La construction des domes se fait ordinairement de charpenterie couverte d’ardoise, de plomb ou autre métal, & est susceptible d’ornemens de sculpture & de dorure, tels qu’il s’en remarque à la plûpart de ceux que nous venons de nommer : mais il faut observer que ces ornemens soient mâles & bien entendus ; qu’ils ayent beaucoup de relief, & qu’ils soient d’une richesse relative à l’architecture qui les reçoit ; enfin qu’ils soient couronnés d’une lanterne, d’un amortissement, ou d’une plate-forme qui annonce l’usage intérieur du dedans des édifices que ces domes mettent à couvert.
On entend aussi sous le nom de domes, le dedans ou la partie concave d’une voûte, & l’intérieur d’un temple de forme circulaire, connu par le mot coupole. On dit communément le dome des Invalides, en voulant parler du dedans de l’église. Voyez Coupole. (P)
Dome, (Chimie.) c’est ainsi qu’on appelle la partie supérieure de certains fourneaux. Voyez Fourneau.
DOMERIE, s. f. (Jurispr.) est un titre que prennent quelques abbayes en France. Les uns croyent qu’elles ont été ainsi appellées, quasi domus Dei, parce que ce sont des especes d’hôpitaux ou maisons-Dieu où la charité est exercée. D’autres croyent que ce mot domerie vient du titre dom, diminutif de dominus que portent les religieux de certains ordres, tels que les Bénédictins ; qu’ainsi domerie signifie seigneurie ou la maison des seigneurs, comme en effet la plûpart de ces abbayes ont la seigneurie temporelle de leur territoire. Voyez Abbaye, Hôtel-Dieu, Hôpital, Léproserie, Ordres. (A)
DOMESTIQUE, s. m. (Hist. mod.) est un terme qui a un peu plus d’étendue que celui de serviteur. Ce dernier signifie seulement ceux qui servent pour gages, comme valets de pié, laquais, porteurs, &c. au lieu que le mot domestique comprend toutes les personnes qui sont subordonnées à quelqu’un, qui composent sa maison, & qui vivent ou sont censées vivre avec lui, comme secrétaires, chapelains, &c.
Quelquefois le mot domestique s’étend jusqu’à la femme & aux enfans ; comme dans cette phrase : tout son domestique renferme tout l’intérieur de la famille subordonnée au chef.
Robe domestique, toga domestica, voyez Robe.
Domestique, domesticus, étoit autrefois le nom d’un officier de la cour des empereurs de Constantinople.
Fabrot dans son glossaire sur Théophylax Simocatta, définit le domestique, une personne à qui on confie le maniment des affaires importantes ; un conseiller, cujus fidei graviores alicujus curæ & sollicitudines committuntur.
D’autres prétendent que les Grecs appelloient domestici, ceux qu’on appelloit à Rome comites ; & qu’ils commencerent à se servir du mot domesticus, quand le mot de comte fut devenu un titre de dignité, & eut cessé d’être le nom d’un officier de la maison du prince. Voyez Comte.
Les domestiques, domestici, étoient donc des personnes attachées au service du prince, & qui l’aidoient dans le gouvernement des affaires, tant de celles de sa maison que de celles de la justice ou de l’église, &c.
Le grand domestique, Megadomesticus, qu’on appelloit aussi simplement le domestique, servoit à la table de l’empereur, en qualité de ce que nous autres occidentaux appellons dapifer, maître d’hôtel. D’autres disent qu’il répondoit plûtôt à ce que nous appellons majordome. Le domesticus mensæ faisoit l’office de grand sénéchal ou intendant.
Domesticus rei domesticæ faisoit l’office du grand-maître de la maison.
Domesticus scholarum ou legionum, avoit le commandement du corps de reserve appellé scholæ palatinæ, & qui étoit chargé d’exécuter les ordres immédiats de l’empereur.
Domesticus murorum avoit la surintendance de toutes les fortifications.
Domesticus regionum, c’est-à-dire du levant & du couchant, avoit le soin des causes publiques.
Domesticus icanatorum, étoit le chef des cohortes militaires.
Il y avoit dans l’armée différens officiers portant le nom de domesticus, qui ne signifioit autre chose que commandant ou colonel ; ainsi le domestique de la légion appellée optimates, étoit le commandant de cette légion. Voyez Légion. Chambers. (G)
Les rois & les empereurs de la race de Charlemagne, qui ont porté la grandeur aussi loin qu’elle pouvoit raisonnablement aller, avoient pour domestiques des personnes des plus qualifiées de l’état, & beaucoup de grandes maisons du royaume font gloire de tirer leur origine des premiers domestiques de ces princes : c’est ce qu’on a depuis nommé grands officiers de la couronne. Ces domestiques avoient de grands fiefs, & la même chose s’est conservée dans l’empire d’Allemagne, où les électeurs sont toûjours regardés comme officiers domestiques de l’empereur ; ainsi les archevêques de Mayence, Trèves, Cologne, sont ses chanceliers ; le roi de Boheme grand-échanson, l’électeur de Baviere grand-maître, &c. & dans l’élection de l’empereur ils font les fonctions de leurs charges : après quoi ils se mettent à table, non pas à celle de l’empereur, mais à d’autres tables séparées, & moins élevées que celle de l’empereur. (a)
Domesticus chori, ou chantre : il y en avoit deux dans l’église de Constantinople, un du côté droit, & l’autre du côté gauche. On les appelloit aussi protopsaltes.
On a distingué trois sortes de domestiques dans cette église ; savoir, domestique du clergé patriarchal ; domestique du clergé impérial, ou maître de la chapelle de l’empereur ; & domesticus despinicus, ou de l’imperatrice. Il y avoit encore un autre ordre de domestiques, inférieurs à chacun de ceux dont on vient de parler ; on les appelloit domestiques patriarchaux.
Domestiques, domestici, étoit aussi le nom d’un corps de troupes dans l’empire romain. Pancirolles prétend qu’ils étoient les mêmes que ceux qu’on appelloit protectores, qui avoient la garde immédiate de la personne de l’empereur, même avant les prétoriens ; & qui sous les empereurs chrétiens avoient le privilége de porter le grand étendard de la croix, ou le labarum. On croit qu’ils étoient au nombre de 3500 avant Justinien, & cet empereur les augmenta de 2000. Ils étoient divisés en différentes compagnies ou bandes, que les Latins appelloient scholæ, & dont on dit que quelques-unes furent établies par l’empereur Gordien. De ces compagnies, les unes étoient de cavalerie, les autres d’infanterie : leur commandant étoit appellé comes domesticorum. Voyez Comte. Chambers. (G)
Domestiques, (Jurisp.) Ce terme pris dans un sens étendu, signifie tous ceux qui demeurent chez quelqu’un & en même maison ; ainsi dans ce sens tous les officiers du roi & des princes, qu’on appelle commensaux, & ceux des évêques, sont en quelque façon domestiques.
Mais on n’entend ordinairement par le terme de domestiques, que des serviteurs. Ceux-ci doivent à leur maître la soûmission, le respect, & une grande fidélité.