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aux parties, le procureur le plus diligent peut en donner copie à l’autre, & trois jours après poursuivre l’audience ; ou si l’affaire est appointée, il peut produire le procès-verbal. Voyez l’ordonn. de 1667, tit. xxj. la conférence de Bornier sur ce titre ; le style civil de Gauret. (A)

Descente du fossé, c’est dans la guerre des siéges, l’ouverture que l’assiégeant fait à la contrescarpe ou au chemin couvert, pour parvenir dans le fossé.

Il y a deux sortes de descentes de fossé, la premiere soûterraine, & la seconde à ciel ouvert.

La premiere se pratique ordinairement dans les fossés secs, & la seconde dans ceux qui sont pleins d’eau.

La descente soûterraine est une galerie dont on commence l’ouverture vers le milieu du glacis, & qu’on conduit sous le chemin couvert jusqu’à la contrescarpe, qu’on perce ensuite pour entrer dans le fossé. On dirige cette galerie de maniere que le débouchement dans le fossé soit à-peu-près vis-à-vis la breche de l’ouvrage qu’on attaque. On fait ordinairement deux ou trois descentes pour le passage du fossé, & assez proches les uns des autres pour que ce passage se fasse avec plus de sûreté & de commodité.

Comme la galerie soûterraine doit former une pente ou un talud qui se termine à-peu-près vers le fond du fossé sec, voici un moyen fort simple pour y parvenir.

Il faut d’abord savoir quelle est la profondeur du fossé. On peut la connoître en laissant tomber d’abord du chemin-couvert au fond du fossé, une pierre ou un plomb attaché à un cordeau. Il faut savoir aussi quelle est la distance de l’ouverture de la galerie au bord du chemin-couvert, & cette distance peut être mesurée fort facilement.

Supposons que la profondeur du fossé soit de trente piés, & que la distance de l’ouverture de la galerie au bord de la contrescarpe, soit de quatre-vingt-dix piés, on verra que lorsqu’on s’avance de six piés il faut s’enfoncer de deux, c’est-à-dire qu’il doit y avoir le même rapport entre le chemin qu’on fait pour s’approcher du fossé, & la profondeur dont on s’enfonce, qu’entre la distance de l’ouverture de la galerie au bord du fossé, & la profondeur de ce fossé : ainsi si la distance de l’ouverture de cette galerie à la contrescarpe est quatre fois plus grande que la profondeur du fossé, lorsqu’on avancera horisontalement de quatre piés vers la contrescarpe, on s’enfoncera d’un pié vers le fond du fossé.

La descente soûterraine doit toûjours se pratiquer, lorsque le fossé est sec & fort profond.

La descente du fossé à ciel ouvert s’exécute ordinairement lorsque le fossé est plein d’eau, ou qu’il n’a que douze ou quinze piés de profondeur ; elle consiste dans un passage qu’on forme au-travers du parapet du chemin-couvert, & qui va en talud jusqu’au bord de l’eau ou jusqu’au fond du fossé. On prolonge ce chemin en arriere autant qu’il est nécessaire, pour l’adoucir en avant & le rendre moins roide. Cette descente se conduit à sappe découverte sur tout le travers du chemin-couvert, se prolongeant le long des traverses jusque sur le bord du fossé. Lorsqu’on l’a joint, on travaille à l’approfondissement de la descente autant qu’il est nécessaire, réglant, si l’on veut, le fond en marche d’escalier soûtenu par des planches avec des piquets. On blinde exactement les deux côtés de la descente, pour en soûtenir les terres, & on lui fait un bon épaulement du côté qu’elle est vûe de la place : on la couvre de fascines & de terre, pour se mettre à l’abri des pierres & des grenades que l’ennemi peut jetter dessus, & des plongées du parapet. Quand la descente est parvenue à la contrescarpe, on fait une ou-

verture pour pénétrer ou déboucher dans le fossé.

L’ennemi fait souvent bien des chicanes pour empêcher le débouchement dans le fossé : les principales consistent en de petites sorties qu’il fait pour ruiner la galerie & s’opposer à l’entrée du fossé, mais il faut qu’il succombe sous le nombre ; & lorsque le débouchement est une fois fait, le passage du fossé n’est plus qu’une affaire de peu de jours, suivant la nature du fossé, la valeur de la garnison, & l’intelligence du gouverneur. Voyez Passage du fossé.

La descente du fossé à ciel ouvert se faisoit autrefois par une espece de galerie couverte par les côtés & par le dessus, de madriers à l’épreuve du mousquet, & sur le tout par des peaux de bœufs fraichement tués. Outre cela, le côté opposé au flanc se faisoit à l’épreuve du canon ; ce qui se continuant sur tout le passage du fossé, employoit bien du tems & de la dépense, & ne laissoit pas souvent d’être interrompu, parce que rarement le feu du canon de la place, qui pouvoit avoir vûe dessus, étoit bien éteint, ainsi que la mousqueterie ; mais depuis que l’on a sû se rendre maître de ce feu par les ricochets & quantité d’artillerie, on y fait moins de façon. Attaque des places de Vauban. (Q)

Descente, (Com.) on nomme ainsi à Bordeaux les droits d’entrée qui se payent pour les vins du haut-pays, c’est-à-dire les vins qu’on recueille au-dessus de Saint-Macaire, qui est sept lieues au-dessus de Bordeaux, lesquels descendent en cette derniere ville par les rivieres de Garonne & de Dordogne. (G)

Descente, (Com.) on appelle encore à Bordeaux barques de descente, les barques chargées de marchandises qui descendent la Gironde. (G)

Descente, (Comm.) se dit encore, en termes de Gabelles. du transport des sels dans les greniers. Les officiers des greniers doivent faire des procès-verbaux des descentes, mesurages & emplacemens des sels dans les greniers dont ils sont officiers. Dictionn. de Comm. & de Trév. (G)

Descente, terme de Chirurgie, est la même chose que hernie (voy. Hernie). Les bandages qui servent à contenir les descentes, se nomment brayers. Voyez Brayer. (Y)

Descente, (coupe des pierres.) on appelle ainsi toutes les voûtes inclinées à l’horison. (D)

Descente, (Hydrauliq.) est un tuyau de plomb qui descend les eaux d’un chesneau qui les reçoit d’un bâtiment. C’est aussi un tuyau qui descend les eaux d’un reservoir. (K)

Descente, (Venerie.) c’est lorsque l’oiseau fond sur le gibier avec impétuosité, pour l’assommer : on dit alors qu’il fond en rond. Quelquefois la descente de l’oiseau se fait doucement lorsqu’il se laisse aller en-bas : alors on dit simplement, l’oiseau fond, ou file.

DESCHARGE ou DÉCHARGE, s. f. (Jurispr.) est un acte par lequel quelqu’un est tenu quitte d’un engagement.

Ainsi une quittance d’une somme d’argent qui étoit dûe, est une décharge ; mais on se sert à cet égard plus volontiers du terme de quittance, & l’on employe le terme de décharge pour d’autres engagemens qui ne consistent pas à payer une somme due. Par exemple, celui qui remet de l’argent qu’il avoit en dépôt, en tire, non pas une quittance, mais une décharge, c’est-à-dire une reconnoissance qu’il a remis l’argent. On peut aussi obtenir sa décharge des pieces & papiers que l’on a remis, ou d’une garantie, ou autre demande & prétention, soit que l’on y ait satisfait, ou que celui qui avoit cette prétention s’en soit départi, ou qu’il en ait été débouté.

Une décharge peut être donnée sous seing privé, ou devant notaire ; on peut aussi, au refus de celui