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ENDECAGONE, voyez Hendécagone.

ENDECASYLLABE, (Belles-Lett.) Voyez Hendécasyllabe.

ENDEMIQUE, adj. m. & f. d’ἐνδεμός, ἐνδεμίος, vernaculus, populaire, terme de Medecine ; épithete que l’on donne à certaines maladies particulieres à un pays, à une contrée, où elles attaquent un grand nombre de personnes en même tems, & continuellement ou avec des intervalles, après lesquels la même maladie reparoît de la même nature, avec les mêmes symptomes à-peu-près.

Ainsi le plica en Pologne, les écroüelles en Espagne, le goëtre dans les pays voisins des Alpes, sont des maladies endémiques ; les fievres intermittentes dans les endroits marécageux, &c. parce qu’il y a toûjours un grand nombre de personnes dans chacun de ces lieux, qui sont affectées de ces maladies respectives.

La cause des maladies de ce caractere doit être commune à tous les habitans du lieu où elles regnent constamment ; par conséquent on ne peut la trouver que dans la situation & le climat particulier du pays, dans les qualités de l’air & des eaux qui lui sont propres, & dans la maniere de vivre. Voyez l’admirable traité d’Hippocrate, qui est relatif à ce sujet, de aëre, locis & aquis. Voyez Epidémie. (d)

ENDENTÉ, adj. en termes de Blason, se dit d’un pal, d’une bande, d’une fasce, & autres pieces de triangles alternés de divers émaux. On appelle croix endentée, celle dont les branches sont terminées en façon de croix ancrée, & qui a une pointe comme un fer de lance entre les deux crochets.

Guaschi en Piémont, tranché, endenté d’or & d’azur.

ENDENTURE, s. f. (Jurispr.) du latin indentatura. C’étoit un papier partagé en deux colonnes, sur chacune desquelles le même acte étoit écrit ; ensuite on coupoit ce papier par le milieu, non pas tout droit, mais en formant à droite & à gauche des especes de dents, afin que quand on rapporteroit un des doubles de l’acte, on pût vérifier si c’étoit le véritable, en le rapprochant de l’autre, & observant si toutes les dents se rapportoient parfaitement : c’est ce que l’on appelloit charta partita, charta indentata, & en françois chartie ou endenture. Voyez Charte partie. (A)

ENDETTÉ, adj. (Comm.) qui doit beaucoup, qui a contracté quantité de dettes. Voyez Dettes. (G)

ENDETTER une compagnie, verb. act. (Comm.) une société ; c’est contracter en leur nom des dettes considérables. Les directeurs d’une compagnie sont souvent plus propres à l’endetter & à la ruiner, qu’à l’enrichir.

Endetter, (s’) c’est faire des dettes en son propre & privé nom. (G)

ENDIVE, s. f. (Bot. Mat. méd. & Jard.) en latin endivia ou intybus, espece de chicorée : cependant Ray l’en distingue, tant à cause de ses feuilles qui sont plus courtes, & non découpées, que parce que cette plante est annuelle, au lieu que la chicorée est vivace. Il y a trois sortes d’endives en usage ; savoir l’endive à feuilles larges ou commune, la petite endive, & l’endive ou chicorée frisée.

L’endive à feuilles larges, ou commune, autrement dite chicorée blanche, est nommée par les Botanistes endivia latifolia, scariola latifolia, endivia vulgaris, &c.

Ses racines sont fibreuses & laiteuses : ses feuilles sont couchées sur terre avant qu’elle monte en tige ; elles sont longues, larges, semblables à celles de la laitue, crénelées quelquefois à leur bord, un peu ameres. Les feuilles qui sont sur la tige, sont sem-

blables à celles du lierre, mais plus petites. La tige

est haute d’une coudée, ou d’une coudée & demie ; lisse, cannelée, creuse, branchue, tortue, donnant du lait quand on la blesse. Ses fleurs naissent à l’aisselle des feuilles ; elles sont bleues, semblables à celles de la chicorée sauvage, aussi-bien que les graines.

La petite endive, en latin endivia minor, seu angustifolia, off. ne differe de la précédente que par ses feuilles qui sont plus étroites, plus ameres au goût ; & par sa tige qui est plus branchue.

L’endive ou chicorée frisée, endivia crispa seu romana, cicorium crispum, off. a ses feuilles plus grandes que celles de l’endive commune. Elles sont crêpues, & sinuées à leur fond. Sa tige est plus élevée, plus grosse & plus tendre que celle des autres endives. Sa graine est noire. Il y a long tems que les Jardiniers ont l’art de rendre frisée l’endive commune, quoique Ray regarde ces deux plantes comme étant d’une espece différente.

On seme l’endive dans les jardins, pour l’usage de la cuisine. Lorsqu’on la seme au printems, elle croît promptement, fleurit, porte des graines en été, & meurt ensuite ; mais quand on la seme en été, elle dure l’hyver, pourvû qu’on la couvre de terre au commencement de l’automne, après avoir lié auparavant ses feuilles : elle devient alors blanche comme de la neige, agréable au goût, & peut tenir lieu de salade en hyver. Voyez dans Miller l’art de sa culture.

Les feuilles fraîches d’endive verte paroissent contenir un sel essentiel, nitreux, ammoniacal, mêlé avec un peu d’huile subtile & de terre. Elles ne donnent dans les épreuves chimiques aucune marque d’acide, à cause de la grande quantité de sel urineux. Les feuilles d’endive que l’on a blanchies en les liant, donnent quelqu’acide, mais moins de sel volatil & de terre. Leur suc, quand on les lie pour les blanchir, fermente un peu intérieurement ; & par-là les sels volatils, qui sont en grande quantité dans cette plante, sont un peu développés, s’envolent en partie, & il reste de l’acide & de l’eau : la terre est, par cette même fermentation, mêlée plus intimement avec les autres principes. Ces feuilles ainsi blanchies, sont plus tendres & plus agréables au goût, que lorsqu’elles sont vertes, à cause de la partie acide, qui est plus développée avec les sels alkalis & les huiles. Les feuilles vertes sont ameres, à cause de la grossiereté des molécules salines, & de leur différent mélange avec l’huile & la terre.

Les endives ne sont guere moins connues dans les boutiques d’apoticaires que dans les cuisines ; on les y employe vertes & blanchies, sur-tout les feuilles, rarement les graines, & presque jamais les racines. Toutes les endives sont rafraîchissantes, détersives & apéritives, en vertu de leur sel nitreux, ammoniacal, subtil, délayé dans beaucoup de flegme. Elles rafraîchissent encore, en emportant les humeurs retenues dans les visceres ; elles amollissent & détachent la bile visqueuse ; elles divisent la sérosité gluante ou la pituite épaissie. Elles sont donc utiles dans la jaunisse, dans les fievres ardentes & bilieuses, dans les obstructions du foie, dans toutes les inflammations & les hémorrhagies : en un mot, ses vertus sont les mêmes que celles de la chicorée. On les employe dans les bouillons, les aposemes tempérans, rafraîchissans & apéritifs. On les joint commodément aux feuilles de bourache, de buglose, de laitue, de pourpier, de pimprenelle, d’aigremoine, de scolopendre, de fumeterre. On en donne aussi le suc clarifié, ou la décoction, à la dose que l’on veut. Enfin la graine d’endive est mise au nombre des quatre petites semences froides, & entre dans les émulsions, au défaut des autres graines. Voyez