, de deux en deux, chaque vibration impaire de l’aigu concourra avec chacune des vibrations du grave, & cette fréquente concordance qui constitue l’octave, selon eux moins douce à l’oreille que l’unisson, le sera plus qu’aucune autre consonnance. Après vient la quinte, dont l’un des sons fait deux vibrations tandis que l’autre en fait trois, de sorte qu’ils ne s’accordent qu’à chaque troisieme vibration de l’aigu ; ensuite la double octave, dont l’un des sons fait quatre vibrations pendant que l’autre n’en fait qu’une, s’accordant seulement à chaque quatrieme vibration de l’aigu : pour la quarte, les vibrations se répondent de quatre en quatre de l’aigu & de trois en trois du grave. Celles de la tierce majeure sont comme 4 & 5, de la sixte majeure comme 3 & 5, de la tierce mineure comme 5 & 6 ; & de la sixte mineure comme 5 & 8. Au-delà de ces nombres il n’y a plus que leurs multiples qui produisent des consonnances, c’est-à-dire des octaves de celles-ci, tout le reste est dissonant.
D’autres trouvant l’octave plus agréable que l’unisson, & la quinte plus agréable que l’octave, en donnent pour raison, que les retours égaux des vibrations dans l’unisson, & leur concours trop fréquent dans l’octave, confondent, identifient les sons au point d’empêcher que l’oreille n’en apperçoive la diversité : pour qu’elle puisse avec plaisir comparer les sons, il faut bien, disent-ils, que les vibrations s’accordent par intervalles, mais non pas qu’elles se confondent absolument, autrement au lieu de deux sons on croiroit n’en entendre qu’un. C’est ainsi que du même principe on tire à son gré le pour & le contre, selon qu’on juge que les expériences l’exigent. Qu’il me soit permis de faire quelques observations sur celui dont il s’agit ici.
Premierement, toute cette explication n’est fondée, comme on voit, que sur le plaisir qu’on prétend que l’ame reçoit par l’organe de l’oüie du concours des vibrations, ce qui dans le fond n’est déjà qu’une pure supposition : de plus, il faut encore supposer, pour l’établissement de ce système, que la premiere vibration de chacun des deux corps sonores commence exactement avec celle de l’autre, car si l’une précédoit un peu, elles ne concourroient plus selon le rapport déterminé ou peut être ne concour-