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ses advers. anatom. d’introduire une éponge bien imbue d’huile au bout d’une baguette de baleine, pour ébranler le corps étranger fixé dans l’œsophage ? N’auroit-on pas eu à craindre d’augmenter l’irritation sans la détacher, puisque les efforts du vomissement n’avoient pû le faire ? Il est cependant bien d’autres cas dans lesquels on peut employer utilement ce moyen méchanique de déboucher l’œsophage On en trouve aussi de très-intéressantes sur le même sujet, dans le sepulchretum de Bonnet.

On ne peut pas finir cet article, sans résoudre les principales questions que l’on fait ordinairement sur la singularité apparente des symptomes suivans, qui accompagnent souvent les vices de la déglutition.

Par quelle raison avale-t-on dans certains cas les solides avec plus de facilité que les fluides ? Il paroît que l’on peut répondre avec fondement, que cet effet provient de ce que le pharynx étant resserré par inflammation ou par paralysie de ses muscles, qui ne peuvent pas le dilater, les puissances supérieures qui poussent le bol alimentaire, comme un coin, ont plus de prise sur ce bol que sur les liquides, & le font pénétrer jusqu’à l’œsophage, qui a ensuite la force nécessaire pour le conduire dans l’estomac. Riolan a remarqué que cette difficulté d’avaler les fluides, plus grande que pour les solides, a lieu quelquefois, lorsqu’il y a des tumeurs qui pressent l’œsophage ; car alors les alimens qui ont de la consistance, peuvent vaincre un obstacle que la boisson ne peut surmonter, parce qu’elle élude l’action des puissances qui la poussent. Mais pourquoi arrive-t-il au contraire que dans d’autres cas de déglutition lésée, on ne peut avaler que des fluides ? C’est parce que les organes qui, dans le cas précédent, servent à introduire les alimens dans le pharynx, se trouvent enflammés dans celui-ci, & ne peuvent pas agir sans des douleurs extrèmes ; tandis que les fluides peuvent passer par un canal plus étroit, & être avalés sans d’aussi grands efforts que les solides, pourvû que l’œsophage ne soit pas enflammé. On peut voir sur ces problemes & plusieurs autres de cette nature, & sur la maniere d’y répondre, Bohnius, Progymn. jx. œconom. corp. animal. (d)

DÉGORGEMENT, s. m. Voyez l’article Dégorger.

DEGORGEOIR, s. m. est dans l’Artillerie un petit fer ou fil d’archal qui sert à sonder la lumiere du canon, & à la nettoyer pour y mettre l’amorce.

On fait les dégorgeoirs de bon fer doux, ou de gros fil d’archal, de crainte qu’ils ne rompent dans la lumiere.

On les fait en tariere à vis ou en triangle du côté de la pointe. Leur longueur est depuis 12 jusqu’à 20 pouces, y compris la boucle qui doit être à la tête. Leur grosseur pour les lumieres neuves doit avoir environ 2 lignes. Ils doivent être un peu plus gros pour les lumieres évasées. Voyez Planche VI. de l’Art militaire, fig. 6. la figure du dégorgeoir. (Q)

* Degorgeoir, (Serrurerie.) espece de ciseau à chaud dont le forgeron se sert, ou pour enlever des pieces qu’il forge des parties qu’il ne peut détacher avec le marteau, ou pour leur donner des formes qu’elles ne peuvent recevoir que d’un instrument tranchant. Il y a des dégorgeoirs de différentes especes & grandeurs. Ils se rougissent & se détrempent presqu’à chaque fois qu’on s’en sert ; mais ils sont autant de fois retrempés, l’ouvrier ayant l’attention de les plonger dans l’eau immédiatement après s’en être servi.

DEGORGER, terme de Corroyeur, qui a la même signification que drayer, excepté qu’il ne se dit que des cuirs de têtes de veaux. On dégorge les cuirs sur le chevalet avec la drayoire ou couteau à revers. Voyez Corroyeur.

Degorger les cuirs, terme de Tanneur, qui signifie les faire tremper dans la riviere, pour en ôter le sang & autres immondices, & les disposer à être tannés.

Degorger, v. act. (Hydraul.) se dit d’un tuyau que l’on vuide pour le nettoyer. Il faut souvent faire joüer long-tems un jet, une cascade, pour faire sortir les ordures & l’eau sale amassée ou rougie dans les tuyaux. Voyez Jet d’eau, &c. (K)

Degorger, (Manuf. en soie & laine, & Teinture.) il se dit de toute étoffe de laine qu’on fait fouler à l’eau claire, pour la dégager de la terre, du savon, de l’urine, & de toutes les autres impuretés qui lui restent du dégraissage.

On dégorge la soie, en la battant dans de l’eau claire, pour la débarrasser du savon & de l’alun qu’elle contient.

On donne le même nom dans la Teinture, à la foule, aux pieces des étoffes nouvellement teintes, ou à leur simple lavage dans la riviere, pour les décharger de ce qu’elles ont de teinture superflue.

On dégorge les soies & les laines décrusées, en les battant & lavant dans de l’eau claire, pour en ôter le superflu qui y reste du décreusement. V. Decruser.

Degorger, (Pêche.) il se dit du poisson. Le faire dégorger, c’est le tenir dans l’eau claire & courante, pour ôter à sa chair un goût de bourbe qu’elle a contracté dans les lieux sales & marécageux. On a pour cela des boutiques sur les rivieres. Les poissons de mer qui remontent les rivieres, dégorgent en remontant.

DEGOUT, s. m. se dit, en Medecine, des alimens que l’on a de la répugnance à prendre, du défaut d’appétit : c’est l’inappétence, affection opposée à la faim (maladie), que les Grecs appellent ἀνορεξία, ἀσιτία, ἀποσιτία. On peut cependant distinguer ces deux derniers noms l’un de l’autre, parce que ἄσιτοι sont proprement ceux qui ne mangent pas, simplement parce qu’ils manquent d’appétit ; ἀπόσιτοι sont ceux qui ont de l’horreur pour les alimens lorsqu’on leur en présente ; l’appétit diminué, δυσορεξία, doit aussi être rapporté au dégoût, attendu que c’est la disposition à celui-ci, son commencement, son premier degré. Nic. Pison.

Car l’appétit peut être vicié de quatre manieres, ou par sa diminution, ou par son abolition, ou par son augmentation demesurée, ou par sa dépravation. Les deux derniers vices n’appartiennent pas à cet article ; nous allons examiner les deux premiers.

Le goût pour les alimens peut être diminué, 1°. parce qu’il ne se sépare pas dans l’estomac une suffisante quantité de suc digestif ; à cause du défaut de sang, comme après une hémorrhagie ; à cause de toute autre évacuation trop abondante, comme le ptyatysme ou la salivation, le diabete, la trop grande sueur, qui épuisent les humeurs ; à cause des obstructions, des compressions de l’organe destiné à la sécrétion du suc gastrique. 2°. Parce que la salive qui se sépare dans l’estomac est viciée, & manque des propriétés nécessaires pour exciter l’appétit, par la trop grande quantité de sérosités dans laquelle elle est noyée, qui délaye trop les parties salines propres à produire une douce irritation sur les fibres de l’estomac, par l’épaississement de cette lymphe digestive qui émousse ces mêmes parties salines. 3°. Parce que le ferment de l’estomac est corrompu par une boisson trop abondante qui se mêle avec lui, & lui ôte toute son activité, comme l’éprouvent les buveurs ;