coup de facilité ; ils mettent par-dessus la chemise le doliman, qui est une espece de soutane de boucassin, de bourre, de toile, de mousseline, de satin, ou d’une étoffe d’or, laquelle descend jusqu’aux talons. En hyver, cette soutane est piquée de coton : quelques Turcs en ont de drap d’Angleterre le plus fin.
Le doliman est assez juste sur la poitrine, & se boutonne avec des boutons d’argent doré, ou de soie, gros d’ordinaire comme des grains de poivre ; les manches sont aussi fort justes, & serrées sur les poignets avec des boutons de même grosseur, qui s’attachent avec des ganses de soie au lieu de boutonnieres ; & pour s’habiller plus promptement, on n’en boutonne que deux ou trois d’espace en espace. Le doliman est serré par une ceinture de soie de dix ou douze piés de long, sur un pié & un quart de large. Les plus propres se travaillent à Seis : on fait deux ou trois tours de cette ceinture, ensorte que les deux bouts qui sont tortillés d’une maniere assez agréable, pendent par-devant. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
DOLOIRE, s. f. (Chirurgie.) c’est une espece de bandage simple & inégal. Voyez Bandage.
Le doloire se fait lorsqu’un tour de bande succédant à celui qui vient d’être appliqué, le laisse à découvert d’une quatrieme partie, d’un tiers, ou de la moitié ; ce qui donne lieu de le diviser en grand, en moyen, & en petit. Moins les tours de bandes sont découverts par ceux qui leur succedent, plus le bandage serre & comprime la partie, toutes choses d’ailleurs égales. (Y)
Doloire, (Tonnelier.) est une espece de hache que font les Taillandiers, & dont les Tonneliers se servent pour dégrossir les douves, & pour amincir les bouts des cerceaux à l’endroit où ils doivent être liés avec l’osier. La doloire est garnie d’un manche de bois fort pesant par le bout, pour lui servir de contre-poids : ce manche rentre en-dedans du côté de l’ouvrier, aussi-bien que le dos de la doloire où il est emmanché. Voyez les Planches du Tonnelier.
DOLTABAR, (Géog. mod.) ville de la province de Balagale dans les états du Mogol. Long. 94. 30. lat. 18. 40.
DOM ou DON, (Hist. mod.) titre d’honneur, originairement espagnol, & dont on se sert aujourd’hui en certaines occasions dans d’autres pays.
Il est équivalent à maître, seigneur, lord, monsieur, sieur, &c.
Gollut, dans ses mém. des Bourg. liv. V. chap. xj. nous assûre que don Pelage fut le premier à qui les Espagnols donnerent ce titre ; lorsqu’après avoir été mis en déroute par les Sarrasins, au commencement du huitieme siecle, ils se rallierent sur les Pyrénées, & élurent ce général pour roi.
En Portugal, personne ne peut sans la permission du roi prendre le titre de don, qui est dans ce pays une marque de noblesse.
Dom est en usage en France parmi certains religieux, comme les Charteux, Bénédictins, &c. Ainsi on dit : le R. P. dom Calmet, dom Alexis, dom Balthasar, &c. Au plurier, on écrit doms avec une s, quand on parle de plusieurs ; comme les RR. PP. doms Claude du Rable, & Jacques Douceur : on y joint assez communément le nom de baptême, même quand on parle d’un seul, dom Jean Mabillon, dom Thierry Ruynart, dom Etienne Brice.
Ce mot est dérivé du mot latin domnus ou dominus, dont il n’est qu’une abbréviation. Le mot domnus se trouve dans plusieurs auteurs latins du moyen âge ; Onuphre assûre que le titre domnus ne se donna d’abord qu’au pape ; qu’ensuite on le donna aux archevêques, évêques, abbés, & autres personnes qui étoient élevées en dignité dans
l’église, ou qui étoient recommendables par leur vertu : enfin dom est resté aux moines seuls, & don aux Espagnols & aux Portugais.
Quelques auteurs prétendent que les religieux se sont abstenus par humilité de prendre le titre de dominus, comme appartenant à Dieu seul, & qu’ils y ont substitué celui de domnus, qu’ils ont regardé comme un diminutif, quasi minor dominus. Quoi qu’il en soit, le titre de domnus au lieu de dominus paroît fort ancien ; puisque Julia, femme de l’empereur Septime Sévere, est appellée sur les médailles, Julia domna au lieu de Julia domina. Voyez le dict. de Trév. (G)
DOMAINE, s. m. (Hist. Rom.) terres de la république romaine prises sur ses ennemis, & dont le produit formoit un fonds pour les besoins de l’état. Il en est trop parlé dans l’histoire romaine, pour n’en pas faire ici l’article.
Tous ceux qui connoissent cette histoire, savent que les Romains, quand ils avoient vaincu leurs ennemis, avoient coûtume de leur ôter une partie de leur territoire ; qu’on affermoit quel quefois ces terres au profit de l’état, & que souvent aussi on les partageoit entre les pauvres citoyens, qui n’en payoient à la république qu’un leger tribut. Ce domaine public s’accrut avec la fortune de la république, des dépouilles de tant d’états que les Romains conquirent dans les trois parties du monde. Rome possédoit des terres dans les différens cantons de l’Italie, en Sicile, & dans les îles voisines, en Espagne, en Afrique, dans la Grece, la Macédoine, & dans toute l’Asie. En un mot, on incorpora dans le domaine public le domaine particulier de tant de villes libres & des royaumes dont les Romains avoient fait leurs conquêtes. On en portoit le produit & le revenu dans l’épargne. C’étoit-là le fonds dont on tiroit la solde des troupes, & avec lequel on subvenoit à toutes les dépenses & à toutes les nécessités publiques.
César fut le premier qui osa s’en emparer pendant la guerre civile contre Pompée : il en tira pour son usage quatre mille cent trente livres d’or, & quatre-vingt mille livres d’argent. Dans la suite, les empereurs imiterent son exemple, & ne regarderent plus le domaine public que comme le leur. Enfin dans notre langue, le mot général de domaine est devenu particulier & propre au patrimoine des rois. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
Domaine éminent, (Droit polit.) c’est le droit qu’a le souverain de se servir pour le bien public, dans un besoin pressant, des fonds & des biens que possedent les sujets.
Ainsi, par exemple, quand la nécessité du bien public requiert de fortifier une ville, le souverain est autorisé à prendre les jardins, les terres, & les maisons des particuliers, qui se trouvent situés dans l’endroit où il faut faire les remparts, les fossés, & autres ouvrages de fortification que demande l’intérêt de l’état ; c’est pourquoi, dans un siége, le souverain abat & ruine souvent des édifices & des campagnes de ses propres sujets, dont l’ennemi pourroit sans cela retirer quelque grand avantage.
Il est incontestable que la nature même de la souveraineté autorise le prince à se servir, dans les cas urgens de nécessité, des biens que possedent les sujets ; puisqu’en lui conférant l’autorité souveraine, on lui a donné en même tems le pouvoir de faire & d’exiger tout ce qui est nécessaire pour la conservation & l’avantage de l’état.
Il faut encore remarquer, que c’est une maxime de l’équité naturelle, que quand il s’agit de fournir ce qui est nécessaire à l’état, & à l’entretien d’une chose commune à plusieurs, chacun doit y contribuer à proportion de l’intérêt qu’il y a : mais com-