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vacations, ou qu’il allonge un procès verbal ou autre acte, afin de gagner davantage. Voyez Epices, Vacations, Honoraires, Frais & Salaires. (A)

EMONCTOIRE, s. f. (Médecine.) Ce terme qui est tiré du Latin emungere, moucher, nettoyer, en tirant les ordures, est employé pour désigner, dans l’œconomie animale, tous vaisseaux, canal, conduit ou réservoir destinés à servir à la séparation de quelque humeur excrémenticielle. Les anciens appelloient les narines l’émonctoire du cerveau, parce qu’ils croyoient que les vaisseaux de cette cavité ont la propriété d’attirer les impuretés du cerveau ; on a retenu ce mot, quoique dans une signification différente de celle-là. On dit que la peau, les reins, sont les émonctoires du corps, parce qu’il se fait par ces organes une secrétion & une excrétion abondantes des humeurs qui ne sont plus propres à aucun usage utile dans le corps humain, & même de celles qui sont viciées dans les maladies. On ne peut pas dire par conséquent des parotides, des vésicules séminales, qu’elles sont des émonctoires, puisque ces parties ne servent qu’à séparer ou à recevoir du sang des humeurs très-utiles dans l’œconomie animale. Voyez Secretion, Excrétion, & Excrementiciel. (d)

EMONDER, v. act. (Jardinage.) La façon d’élaguer ou émonder les arbres qui ne donnent point de fruit, fait sur eux le même effet que la taille sur les arbres fruitiers ; c’est par l’élagage qu’on les conduit, qu’on leur donne une belle forme, une tête élevée & gracieuse.

La regle générale est qu’un arbre de haute tige ou de haute futaie ne doit avoir qu’un jet montant jusqu’à une certaine hauteur, après laquelle on lui laisse former sa tête.

On choisit la seconde année de la pousse d’un jeune arbre la branche la plus forte & la plus droite, & l’on coupe en pié de biche toutes les autres. Lorsqu’on se trouve embarrassé dans le choix d’une branche, il en faut laisser deux jusqu’à l’année suivante que l’on coupera la moindre ; souvent même on en laisse trois pour élever mieux celle du milieu, qui est la plus droite ; & les deux autres dont on arrête la séve, ne servent qu’à l’entretenir par le moyen d’un bâton passé en-travers, appellé garrot. Ces deux branches meurent l’année suivante ; & quand celle du milieu se peut soûtenir d’elle-même, on les coupe.

La meilleure maniere de bien élever & dresser des allées, est de mettre des perches à chaque arbre pour les conduire ; il faut encore faire des treillages grossiers, liés avec de l’osier, pour soûtenir les palissades un peu fortes, & les serrer de près dès la seconde année de leur pousse, sans jamais toucher au montant.

On doit, en élagant, ne pas entamer un arbre des deux côtés, parce que ces plaies donnant peu de passage à la séve par l’écorce que l’on coupe, peuvent l’arrêter & sécher la tête, ou la faire geler dans l’hyver. On montera les arbres d’étage en étage, & modérément, crainte des vents, en choisissant des saisons peu rigoureuses, telles que la fin de l’automne ou le commencement du printems. (K)

EMOTTER, v. act. (Jardin.) c’est ôter les mottes de terre attachées à la racine d’un arbre. (K)

EMOUCHER, v. act. en terme de Maréchal, c’est chasser les mouches des chevaux qu’on ferre. Voyez Ferrer, Emouchoir, &c.

EMOUCHET, s. m. c’est un nom que les Tanneurs donnent à la queue des bœufs, vaches & veaux qu’ils préparent dans les tanneries.

Avant que de mettre les cuirs dans l’eau pour les faire dégorger, les Tanneurs en coupent les cornes, les oreilles, & l’émouchet, c’est-à-dire la queue, ainsi

nommée parce qu’elle sert à ces animaux pour chasser les mouches. Voyez Tanner.

Emouchet, s. m. Voyez Epervier.

EMOUCHOIR, s. m. (Manége.) espece de couverture qui revêt toutes les parties du corps du cheval harnaché, qui ne sont point occupées par la selle ; elle s’étend par conséquent sur la croupe, sur l’encolure & sur le sommet de la tête, & descend environ jusque sur le milieu des faces latérales de ces mêmes parties. Au haut de l’extrémité antérieure de la portion destinée à recouvrir l’encolure, sont percés deux trous à l’effet de livrer un passage aux oreilles de l’animal, & à son extrémité postérieure près de la sellette, sont attachés deux contre-sanglots que l’on arrête dans des boucles près de la pointe de l’arçon de devant. A l’égard de la portion qui garnit toute la croupe, elle est fixée d’une part à la croupiere, par le moyen d’une attache qui est cousue dans son milieu, & de l’autre & de chaque côté, par d’autres attaches qui la lient aux pointes de l’arçon de derriere : elle fournit aussi un passage à la queue. Cette sorte de couverture est bordée de toutes parts, & de cette bordure qui regne tout le long du corps de l’animal, partent à l’encolure & à la croupe des especes de cordes que nous nommons des volettes, qui descendent de maniere qu’elles jouent au moindre mouvement, & qu’étant portées alors de côté & d’autre indifféremment, elles remplissent l’intention que nous avons d’émoucher le cheval, c’est-à-dire, de le garantir de l’insulte & de la picquûre des mouches, & de chasser celles qui l’incommodent. Ces volettes n’outre-passent pas en descendant le corps de l’animal, & n’empietent que très peu sur ses extrémités.

Le mot émouchoir dérive donc de l’usage auquel cette couverture est consacrée. Quelques personnes la nomment émouchettes, mais ce terme ne paroît point adopté ; d’autres l’appellent chasse-mouche ; d’autres enfin ne la connoissent que sous un nom qui ne lui convient point, & qui est destiné à désigner une autre sorte de couverture, puisque c’est sous celui de caparasson.

Il est deux sortes d’émouchoirs ; les uns sont à mailles ou à filets, les autres sont d’un tissu suivi. Ces derniers se font ordinairement de couti, & sont plus capables de satisfaire l’objet que nous nous proposons, puisque les insectes dont nous voulons défendre l’animal, ne trouvent point comme dans les premiers, des espaces au-travers desquels ils puissent s’insinuer jusque sur les tégumens. Peut-être que quelqu’un pensera qu’ils ne parent point un cheval autant que les émouchoirs à mailles bordés d’or ou d’argent, & dont les volettes sont de soie ; mais j’imagine que l’utilité doit toûjours être préférée aux ornemens ; & d’ailleurs il n’est pas impossible de construire des émouchoirs semblables aux seconds, d’une étoffe très-riche, de les border en or, d’y ajuster des volettes d’or, si on le veut, & de porter en un mot à cet égard, le luxe & la magnificence à leur plus haut degré.

On conçoit au surplus que les émouchoirs seroient fort inutiles en hyver. Ils ne conviennent point à la chasse, par la raison qu’ils résisteroient très-peu dans les bois, dans les taillis, &c.

Il est assez commun de voir dans les provinces des émouchoirs à mailles placés sur les harnois des chevaux de carrosse.

Les émouchoirs usités relativement aux chevaux de tirage, sont de simples volettes de cordes qui sont bordées ; on attache aussi à la museliere un filet garni de volettes plus courtes.

Les Maréchaux appellent aussi émouchoir, une queue de cheval, joüant dans un manche de bois auquel elle est attachée. Ils s’en servent pour faire