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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/288

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Eclaircir, en terme de Cloutier d’épingles, c’est polir les clous d’épingle, en les remuant dans un sac avec de la motte de tannerie, du son, &c. Voyez l’article Cloutier.

Eclaircir un cuir, terme de Corroyeur, c’est lui donner le lustre avec l’épine-vinette. Voy. Corroyer.

Eclaircir, (Jardinage.) c’est rendre un bois, une allée moins obscure, en l’élaguant & lui donnant de l’air.

On dit encore éclaircir un jeune bois, une pépiniere, une planche de laitues, & autres graines qui ont été semées trop dru, quand on en leve une partie pour faire mieux profiter ce qui reste. (K)

Eclaircir, v. act. (Teinture.) c’est diminuer le brun ou le foncé de la couleur d’une étoffe. Voyez l’article Teinture.

ECLAIRCISSEMENT, s. m. (Belles-Lettres.) terme qui signifie proprement l’action de rendre une chose plus claire ; il ne s’employe plus que dans le sens figuré, pour l’explication d’une chose obscure ou difficile. Ce n’est pas le seul mot de notre langue qui a perdu sa signification au sens propre. Voyez Ecrivain, &c. (O)

ECLAIRE, s. f. (Hist. nat. botan.) chelidonium, genre de plante à fleurs composées de quatre pétales disposés en forme de croix ; il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit ou une silique, qui n’a qu’une capsule dont les panneaux tiennent à un chassis, & qui renferme des semences arrondies pour l’ordinaire. Tournefort, instit. rei herbar. Voyez Plante. (I)

Eclaire, (Pharm. Matiere médic.) ou grande Chelidoine, chelidonium majus. L’éclaire prise intérieurement, leve les obstructions, excite les urines & les sueurs, guérit la cachexie & l’hydropisie ; est fébrifuge, & particulierement destinée à la jaunisse, & cela originairement sans doute à cause de son suc jaune (voyez Signature.) On prescrit la poudre de la racine seche, jusqu’à un demi-gros ou un gros, & une once de la racine fraiche infusée dans deux livres de vin, ou boüillie dans trois livres d’eau, & donnée à la dose de six onces. On mêle trois ou quatre gouttes du suc jaune de cette plante dans un verre de vin, ou dans quelque liqueur convenable.

Quelques-uns disent que la racine de cette plante étoit le remede spécifique de Vanhelmont contre l’hydropisie ascite.

Cette plante appliquée extérieurement, déterge & mondifie les ulceres & les plaies, sur-tout celles qui sont vieilles ; on employe dans ces cas, soit ses feuilles pilées, soit sa poudre, soit son suc jaune.

Si on applique la même plante écrasée sur la dartre milliaire, elle l’arrête efficacement, & la guérit. Geoffroy, Mat. médic.

Mais c’est sur-tout pour les maladies des yeux qu’on a vanté cette plante. Le suc jaune qui découle de la tige que l’on a rompue, introduit dans l’œil, est recommandé par quelques auteurs pour en déterger les ulceres, & pour en guérir les taies ; mais comme il est fort âcre, on le mêle avec quelque liqueur convenable. L’eau distillée de la plante, passe aussi pour un merveilleux remede ophthalmique.

On tient dans les boutiques l’eau distillée de la plante, son extrait & sa racine séchée. Son eau est de la classe de ces eaux inutiles qui n’emportent de la plante qu’une odeur herbacée ; c’est pourquoi on ne doit point du-tout ajoûter foi à ce qu’on dit de ses vertus.

Quelques auteurs disent qu’il ne faut pas donner cette plante en trop grande dose ; & Emanuel Kœnig assûre que si l’on fait prendre l’infusion de deux onces de sa racine, elle produit des symptomes horribles. Lobel croit qu’il faut rarement s’en servir pour l’usa-

ge intérieur, & Rai croit qu’il ne faut employer son suc, qui est très-âcre pour les maladies des yeux, qu’en y mêlant des remedes qui peuvent réprimer son acrimonie.

C’est de cette plante que l’on croyoit (selon Dioscoride) que les hirondelles se servoient pour rendre la vûe à leurs petits à qui on avoit crevé les yeux ; mais Celse a rejetté cette prétendue vertu, qu’il a traitée de fabuleuse.

Les feuilles d’éclaire entrent dans l’onguent mondicatif d’ache, dans l’eau vulnéraire : sa racine, ses feuilles & son suc entrent dans l’emplâtre diabotunum. (b)

* ECLAIRÉ, CLAIRVOYANT, adj. (Gramm.) termes relatifs aux lumieres de l’esprit. Eclairé se dit des lumieres acquises ; clairvoyant, des lumieres naturelles : ces deux qualités sont entr’elles, comme la science & la pénétration. Il y a des occasions où toute la pénétration possible ne suggere point le parti qu’il convient de prendre ; alors ce n’est pas assez que d’être clairvoyant, il faut être éclairé ; & réciproquement, il y a des circonstances où toute la science possible laisse dans l’incertitude : alors ce n’est pas assez que d’être éclairé, il faut être clairvoyant. Il faut être éclairé dans les matieres de faits passés, de lois prescrites, & autres semblables, qui ne sont point abandonnées à notre conjecture ; il faut être clairvoyant dans tous les cas où il s’agit de probabilités, & où la conjecture a lieu. L’homme éclairé sait ce qui s’est fait ; l’homme clairvoyant devine ce qui se fera : l’un a beaucoup lû dans les livres : l’autre sait lire dans les têtes. L’homme éclairé se décide par des autorités ; l’homme clairvoyant, par des raisons. Il y a cette différence entre l’homme instruit & l’homme éclairé, que l’homme instruit connoît les choses, & que l’homme éclairé en sait encore faire une application convenable ; mais ils ont de commun, que les connoissances acquises sont toûjours la base de leur mérite ; sans l’éducation, ils auroient été des hommes fort ordinaires : ce qu’on ne peut pas dire de l’homme clairvoyant. Il y a mille hommes instruits pour un homme éclairé ; cent hommes éclairés pour un homme clairvoyant ; & cent hommes clairvoyans pour un homme de génie. L’homme de génie crée les choses ; l’homme clairvoyant en déduit des principes ; l’homme éclairé en fait l’application ; l’homme instruit n’ignore ni les choses créées, ni les lois qu’on en a déduites, ni les applications qu’on en a faites : il sait tout, mais il ne produit rien.

ECLAIRER, v. n. (Chimie métall.) ou faire l’éclair, se dit de l’état où un bouton de fin donne la lumiere étincelante qui succede au rouge-blanc qu’il avoit auparavant, & qui annonce le commencement de sa congellation. On dit, par exemple, le culot ne tardera pas à éclairer ; on dit aussi dans le même sens, l’essai passe. Voyez Essai. (f)

ECLAT, LUEUR, CLARTÉ, SPLENDEUR, synon. (Gram.) Eclat est une lumiere vive & passagere ; lueur, une lumiere foible & durable ; clarté, une lumiere durable & vive : ces trois mots se prennent au figuré & au propre ; splendeur ne se dit qu’au figuré : la splendeur d’un empire. (O)

Eclat, Eclatant, (Peinture.) on dit qu’un tableau a de l’éclat, lorsqu’il est clair presque partout, & que quoiqu’il y ait très-peu d’ombres pour faire valoir les clairs, il est cependant extrèmement brillant. (R)

ECLATANT, adj. pris subst. (Bijoutier.) composition blanche dont l’éclat approche de celui du diamant, mais qui n’en a pas la solidité à beaucoup près : car c’est de toutes les pierres de composition la plus tendre.

ECLATANTE, adj. f. pris sub. les Artificiers appellent ainsi une espece de fusée, chargée de com-