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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/568

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sur celle de Bourgogne, dit que la prêtrise n’émancipe que quand le prêtre possede un bénéfice qui requiert résidence.

L’habitation séparée n’émancipe que dans les pays coûtumiers ; encore la coûtume de Châlons est-elle la seule qui se contente de cette circonstance. Celle de Bretagne & de Bordeaux veulent en outre l’âge de vingt-cinq ans, celle de Poitou requiert le mariage avec l’habitation séparée ; celle de Saintonge veut tout-à-la-fois le mariage, l’âge de vingt-cinq ans pour les nobles, de vingt-cinq ans pour les roturiers, & l’habitation séparée.

Le commerce ou négoce séparé émancipe aussi en pays coûtumier, comme le décident les coûtumes de Berri, Bourbonnois, & Bordeaux : ce qui est conforme à l’article 6. du tit. j. de l’ordonnance du commerce, qui répute majeurs tous négocians & marchands, mais seulement pour le fait du commerce dont ils se mêlent. (A)

EMANCIPÉ, (Jurispr.) est celui qui joüit de ses droits, au moyen de l’émancipation expresse ou tacite qu’il a acquise.

Le mineur émancipé peut toucher ses revenus & disposer de son mobilier ; mais il ne peut aliéner ni hypothéquer ses immeubles, sans avis de parens homologué par le juge. Il ne peut aussi ester en jugement, sans être assisté de curateur.

Le fils de famille, majeur lorsqu’il est émancipé, joüit de tous les droits des majeurs qui sont sui juris. Voyez ci-devant Emancipation (A)

EMARGEMENT, s. m. (Fin.) l’action de transporter à la marge. On a fait de ce substantif le verbe émarger. Voyez l’article Marge.

EMASCULATION, s, f. l’action par laquelle on enleve à un mâle les parties qui caractérisent son sexe. Voyez Castration. (L)

EMBACLE, s. f. terme de Riviere dont on se sert pour exprimer l’embarras de plusieurs cordes de bois que l’on a mises à flot, & qui sont arrêtées par quelques obstacles. Voyez Cordes, Bois. Voyez aussi l’article Train.

EMBALLAGE, s. m. terme de Doüanne & de Commerce, qui a plusieurs significations.

1°. Emballage s’entend de l’action même d’emballer. Voyez Emballer.

2°. Emballage comprend tout ce qui sert à emballer les marchandises, comme le papier. le carton, les caisses, tonneaux, bannettes, toiles cirées, serpillieres, cordages, &c. pour lesquelles il n’est fait aucune déduction de poids pour les droits d’entrée & de sortie, selon le tarif de 1664 & l’ordonnance de 1667, si ce n’est pour les marchandises d’or & d’argent. & pour les drogueries & épiceries.

3°. Emballage ne signifie souvent que les toiles ou serpillieres qui servent à empaqueter les marchandises.

Une toile d’emballage est une sorte de toile grossiere, mais forte, qui sert à emballer : elle est différente de la serpilliere, quoiqu’on se serve aussi de celle-ci pour emballer. Voyez Serpilliere. Dictionnaires de Comm. de Trév. & Chambers. (G)

EMBALLER, v. act. (Comm.) faire l’emballage d’une caisse de marchandises, l’envelopper de toile & la garnir de paille, pour la conserver & la garantir de la pluie, du mauvais tems & autres accidens, lorsqu’on est obligé de la transporter au loin, soit par des voitures de terre ou de riviere, soit par mer, & pour les voyages de long cours.

Il y a plusieurs manieres d’emballer les marchandises ; les unes s’emballent seulement avec de la paille & de la grosse toile ; les autres dans des bannes ou bannettes d’osier ou de bois de châtaignier, ou dans des caisses de bois de sapin qu’on couvre d’une toile cirée grasse, toute chaude ; d’autres dans de gros

cartons qu’on enveloppe de toiles cirées seches, quelquefois sans autre couverture, mais le plus souvent avec de la paille & de la toile. Dans tous ces emballages on coud la toile avec de la ficelle & une grosse aiguille, & on la serre par-dessus avec une forte corde, qui faisant plusieurs tours de divers sens autour du ballot, aboutit à un des coins, où elle est enfin liée & arrêtée. C’est à ce bout de la corde que les visiteurs ou autres commis des doüannes mettent leur plomb, afin que la balle ne puisse s’ouvrir sans le lever, & que les marchandises qu’ils ont visitées ne puissent être changées ni augmentées au préjudice des droits du roi.

Dans les échelles du Levant, comme à Alep, Smyrne, &c. les emballages, particulierement ceux des soies, ont toûjours deux toiles ; l’une intérieure, qu’on appelle la chemise ; l’autre extérieure, qui est la couverture. Les Levantins remplissent l’entre-deux de ces toiles, de paille, & quelquefois de coton. Dictionnaires de Commerce, de Trévoux, & Chambers. (G)

EMBALLEUR, s. m. (Commerce.) celui dont le métier ou la fonction est de ranger les marchandises dans les balles, de les empaqueter & emballer.

Autrefois les crocheteurs & gagnes-deniers faisoient cet office dans les doüannes ; mais maintenant dans celles de Lyon & de Paris il y a des emballeurs en titre d’office, qui payent paulette au roi, ont des droits réglés par un tarif, font bourse commune, & forment un corps qui a son syndic & autres officiers. Ils sont à Paris au nombre de soixante partagés en deux bandes, dont l’une est de service à la doüanne, & l’autre à leur bureau rue des Lombards, où ils roulent ainsi alternativement tous les huit jours.

Ce sont les emballeurs qui écrivent sur les toiles d’emballage, les numero des ballots appartenans au même marchand, & envoyés au même correspondant, les noms & qualités de ceux à qui ils sont envoyés, & les lieux de leur demeure. Ils ont aussi soin de dessiner un verre, un miroir ou une main sur les caisses de marchandises casuelles, pour avertir ceux qui les remueront, d’user de précaution.

Les instrumens dont se servent les emballeurs, sont un couteau, une bille de bois, ordinairement de boüis, & une longue & forte aiguille à trois carres : leur fil est une médiocre ficelle, qui dans le commerce de la Corderie est appellée ficelle d’emballage. Dictionnaires de Commerce, de Trévoux, & Chambers. (G)

* EMBAMMA, (Hist. anc.) espece de sauce ou de salade à laquelle on joignoit l’épithete d’amarum, amere, & qui servoit d’assaisonnement à l’agneau paschal. C’étoit ou des endives, ou de la chicorée, ou de la laitue, ou de la pulmonaire, ou le chardon, le raifort, les orties, &c. on tenoit du vinaigre dans un vase placé à côté de ces herbes ; & après plusieurs cérémonies religieuses que le maître de la maison faisoit, il rompoit un morceau de pain azyme, le couvroit d’herbes ameres, trempoit le tout d’abord dans le vinaigre, ensuite dans une sauce de figues, de raisins, &c. & disoit : « Beni soit le Seigneur notre Dieu, le maître du monde, qui nous a sanctifiés par ses commandemens, & nous a ordonné de manger le pain azyme avec la sauce amere ». Il mangeoit ensuite le pain trempé & les herbes, benissoit les mets, goûtoit à l’agneau paschal, & abandonnoit le reste de l’agneau, des herbes, du pain & des sauces à la dévotion & à l’appétit des autres convives, dont le repas commençoit alors.

EMBANQUÉ, adj. (Marine.) Les navigateurs qui vont à la pêche de la morue, ou qui font route pour Terre-neuve & le golfe de Saint-Laurent, se servent de ce terme pour dire qu’ils sont arrivés sur le banc de Terre-neuve. (Z)