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roit d’une couche de plâtre gaché, afin de l’enfermer comme dans un mur. C’est peut-être par ce motif de salubrité qu’on enterroit autrefois dans des cercueils de pierre. Dans les endroits où il n’y a point de plâtre, on pourroit enduire le corps de terre-glaise, &c. Voyez Embaumer. (Y)

L’art des embaumemens, tel qu’on le pratique aujourd’hui, n’a été connu en Europe que dans les derniers siecles : auparavant on faisoit de grandes incisions sur les cadavres ; on les saupoudroit bien, & on enveloppoit le tout avec une peau de bœuf tannée. C’est ainsi qu’on embauma à Roüen en 1135, Henri I. roi d’Angleterre ; & encore l’opérateur s’y prit si tard, ou si mal, que l’odeur du cadavre lui fut fatale : il en mourut sur le champ.

Au reste, ceux qui seront curieux d’acquérir les connoissances d’érudition sur la matiere des embaumemens, trouveront à se satisfaire dans la lecture des ouvrages que nous allons indiquer.

Bellonius, (Petrus) de mirabili operum antiquorum prœstantiâ, medicato funere, seu cadavere condito, & medicamentis nonnullis servandi cadaveris vim obtinentibus. Paris, 1553, in-4°. rare, figures.

Rivinus, (And.) de balsamatione. Lips. 1655, 4°.

Clauderi, (Gabriel) methodus balsamandi corpora humana. Attenburgi, 1679, in-4o. Cet ouvrage-ci est pour les gens du métier.

Lauzoni, (Jos.) de balsamatione cadaverum. Ferrar. 1693, in-12. & réimprimé avec les œuvres de l’auteur.

Greenhill, (Thomas) the art of embalming. London, 1705, in-4o. m. c. f. & sur-tout dans les mémoires que M. Roüelle a écrits sur cette matiere. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EMBAUMER, v. act. ouvrir un corps mort, en ôter les intestins, & mettre en la place des drogues odorantes & dessiccatives, pour empêcher qu’il ne se corrompe. Voyez Embaumement (Chirurgie).

Ce mot est formé de baume qui étoit le principal ingrédient des embaumemens des Egyptiens. Voyez Baume.

Le corps de Jacob en Egypte fut quarante jours à embaumer. Voyez genes. I. v. 3. Marie Madeleine & Marie mere de Jacques, acheterent des parfums pour embaumer Jesus. Voyez saint Matthieu, &c. Jean roi de France étant mort a Londres en 1364, l’on y embauma son corps qu’on emporta en France, & qu’on enterra à Saint-Denis.

Quant à la maniere dont on embaumoit les corps parmi les Egyptiens, voyez ci-devant l’art. Embaumement (Hist. anc.).

Le D. Grew auteur du musæum regalis societatis, croit que les Egyptiens, pour embaumer les corps, les faisoient bouillir dans une chaudiere avec une certaine espece de baume liquide ; sa raison est que dans les momies qu’on conserve dans la collection ou cabinet de la société royale, le baume a pénétré non seulement les chairs & les parties molles, mais même les os, au point qu’ils en sont tout noirs, comme s’ils avoient été brûlés. Voyez Momie.

Les Peruviens avoient une maniere particuliere & très-bonne de conserver les corps de leurs yncas rois, embaumés. Garcillasso de la Vega croit que tout leur secret consistoit à ensevelir ces corps dans la neige pour les y faire sécher, après quoi on y appliquoit un certain bitume dont parle Acosta, qui les conservoit aussi entiers que s’ils eussent toûjours été en vie. Dictionn. de Trévoux, & Chambers. (G)

EMBDEN, (Géog. mod.) ville du cercle de Westphalie en Allemagne, capitale du comté de même nom, située sur l’Ems. Long. 24. 38. lat. 53. 20.

EMBELLE, s. f. (Marine.) c’est la partie du vaisseau comprise depuis la herpe du grand mât jusqu’à celle de l’avant, ou depuis le grand mât jusqu’au de-

gré d’amure ; comme c’est la partie la plus basse du côté du navire, & où l’on est le plus à découvert dans un jour de combat, on y met des fargues. Voy. Belle & Fargues. (Z)

* EMBELLIR, v. act. c’est ajoûter avec art à des objets qui seroient peut-être indifférens par eux-mêmes, des formes ou des accessoires qui les rendent intéressans, agréables, précieux, &c.

* EMBENATER, (Sal.) c’est lier des bâtons de bois de coudrier avec des osiers & de la ficelle, capables de contenir un certain nombre de pains de sel. Voyez Benates & Benatiers.

EMBISTAGE, sub. m. terme dont les Horlogers se servent en parlant de la situation respective des deux platines d’une montre : C’est deux fois la distance entre le centre de la platine de dessus, & le point où l’axe de la grande platine la rencontre.

Si l’on suppose que la fig. 56, Pl. X. d’Horlogerie, représente la cage d’une montre, & C le centre de la charniere, sur lequel elle tourne dans la boîte, il est clair que pour que ces deux platines puissent passer par la même ouverture, il faut que LC distance du centre de la charniere au bord diagonalement opposé de la platine de dessus, soit égal à EC grandeur de la platine des piliers ; car si la distance LC étoit plus grande que EC, la platine de dessus ne pourroit pas passer par cette ouverture. Donc cette platine ne peut point s’étendre au-delà du point L, qui est dans la circonférence du cercle décrit de l’ouverture de compas CE & du point C ; de façon que pour que ces deux platines passent par la même ouverture, en supposant leurs centres dans une même ligne perpendiculaire à leurs plans, il faut que le rayon de celle de dessus soit plus petit que celui de l’autre de la quantité dont le bord de la grande platine est distant du point où la perpendiculaire abaissée du point L rencontre cette platine ; mais comme il est avantageux que la platine de dessus soit la plus grande qu’il est possible, & que du côté D du pendant à cause de la forme de la boîte elle peut s’avancer jusqu’en D perpendiculairement au-dessus du point C, on lui donne une grandeur & une situation telle que d’un côté son bord soit à plomb du point C, & que de l’autre il se trouve, comme nous l’avons dit, dans la circonférence du cercle décrit de l’ouverture de compas CE, & du point C : par cette situation de la platine de dessus on voit bien que son centre ne se trouve plus dans le point où l’axe de l’autre platine la rencontre, & qu’il en est éloigné d’une certaine distance : or c’est le double de cette distance que l’on appelle, comme nous l’avons dit, l’embistage.

Pour déterminer la grandeur de la platine de dessus, celle de l’autre platine étant donnée, de même que la hauteur des piliers, voici comme on s’y prend : HR représentant cette hauteur, E B la grande platine, C le centre de mouvement de la petite charniere, & DL une ligne indéfinie supposée la platine de dessus ; du point C comme centre, & du rayon CE diametre de la grande platine, décrivez l’arc EL ; & du même point C, élevez la perpendiculaire CD, la ligne DL sera le diametre de la platine de dessus. Car supposant que toute la figure tourne autour du point C, il est clair que le bord de la platine de dessus étant parvenu en E, ne surpassera pas EB ou EC diametre de la grande, puisque EC égal CL, du côté D elle s’étendra autant qu’elle le pourra, comme nous l’avons dit. Par cette opération on voit que la position de cette platine, par rapport à celle des piliers, est aussi déterminée, puisqu’elle doit être telle que son bord du côté du pendant soit précisément à plomb de celui de cette platine. Si l’on suppose que les deux platines conservant leur situation respective, s’approchent l’une de l’autre jusqu’à