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lent également fétus l’animalcule dès les premiers tems après la conception.

Ruysch, cur. renov. dit avoir vû dans une femme qui avoit tout récemment conçû, un embryon qui n’étoit pas plus gros que la tête d’une épingle ordinaire : Hartman, eph. nat. cur. rapporte en avoir vû un de la grosseur d’une graine de pavot. Mattmugham, comp. obst. assûre qu’un embryon de six jours est du volume d’un grain d’orge : Dodart, histoire de l’Académie des sciences 1701, fait mention d’un embryon de la longueur de sept lignes, dont on commençoit à distinguer les membres. Moriceau, dans ses observations, dit en avoir vû un dans les eaux de l’œuf, de trois ou quatre semaines, qui étoit à-peu-près gros comme une féve. On trouve dans les auteurs un grand nombre d’observations de cette espece qui ne s’accordent point entr’elles, & qui prouvent une grande variété dans les dimensions de l’embryon, pendant les premiers tems de son accroissement, puisque Moriceau rapporte une observation d’un fétus qui n’étoit pas plus gros qu’un grain d’orge, au bout de deux mois de grossesse bien avérée ; on ne peut donc avoir rien de sûr à cet égard, parce que l’accroissement de l’embryon ne se fait pas toûjours en proportion du nombre de jours qui se sont écoulés depuis la conception ; ces progrès dépendent plus vraissemblablement de la nature de la matiere alimentaire qui lui est fournie, & de la force avec laquelle elle parvient jusqu’à lui. Voyez Fétus ; voyez aussi la savante note premiere d’Haller sur le § 675. Instit. med. Boerhaave.

Aristote donne souvent aux fétus des animaux, & Théophraste aux semences des plantes, le nom d’embryon : en quoi ils ont été suivis par la plûpart des auteurs modernes. (d)

Embryon, (Jardinage.) C’est le haut du pistile où est le fruit de la graine. Voyez Etamines.

EMBRYOTOMIE, s. f. EMBRYOTOMIA, en Chirurgie, opération qui consiste à couper le cordon ombilical d’un enfant qui vient de naître, & à le lui lier ensuite.

Ce mot est formé du grec ἔμβρυον, fétus, & τέμνω, je coupe. Chambers.

Le mot embryotomie a plusieurs significations ; il dénote la dissection anatomique d’un embryon ; il peut signifier aussi l’opération par laquelle on coupe en pieces un fétus mort dans la matrice, pour pouvoir le tirer du ventre de la mere. Voyez Couteau a Crochet, & Crochet. Ces deux interprétations paroissent plus naturelles que celle de M. Chambers. (Y)

EMBRYULKIE, s. f. EMBRYULKIA, en Chirurgie ; c’est l’opération par laquelle on tire l’enfant du ventre de sa mere. Voyez Opération césarienne.

Ce mot est formé du grec ἔμβρυον, fétus, & de ἕλκειν, tirer.

Ce que les Grecs appellent embryulkie, les Latins le nomment opération césarienne ; & M. Dionis observe que ce dernier terme ne s’est introduit, & n’a prévalu qu’à cause qu’il est plus facile à prononcer que l’autre. L’étimologie du mot embryulkie ne dénote pas cette interprétation, & il semble que ce terme d’art devroit signifier l’extraction de l’enfant du ventre de la mere, dans un accouchement contre nature. (Y)

Embryulkie, (Man. Maréch.) mot formé & dérivé du grec ἔμβρυον embryon, & de ἕλκειν, extrahere, tirer.

Dionis a donné ce nom à l’histérotomie, vulgairement appellée opération césarienne ; d’autres ont prétendu qu’il signifie l’extraction d’un enfant dans un accouchement contre nature. Nous l’envisagerons ici dans le sens que lui a prêté l’anatomiste

& l’opérateur, sans perdre notre tems à examiner le fond de la contestation & sans prétendre la décider.

Il paroîtra sans doute singulier que j’entreprenne d’enrichir l’hippiatrique d’une opération jusque ici uniquement réservée à la Chirurgie. Si l’on compare cependant les difficultés qu’elle présente, & les craintes qu’elle inspire naturellement aux praticiens les plus hardis, lorsqu’il s’agit de la tenter sur une femme, dans l’intention de sauver la mere & l’enfant, ou l’un ou l’autre, avec la facilité & l’assûrance que le maréchal doit avoir en la pratiquant sur la jument ; je suis persuadé qu’elle trouvera parmi nous autant de partisans qu’elle a eu de contradicteurs relativement à l’espece humaine.

Le cas dans lequel je la propose n’est pas précisément celui où le fétus a une peine infinie à sortir par le vagin ; je la conseillerois principalement dans la circonstance où la mere prête à mettre bas, seroit surprise par une maladie formidable & desespérée ; alors il me semble que sans attendre l’évenement funeste dont nous portons un prognostic juste & assûré, on pourroit aisément se dispenser d’abandonner le poulain à son sort.

Pour en faire l’extraction, renversez la jument avec toutes les précautions possibles ; on la couchera sur le dos, & on l’assujettira de maniere que ni le maréchal ni ses aides puissent en être blessés. Faites ensuite une incision cruciale à la partie moyenne & inférieure de l’abdomen ; cette incision sera d’environ un pié & demi, & se terminera aux os pubis. Les gros intestins se présenteront incontestablement, & les efforts occasionnés par les vives douleurs auxquelles la jument sera en proie, les pousseront encore hors de la capacité. Faites-les donc écarter, vous appercevrez bientôt l’utérus ; pratiquez-y une ouverture qui réponde à la premiere ; mais usez de beaucoup de circonspection pour ne pas porter atteinte au poulain : ouvrez aussitôt encore les membranes qui le renferment, les eaux qu’elles contiennent s’épancheront, & vous retirerez sur le champ l’animal.

Cette opération nous impose nécessairement l’obligation d’en pratiquer une seconde promptement & sans différer. Il s’agit de couper le cordon qui le tient assujetti au placenta, & d’en faire la ligature. Dès le premier instant de sa naissance, l’homme paye une sorte de tribut à la chirurgie, par le besoin qu’il a de la main du chirurgien ; sans cette section & sans cette ligature, il ne subsisteroit en effet que quelques momens. La nature, dans les animaux, a pourvû à cet inconvénient en suggérant à la femelle qui met bas, l’instinct de mâcher le cordon ombilical pour le couper : elle ne sauroit y parvenir qu’après un certain tems, attendu la consistance membraneuse de ce même cordon, & la force de son tissu ; & ce n’est que parce qu’il a été extrèmement froissé & contus, que les parois des arteres ombilicales sont affaissées & prises les unes dans les autres ; de maniere que leur cavité étant, pour ainsi dire effacée, le sang ne peut plus se frayer aucune issue en-dehors lorsque la section a été faite.

Ici nous devons agir au défaut de la mere qui n’existe plus ; on se munira d’une quantité suffisante de gros fil que l’on pliera en cinq ou six doubles de la longueur d’environ un pié, & que l’on aura eu soin d’arrêter aux deux extrémités par un nœud à chacune d’elles. Ce fil ainsi préparé, on liera le cordon à environ quatre ou cinq pouces du corps du poulain, de façon qu’il ne soit ni trop ni trop peu serré ; la ligature maintenue par des doubles nœuds répétés à mesure des entortillemens, on coupera le cordon trois pouces au-dessous, & l’on observera que cette section ne soit suivie d’aucune effusion de sang : si