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l’on en apperçoit, on resserrera les fils, & les trois pouces de longueur que l’on laisse en-deçà, serviront à placer une seconde ligature, si la premiere étoit absolument insuffisante. Du reste ce n’est que par cette raison que j’ai fixé en quelque sorte les mesures ; car à quelque distance que soient faites & la ligature & la section, la nature sur laquelle nous devons nous reposer du soin d’achever & de perfectionner l’ouvrage, opere toûjours la séparation du cordon à sa sortie de l’anneau ombical, & au niveau du tégument ; cette séparation a lieu en huit ou dix jours plus ou moins, & nous devons graisser l’excédent du cordon, avec du beurre, du saindoux, &c.

On conçoit au surplus, que le succès de l’embryulkie dépend de notre attention à prévenir la mort de la jument. Plus nous attendons, plus le fétus est débilité ; & si la mere est morte, il est certain que nous avons d’autant moins de tems à perdre, que le poulain ne lui survivroit que quelques instans. Il ne sera plus question enfin que de procurer à l’enfant les moyens de s’alaiter, & d’entretenir une vie que le maréchal vient en quelque façon de lui rendre. (e)

EMBUE, s. f. voyez Emboire. (Peinture.)

EMBUSCADE, s. f. (Art milit.) c’est une troupe de gens armés, cachés dans un bois, un ravin, un fossé, &c. pour surprendre d’autres troupes qui doivent passer dans le même lieu ; & qui ne se doutant point d’être attaquées, sont surprises & défaites aisément. On appelle aussi embuscade, le lieu où les troupes sont cachées.

Les remedes & les précautions pour ne pas tomber dans les embuscades, sont faciles à trouver. Il faut ne point marcher avec trop de sécurité, mais s’avancer en ordre de bataille, & en faisant reconnoître le terrein devant soi à droite & à gauche par de petits détachemens. Il faut charger des officiers intelligens de ces détachemens, afin que tous les lieux par où la troupe doit passer, soient fouillés exactement. Il n’y en a aucun à l’abri des embuscades, parce que le terrein a beau être uni, il s’y rencontre toûjours quelques inégalités, comme de petites élevations, des chemins creux, &c. dont l’ennemi peut profiter pour se cacher. Il est d’autant plus important à un officier qui commande une troupe, de bien prendre ses précautions sur ce sujet, que celui qui tombe dans une embuscade, fournit, dit M. Defolard, un fond inépuisable de chansons, de plaisanteries & de bons mots qui ne finissent point ; & cela, dit cet auteur, parce qu’il n’y a que des sots ou de francs étourdis qui puissent y donner. (Q)

EMBUVER, (Maréchall.) Voyez Abreuver.

EMENDALS, s. m. (Comm.) c’est un vieux mot dont on se sert encore en Angleterre dans les comptes de l’inner-temple, où tant d’inémendals au bout d’un compte, signifient tant dans la banque ou dans le fonds de cette société, pour la réparation des pertes que l’on a faites, ou pour d’autres besoins.

EMENDANT, (Jurisp.) voyez ci-apr. Emender.

EMENDATIO PANIS ET CEREVISIÆ, (Commerce.) c’est ce que l’on appelle en Angleterre l’assise du pain & de la biere, ou l’autorité qui donne inspection sur les poids & les mesures de ces denrées, afin de les régler, ou de corriger celles qui sont défectueuses. Voyez Assise.

EMENDE, (Jurisp.) ancien terme qui se trouve dans plusieurs coûtumes, pour amende, comme émende d’appel, de tost-entrée ; émende coûtumiere, émende de gage. Voyez Amende, & le glossaire de M. de Lauriere, au mot Emende (A)

EMENDER, v. act. (Jurisprud.) signifie corriger, réformer. Le juge d’appel qui infirme la sentence d’un juge inférieur, se sert du terme émendant, c’est-à-dire corrigeant la sentence dont est appel ; & ensuite est le nouveau jugement que fait le juge d’appel.

Voyez Appel, Infirmer, Juge, Premier Juge, Sentence. (A)

EMERAUDE, s. f. (Hist. nat Lithol.) smaragdus, pierre précieuse transparente, de couleur verte, sans mélange d’aucune autre couleur, & à-peu-près de même dureté que le crystal. Par ces caracteres il est aisé de distinguer l’émeraude de toute autre pierre verte, & même du diamant qui auroit une couleur verte aussi belle que l’émeraude. De quelque couleur que le diamant puisse être, on le reçonnoît aisément à son éclat & à sa dureté. Voyez Diamant. L’aigue marine est d’une couleur mêlée de verd & de bleu. Voyez Aigue marine. Le péridot est d’une couleur mêlée de verd & de jaune. V. Péridot. L’émeraude est la seule de toutes les pierres précieuses occidentales & orientales, qui soit verte sans mélange d’autre couleur, si ce n’est le blanc qui se trouve dans les émeraudes imparfaites ; car il y a des crystaux d’émeraude qui sont en partie blancs & en partie verds, ou qui ont différentes teintes de verd plus ou moins foncé. Les crystaux d’émeraude ont, comme ceux du crystal de roche, la figure d’une colonne à six faces : mais au lieu d’avoir une pointe à chaque bout, elles sont terminées par une face hexagone.

Presque tous les auteurs distinguent les émeraudes en orientales & en occidentales. Ils disent que l’orientale est d’un verd gai ; qu’elle a une grande dureté, & un grand éclat qui se soûtient à l’ombre & à la lumiere de la chandelle. Aujourd’hui on ne voit aucune émeraude orientale ; s’il y en a, elles sont d’une rareté extrème. Les auteurs qui en parlent, ne conviennent point du lieu où elles se trouvent : les uns disent que c’est en Arabie, les autres en Perse, en Egypte, &c. Voyez la Biblioth. orientale. Tavernier dans son traité des pierres de couleur qui se trouvent aux grandes Indes, prétend qu’il n’y a jamais eu de mines d’émeraudes dans aucun lieu des grandes Indes : & que toutes celles qu’on y a vûes ou qui en sont venues, y avoient été apportées du Pérou par la mer du Sud. Ce voyageur croyoit que les Américains avoient eu commerce, même avant la découverte de l’Amérique, avec les habitans des îles de l’Inde orientale appellée aujourd’hui Philippine, & qu’ils y avoient porté une grande quantité d’émeraudes. Comme on ne trouve à-présent aucune émeraude dont la dureté soit égale à celle des pierres orientales, on est en droit de douter de l’existence des émeraudes de cette nature. Il y a près de quatre-vingts ans que de Rosnel disoit dans son Mercure indien, que l’on ne rencontroit presque plus d’émeraudes orientales ou de vieille roche, parce que la mine étoit épuisée, ou cachée dans un lieu inaccessible.

L’émeraude occidentale, qui est la seule que nous connoissions aujourd’hui, vient de l’Amérique & de quelques endroits de l’Europe. L’émeraude d’Amérique se trouve au Pérou : elle est bien plus belle que celle de l’Europe ; sa couleur est d’un beau verd-foncé. Il y avoit autrefois une mine de cette espece d’émeraude dans la vallée de Manta, dépendante de Porto-Viéjo. Cette mine en fournissoit beaucoup avant la conquête du Pérou, & de très-belles, au rapport de Garcilasso de la Vega, Hist. des Incas, tome I. Les Espagnols ne purent jamais la retrouver ; mais ils rapporterent de ce pays une si grande quantité d’émeraudes, que le prix de cette pierre baissa beaucoup en Espagne, & de-là il s’en répandit partout. Les émeraudes d’Amérique se trouvent aujourd’hui dans la vallée de Tunca ou Tomana, assez près de la nouvelle Carthage, & entre les montagnes de Grenade & de Popayan ; c’est de-là qu’on en transporte à Carthagene une si grande quantité tous les ans. Les émeraudes de l’Europe viennent d’Italie, de Chypre, d’Allemagne, d’Angleterre, &c. L’émeraude est une pierre fort estimée ; celles de l’Amérique, lors-