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que cet auteur s’en moque, & qu’il ajoûte qu’on ne trouvera rien de semblable dans ses ouvrages.

Lors de la naissance de notre poésie, on ne manqua pas de saisir ces sortes de puérilités, & on les regarda comme des efforts de génie. L’on trouve même plusieurs échos dans le poeme moderne de la sainte-Baume du carme provençal : ce qui m’étonne, c’est que de pareilles inepties ayent plû à des gens de lettres d’un ordre au-dessus du commun. M. l’abbé Banier cite comme une piece d’une naïveté charmante, le dialogue composé par Joachim du Bellay, entre un amant qui interroge l’écho, & les réponses de cette nymphe : voici les meilleurs traits de ce dialogue ; je ne transcrirai point ceux qui sont au-dessous.

Qui est l’auteur de ces maux avenus ?
Venus.
Qu’étois-je avant d’entrer en ce passage ?
Sage.
Qu’est-ce qu’aimer, & se plaindre souvent ?
Vent.
Dis-moi quelle-est celle pour qui j’endure ?
Dure.
Sent-elle bien la douleur qui me point ?
Point.

Mais si ces sortes de jeux de mots faisoient sous les regnes de François I. & d’Henri II. les délices de la cour, & le mérite des ouvrages d’esprit des successeurs de Ronsard, ils ne peuvent se soûtenir contre le bon goût d’un siecle éclairé. On sait la maniere dont Alexandre récompensa ce cocher, qui avoit appris, après bien des soins & des peines, à tourner un char sur la tranche d’un écu, il le lui donna. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Echo, en Musique, est le nom de ces sortes de pieces ou d’airs, dans lesquelles, à l’imitation de l’écho, on repete de tems en tems, & fort doux, un petit nombre de notes. C’est sur l’orgue qu’on employe plus communément cette maniere de joüer, à cause de la facilité qu’on a de faire les échos sur le second clavier.

L’abbé Brossard dit qu’on se sert aussi quelquefois du mot écho, en la place de doux ou de piano, pour marquer qu’il faut adoucir la voix ou le son de l’instrument comme pour faire un écho. Cet usage ne subsiste plus aujourd’hui. (S)

Il y a dans Proserpine un chœur en écho, qui a dû faire beaucoup d’effet dans la nouveauté de cet opéra. Tout le monde se souvient encore de l’air de l’écho, dans l’intermede italien du maître de musique. Cet air, qui a eu parmi nous un succès prodigieux, est pourtant d’un chant très-commun, quoiqu’assez agréable, & il est à tous égards très-inférieur à un grand nombre d’autres morceaux italiens de la premiere force, que les mêmes spectateurs ont reçu beaucoup plus froidement, ou même ont écouté sans plaisir. Mais cet air de l’écho avoit un grand mérite pour bien des oreilles ; il étoit assez facile à retenir & à frédonner tant bien que mal, & ressembloit plus à notre musique, que les airs admirables dont je parle. En France, la bonne musique est pour bien des gens, la musique qui ressemble à celle qu’ils ont déjà entendue. C’est ce qu’ils appellent de la musique chantante, & qui n’est trop souvent qu’une musique triviale & froide, sans expression & sans idée. (O)

ECHOITE, s. f. (Jurisp.) signifie ce qui est échû à quelqu’un par succession ou autrement. En fait de successions, il n’y a guere que les collatérales que l’on qualifie d’échoite, quasi sorte obtigerint ; au lieu que les successions directes, ex voto naturæ liberis debentur. Beaumanoir, dans ses anciennes coûtumes de Beauvoisis, dit que l’échoite est, quand l’héritage descend de côté par défaut de ce que celui qui meurt

n’a point d’enfans ni autres descendans issus de ses enfans, de maniere que les héritages échoient à son plus proche parent.

Dans les provinces de Bresse & de Bugey, on appelle aussi échoite, les héritages qui adviennent au seigneur par le decès du possesseur sans enfans, ou sans communication avec ses héritiers, c’est-à-dire lorsqu’il en a joui par indivis avec eux. Voyez ci-apr. Echute loyale. (A)

ECHOME & ECHEOMES, sub. f. (Marine.) on donne ce nom à des chevilles de bois ou de fer d’environ un pié de long, qui servent à fixer la rame dans la même place lorsque l’on nage. (Z)

* ECHOMETRE, s. m. en Musique, est une espece d’échelle ou regle divisée en plusieurs parties, dont on se sert pour mesurer la durée ou longueur des sons, & pour trouver leurs intervalles & leurs rapports.

Ce mot vient du grec ἤχος, son, & de μέτρον, mesure.

Nous n’entrerons pas dans un plus long détail sur cette machine, parce qu’on n’en fera jamais aucun usage : il n’y a de bon échometre, qu’un homme qui soit rompu à battre la mesure, & qui soit né avec une oreille extrèmement délicate. Au reste ceux qui voudront en savoir davantage, n’ont qu’à consulter le mémoire de M. Sauveur, inseré parmi ceux de l’académie, année 1701 ; ils y trouveront deux échelles de cette espece ; l’une de M. Loulié, & l’autre de M. Sauveur. Voyez Chronometre.

ECHOPE, s. f. (Commerce.) petite boutique attachée contre un mur, où des marchands débitent des denrées de peu de conséquence.

Les échopes sont ordinairement appuyées aux murs extérieurs des églises & des grandes maisons. Elles sont faites de planches, & quelquefois enduites de plâtre, avec un petit toit en appenti aussi de bois ou de toile cirée : la plûpart de celles-ci sont fixes, & se donnent à loyer.

Il y a aussi des échopes portatives & comme ambulatoires, qui sont pareillement de bois, & qu’on dresse sur quelques piliers au milieu des marchés & des places publiques, telles que sont les échopes des halles de Paris.

Enfin il y en a encore de plus legeres, & simplement couvertes & entourées de toile ; ce sont celles où les mercelots, vendeurs de pain d’épice, & autres, étalent leurs marchandises dans les foires & assemblées, fêtes de village, &c. Dictionn. de Comm. de Trév. & Chambers. (G)

Echope, (Gravure.) Les graveurs en taille-douce appellent échopes, des petits outils qu’ils font eux-mêmes avec des aiguilles cassées de différentes grosseurs ; ils les emmanchent au bout d’un petit morceau de bois. Voyez nos Planches de la Gravure.

Pour les aiguiser & former, on pose l’aiguille obliquement sur la pierre à huile, la tenant ferme, & appuyant légerement, en allant de la droite à la gauche, ce qui formant un biseau au bout de l’aiguille, lui donne une figure ovale, comme le représente celle de nos planches.

Il est important que la pierre à huile ait le grain fin & ne morde point trop fort ; car quand la pierre est rude, elle ne mange pas l’acier nettement, & laisse aux pointes un morfil qui est extrèmement préjudiciable en gravant sur le vernis.

Les échopes servent pour graver de gros traits. On les tient, en gravant, le biseau en-dessus, & l’on dégage la pointe lorsqu’on veut terminer la ligne par un trait fin : il est encore mieux de la terminer avec une pointe. Elles sont très-bonnes pour quelques parties de l’architecture, pour les paysages, les terrasses, &c. & comme il y a un côté fin à l’échope, un graveur adroit pourroit graver à l’eau-forte une