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Les topiques sont de très-bons moyens pour diminuer la douleur, la rougeur, la chaleur, la demangeaison, les déformations, & les exulcérations de la peau. On les employera suivant qu’il s’agira de dessécher, de resserrer, de déterger, de consolider : mais personne n’ignore que leur emploi demande une extrème circonspection. Ils doivent toûjours être appliqués les derniers, & toûjours conjointement avec les remedes internes ; l’expérience a mille fois appris que leur usage inconsidéré étoit suivi des symptomes les plus fâcheux, qui mettent la vie du malade en danger, & même quelquefois la détruisent. Les bains tant naturels qu’artificiels entrent dans la classe des remedes extérieurs ; ils sont sur-tout salutaires dans les affections cutanées qui naissent d’humeurs séreuses & lymphatiques, vitiées par leur acreté ou leur épaississement ; telles que la gale seche, les dartres, les herpes, & sur-tout dans les demangeaisons incommodes qui surviennent aux vieillards.

Mais comme les causes de la maladie de la peau varient extrèmement, il est évident que la cure doit varier de même, tant pour les remedes externes, que pour les remedes internes. En effet ces maladies pouvant provenir d’une vie sédentaire, d’intempérance, d’humeurs surabondantes, acides, alkalines, salées, bilieuses, de la suppression de quelque évacuation critique du sang, de celle de l’insensible transpiration, de l’obstruction des conduits de la peau, de son tissu particulier, de l’âge, de virus scorbutique ou vénérien, &c. il en résulte une grande diversité dans la méthode curative, qu’il faut mettre en usage suivant les causes du mal ; & c’est d’après des principes d’une savante théorie qui pourroit nous conduire dans cette application, que l’on desire encore en Medecine un bon ouvrage sur cette matiere. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CUTICULE ou EPIDERME, s. f. (Anat.) c’est une membrane mince, transparente, qui n’a point de sentiment, & qui sert à recouvrir la peau. Voyez Peau.

La cuticule est cette premiere enveloppe extérieure du corps, appellée aussi épiderme, mais plus communément sur-peau ; ou bien c’est ce tégument mou qui s’éleve en ampoule après une brûlure ou l’application d’un cautere. Elle est étroitement unie à la surface de la peau ou à la vraie peau, à laquelle elle est aussi attachée par le moyen de vaisseaux qui la nourrissent, quoique l’on ne puisse discerner ces vaisseaux à cause de leur énorme petitesse.

Quand on l’examine avec un microscope, il paroît qu’elle est composée de différentes couches d’écailles excessivement petites qui se couvrent l’une l’autre, plus ou moins, suivant leurs différentes épaisseurs dans les différentes parties du corps ; & aux levres où les écailles paroissent mieux, parce que la peau y est plus mince, elles ne font guere que se toucher.

Les écailles sont les canaux excrètoires des glandes de la peau, comme il paroît évidemment dans les poissons ; ou bien les glandes ont leurs tubes ou conduits qui s’ouvrent entre les écailles. Voy. Glande miliaire.

Leuwenoeck compte que dans une écaille cuticulaire il peut y avoir cinq cents canaux excrétoires, & qu’un grain de sable est en état de couvrir deux cents cinquante écailles ; de sorte qu’un grain de sable pourra couvrir 125000 pores ou orifices par lesquels se fait notre transpiration journaliere. Voyez Transpiration & Pore.

Néanmoins malgré l’excessive porosité de la cuticule ou de l’épiderme, elle bouche le passage à une grande partie des humeurs séreuses qui s’évacueroient autrement par les glandes de la peau ; comme

il paroît évidemment par la décharge copieuse qui s’en fait lorsque l’on a appliqué les vésicatoires, & qu’il est arrivé quelqu’autre accident qui a emporté la cuticule & laissé la peau à découvert. Voyez Vésicatoire.

Les écailles sont souvent collées ensemble par les parties les plus grossieres de notre transpiration insensible, où elles s’y endurcissent par la chaleur du corps qui emporte les particules les plus volatiles ; & c’est en quoi consiste, à ce que l’on croit, cette indisposition que l’on appelle vulgairement un rhûme.

L’humeur séparée par les glandes de la peau étant enfermée entre les écailles, cause de fréquentes demangeaisons ; & quand la matiere y a long-tems séjourné, elle y produit de petites pustules & d’autres impuretés : c’est pour nous en délivrer que nous sommes portés naturellement à nous froter souvent, nous laver & nous baigner, tous remedes qui sont fort salutaires. Voyez Lepre.

Quelques-uns pensent que la cuticule est formée des parties les plus grossieres de l’humeur séreuse excrémentitielle, chassées par les pores de la peau, & condensées sur sa surface semblable à la pellicule qui paroît dans une évaporation sur la surface de la partie séreuse du sang. Mais Leuwenoeck pense, avec plus de probabilité, qu’elle vient d’une expansion des canaux excrétoires des glandes de la peau.

Elle sert à défendre les nerfs de la peau, qui sont l’origine du sentiment du toucher, ou à les garantir des injures des corps rudes & trop durs, aussi-bien que des impressions de l’air : car les nerfs étant découverts, il en naîtroit un sentiment trop délicat & trop douloureux, ou bien l’air les sécheroit de maniere qu’ils en seroient moins susceptibles des impressions délicates du plaisir. Voyez Toucher.

Riolan & plusieurs autres soûtiennent que la cuticule des femmes n’a point de pores. Molinette soûtient que leur sueur démontre le contraire ; mais il convient avec eux que cela est vrai des chiens & des chats, qui ne suent jamais quelque fatigués qu’ils soient. Voyez Sueur. Chambers. (L)

Cuticule, (Jardinage.) est la premiere peau ou enveloppe du corps de la graine mise en terre, & dépouillée des quatre premieres enveloppes qui n’ont servi qu’à fournir de nourriture à la graine lorsqu’elle germoit, & qui sont péries depuis.

La cuticule renferme les lobes & s’étend sur toute la graine. (K)

CUTTEMBERG, (Géog. mod.) petite ville de Boheme dans le cercle de Czaslau. Il y a des mines d’argent dans son voisinage.

CUVE, sub. f. (Tonnel.) grand vaisseau de bois propre à contenir des liqueurs. Les cuves sont faites de douves de bois de chêne ou de sapin, reliées avec de grands cerceaux de bois ou des cercles de fer, & garnies d’un fond seulement. On se sert des cuves pour mettre la vendange & y fouler le raisin. Les Brasseurs de bierre mettent fermenter leur grain dans des cuves avant que de les cuire dans les chaudieres. Les Teinturiers se servent aussi de cuves pour teindre les étoffes. Ce sont les Tonneliers qui fabriquent les cuves. Voyez les articles suivans.

Cuve, en terme de Blanchisserie de cire, est un grand vaisseau de bois en forme de tonneau, dans lequel la cire fondue tombe & se repose. Voyez Reposer. Elle est garnie sur le devant d’un gros robinet qui donne issue à la cire dans la grêloire. Voyez Grêloire, & K K, Pl. de la Blanchisserie des cires, fig. 1. Ces cuves qui sont cerclées de fer ont trois crochets de fer à la circonférence supérieure, qui servent à accrocher des anneaux qui terminent des cordages au moyen desquels & du treuil on ôte & on met la cuve sur son support.