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nent une autre signification, ils prétendent qu’il n’a été employé & imaginé que pour définir des sortes de contre-tems communément appellés sauts de mouton. Ce qu’il y a de plus certain, c’est que s’il a exprimé quelque chose autrefois, il a tellement vieilli qu’il ne nous est, pour ainsi dire, plus connu. (e)

ESTRAPASSER un cheval, (Manége.) c’est en outrer l’exercice sans considération de ce qu’il ne peut, ou de ce qu’il ne sait, relativement à ce qu’on lui demande. Cette expression quelqu’ancienne qu’elle soit n’a point vieilli, & vraissemblablement la brutalité, l’ignorance, & la témérité, d’un commun accord en perpétueront l’usage. (c)

* ESTRAPOIRES, s. f. (Agriculture.) ce sont de longues serpes en forme de croissant, attachées à l’extrémité d’un long bâton, dont on se sert pour couper le chaume à ras de terre. Cette manœuvre s’appelle estraper.

ESTRAPONTIN ou HAMAC, (Marine.) c’est une espece de lit fait d’un tissu de coton ou avec de la toile, & suspendu avec des cordes entre les ponts, sur lesquels on couche dans les vaisseaux. V. Branle & Hamac.

* ESTRAQUELLE, sub. f. (Verrerie.) c’est ainsi qu’on nomme la pelle à enfourner. Elle a sept piés & demi de long. Les Tiseurs s’en servent à tirer la matiere cuite des anses à cendriere & la porter aux monceaux, d’où on la verse dans les pots. Il faut cinq estraquelles. Les plis de l’estraquelle auront neuf pouces de largeur, un peu plus de longueur, & quatre pouces de profondeur. L’estraquelle est de fer ou de tole.

ESTRASSE, s. f. (Comm.) bourre de soie, qu’on appelle aussi cardasse.

ESTREAFLÉ, adj. (Venerie.) se dit d’un chien qui a un os de la hanche hors de son lieu.

ESTREJURES, (Jurisp.) sont des choses abandonnées (voyez Lindanum de Teneremonda, p. 218.) Il en est aussi parlé dans les coûtumes particulieres du bailliage de S. Omer, art. 7. Voyez le glossaire de Lauriere, au mot estrejures, & ci-devant le mot Estrayers, qui a quelque rapport à celui-ci. (A)

ESTRELAGE, s. m. (Comm.) droit qui se leve sur le sel par quelques seigneurs, lorsque les voitures des fermiers passent sur leurs terres. La pancarte du droit d’estrelage doit être placée en un lieu éminent, près de l’endroit où on doit le lever. Ce droit se levoit autrefois en nature, mais par l’ordonnance de 1687, pour l’adjudication des gabelles, l’estrelage a été apprécié en argent, aussi-bien que tous les autres péages auxquels les sels des gabelles sont sujets sur les terres des seigneurs. Dictionn. de Comm. de Trév. & Chambers. (G)

ESTREMOS ou EXTREMOS, (Géog. mod.) ville de l’Alentéjo ; en Portugal : elle est située sur la Tera. Long. 10. 46. lat. 38. 44.

ESTRIBORD ou STRIBORD, (Marine.) c’est le côté droit du vaisseau, eu égard à celui qui est assis à la poupe. On dit ordinairement stribord. Voy. Stribord.

ESTRIQUER, v. act. en terme de Rafineur de sucre, c’est boucher les fentes & les crevasses que la terre fait tout-autour des bords de la forme en se séchant. Cela se fait en y mettant de la nouvelle terre, que l’on unit au niveau de l’autre avec un estriqueur. Voyez Estriqueur. Cette opération précede le rafraichi (voyez Rafraichi), parce que l’eau qu’on met alors sur la terre pourroit couler par ces crevasses, & faire des coulisses au pain. Voyez Coulisse.

ESTRIQUEUR, subst. m. en terme de Rafinerie de sucre, est un morceau de cercle de bois plié en crochet, dont on se sert pour fermer la terre autour de la forme avant de rafraîchir. Voyez Rafraichir.

* ESTRIVIERES, s. f. (Manuf. en soie.) bouts de cordes attachés aux arbalestes des lisserons, quand il n’y a point de faux lisserons. Celles qui servent à faire lever la chaine, tiennent aux calquerons ou carquerons ; & celles qui servent à faire baisser les lisses, tiennent aux arbalestes & aux faux lisserons.

ESTROP, ESTROPE. (Marine.) Voyez Etrope.

* ESTROPIÉ, s. m. Il se dit, au simple, d’un animal qui a quelques-uns de ses membres défigurés, soit naturellement, soit par accident : on l’a transporté au figuré, à une multitude infinie d’objets différens.

Estropié, adj. (Dessein & Peinture.) se dit d’une figure d’un membre dessiné sans justesse & sans proportion. Ainsi une figure est estropiée, lorsque quelques-unes de ses parties sont trop grosses ou trop petites par rapport aux autres. On dit : ce peintre colorie bien, mais ses figures sont estropiées. (R)

ESTROPIER, (Jardinage.) Il est quelquefois à craindre qu’en arrachant des arbres dans des pepinieres, vous n’estropiez les racines des arbres voisins, c’est-à-dire que vous ne les coupiez, les écorchiez & ne les rompiez.

On peut encore estropier un arbre en le taillant mal, & lui ôtant les branches nécessaires à sa beauté & à la production des fruits. (R)

ESTUQUE, (Géog. mod.) province du Biledulgerid, en Afrique.

ESTURGEON, s. m. (Hist. nat. Ichtholog.) accipenser, poisson cartilagineux, qui a le corps long, & cinq rangs d’écailles osseuses, qui s’étendent d’un bout à l’autre, & qui forment les bords de cinq faces longitudinales. Le ventre est plat, les écailles sont terminées par une petite pointe ferme & recourbée. Le bec est long, large, mince, & prolongé au delà de la bouche : il y a sous le bec quatre barbillons. La bouche est petite & dépourvûe de dents ; la queue ressemble à celle des chiens de mer ; le dessus du corps est d’un bleu noirâtre, & le dessous de couleur argentée. Ce poisson entre dans les grandes rivieres, & il y devient aussi grand qu’un poisson cétacée. On en a vû qui avoient plus de 16 piés de longueur, & qui pesoient jusqu’à deux cents soixante livres, mais dans la mer il ne passe guere un pié & demi. L’esturgeon est excellent à manger. Raii, synop. method. pisc. Rondelet, hist. des poissons. Voyez Poisson. (I)

* Esturgeon, (Pêche.) La pêche de l’esturgeon avec les tramaux dérivans commence en Février & dure jusqu’en Juillet & Août, & même plus tard, suivant la saison. Les Pêcheurs qui font cette pêche dans la riviere, amarrent par un cordage de quelques brasses les bouts de leur tressure, qui a quelquefois plus de 100 brasses de long, à un pieu qui est planté à la rive, ou attaché à quelque arbre de bord. Le rets, suivant la profondeur des eaux, a 2, 3 à 4 brasses de chûte, & pour lors le tramail reste sédentaire sans dérive, & arrête au passage les créacs, c’est-à-dire les esturgeons qui montent ou qui descendent.

On fait encore cette même pêche à la seine, qui est traînée par deux petites filadieres montées chacune de trois à quatre hommes. Cette seine a une espece de sac ou chausse dans le milieu. Les Pêcheurs manœuvrent toûjours de maniere que la marée soit portée dans la chausse, laquelle est soûlevée par le flot. Quand ils s’apperçoivent qu’il y a quelques esturgeons de pris, ils les retirent & les amarrent par des bouts de ligne qui passent au-travers des oüies & de la gueule du poisson : ils conservent ainsi les esturgeons vivans jusqu’à ce qu’ils en ayent assez pour faire un voyage à Bordeaux, où ils les portent tous ; & même un seul pêcheur amasse quelquefois les esturgeons des autres & les porte à la vente, pendant que les autres continuent leur pêche.