ce qu’elles se touchent, on voit évidemment que le bord de la platine de dessus en D répondra au point C de celle des piliers, & que l’autre bord L sera à une distance du bord E double de l’excentricité des deux platines ; cette distance sera l’embistage, puisque le double de l’excentricité des deux platines répond à deux fois la distance entre le centre de la platine de dessus, & le point où l’axe de la grande platine la rencontre. (T).
EMBLAVER, (Jard.) est le même qu’ensemencer.
EMBLAVES, s. f. pl. (Jurispr.) terme usité dans plusieurs coûtumes pour exprimer les terres ensemencées en blé. On distingue quelquefois les emblaves ou terres emblavées des terres simplement ensemencées. Les emblaves ou terres emblavées sont dans quelques coûtumes les terres où le blé est déjà levé ; c’est en ce sens qu’il en est parlé dans l’article 59 de la coûtume de Paris. Les terres ensemencées sont celles où le blé est semé, mais n’est pas encore levé. Dans l’usage on confond souvent les emblaves avec les terres ensemencées. (A)
EMBLÈME, s. m. (Belles-Lettres.) image ou tableau qui par la représentation de quelque histoire ou symbole connu, accompagnée d’un mot ou d’une légende, nous conduit à la connoissance d’une autre chose ou d’une moralité. Voyez Devise & Enigme.
L’image de Scevola tenant sa main sur un foyer embrasé, avec ces mots au-dessous : Agere & pati fortia romanum est, Il est d’un romain d’agir & de souffrir constamment, est un emblème.
L’emblème est un peu plus clair & plus facile à entendre que l’énigme. Gale définit le premier un tableau ingénieux qui représente une chose à l’œil, & une autre à l’esprit.
Les emblèmes du célebre Alciat sont fameux parmi les savans.
Les Grecs donnoient aussi le nom d’emblèmes aux ouvrages en mosaïque, & même à tous les ornemens de vases, de meubles, & d’habits ; & les Romains l’ont aussi employé dans le même sens. Cicéron reprochant à Verrès les larcins des statues, vases, &c. & autres ouvrages précieux qu’il avoit enlevés aux Siciliens, appelle emblemata les ornemens qui y étoient attachés, & qu’on en pouvoit séparer, auxquels ils ont aussi comparé les figures & les ornemens du discours. C’est ainsi qu’un ancien poëte latin disoit d’un orateur, que tous ses mots étoient arrangés comme des pieces de mosaïque :
. . . . . . . . Ut tesserulæ omnes,
Arte pavimenti atque emblemate vermiculatæ.
Les Jurisconsultes ont aussi conservé cette expression dans le même sens, c’est-à-dire pour tout ornement surajoûté, & qu’on peut séparer du corps d’un ouvrage. Dans notre langue le mot emblème ne signifie qu’une peinture, une image, un bas-relief, qui renferme un sens moral ou politique.
Ce qui distingue l’emblème de la devise, c’est que les paroles de l’emblème ont toutes seules un sens plein & achevé, & même tout le sens & toute la signification qu’elles peuvent avoir jointes avec la figure. On ajoûte encore cette différence, que la devise est un symbole déterminé à une personne, ou qui exprime quelque chose qui la concerne en particulier ; au lieu que l’emblème est un symbole plus général. Ces différences deviendront plus sensibles, pour peu qu’on veuille comparer l’emblème que nous avons cité avec une devise : par exemple, celle qui représente une bougie allumée, avec ces mots Juvando consumor, je me consume en servant ; il est clair que ce dernier symbole est beaucoup moins général que le premier. Voyez le dictionn. de Trév. & Chamb. (G)
EMBLER, v. n. (Vénerie.) se dit de l’allure des bê-
doigts sur ceux de devant.
EMBLOQUER, en terme de Tabletier-Cornetier, c’est proprement l’action d’applatir dans le bloc entre deux plaques un morceau de corne chaud, tel que pourroit être, par exemple, un ergot de bœuf. Voyez Bloc & Plaques.
EMBODINURE, EMBOUDINURE, BOUDINURE, sub. f. (Marine.) On appelle ainsi plusieurs bouts de corde menue, dont l’arganeau de l’ancre est environné ; on le fait pour empêcher que le cable ne se gâte contre le fer. (Z)
* EMBOITEMENT, s. m. (Gram.) c’est une des situations d’un corps relativement à un autre, auquel il est uni & contigu ; & le terme emboîtement désigne assez par lui-même quelle est l’espece d’union ou de contiguité dont il s’agit. Elle est telle que le corps qui emboîte semble embrasser le corps emboîté, comme une boîte contient ce qu’on y renferme. Voyez Boîte.
Emboîtement, terme nouvellement introduit dans l’Art militaire, pour exprimer l’espece d’entrelacement que font les soldats d’un bataillon lorsqu’on veut le faire tirer, pour que les fusils des soldats du quatrieme rang dépassent un peu le premier.
Par le moyen de cet entrelacement, les soldats n’occupent guere qu’un pié dans la file ; & comme les fusils ont environ cinq piés de longueur, ceux du quatrieme rang peuvent alors dépasser de quelque chose le premier.
Ainsi l’objet de l’emboîtement est de faire ensorte que le feu des soldats du dernier rang ne puisse causer aucun accident à ceux du premier.
Dans cet état, les soldats sont dans une attitude fort gênante. Les deux premiers rangs ont un genou à terre, & les jambes entrelacées les unes dans les autres : le troisieme & le quatrieme rang sont droits, mais fort serrés aussi sur les premiers, de maniere que les soldats du troisieme ont les jambes placées dans celles du second, & que ceux du quatrieme les ont dans celles du troisieme.
Les soldats du premier rang ont l’avantage de pouvoir se servir aisément de leurs armes ; il n’en est pas de même de ceux du second, parce que l’incommodité de leur situation ne leur permet guere d’ajuster leur fusil pour tirer sur l’ennemi. Le troisieme rang tire aussi facilement que le premier ; mais pour le quatrieme, quelqu’emboîtement que l’on fasse son feu est toûjours fort dangereux pour la tête du bataillon. L’expérience le fait voir dans l’exercice ; car ce n’est qu’avec un très-grand soin qu’on parvient à faire dépasser les fusils du quatrieme rang du premier : encore arrive-t-il souvent, lorsqu’on fait tirer les soldats, que quelqu’officier reçoit des coups de feu dans ses habits, & que les soldats des premiers rangs ont les cheveux brûlés. Il est vrai que ce dernier accident peut s’attribuer aux amorces ; mais le premier prouve suffisamment le danger auquel les officiers sont exposés par le feu du quatrieme rang. Pour remédier à cet inconvénient, il ne faudroit dans l’action faire tirer que les trois premiers rangs ; ou lorsqu’il ne s’agit que de tirer sans se joindre, mettre le bataillon sur trois rangs, conformément à l’instruction du 14 Mai 1754, qui porte que toutes les fois que l’infanterie prendra les armes en quelque occasion que ce soit, elle soit formée sur trois rangs. Voyez Evolutions.
Quoiqu’il paroisse difficile aujourd’hui de faire tirer quatre rangs à la fois sans inconvénient, & qu’on ait imaginé l’emboîtement pour y parvenir, on en a pourtant fait tirer jusqu’à cinq autrefois, suivant la Fontaine. « Pour faire tirer cinq rangs à la fois, dit cet auteur dans sa doctrine militaire, imprimée à Paris en 1667, on fera mettre les deux premiers rangs