ou du congre pour la figure du corps, si ce n’est qu’il est plus court à proportion de sa grosseur, plus applati par les côtés, & d’une couleur plus pâle : cependant Rondelet le trouve parfaitement ressemblant au congre. Bellon rapporte que les pêcheurs de Rome le font passer pour le congre ; mais je l’ai toûjours vû plus petit, & seulement de la longueur de huit pouces. Cet auteur ajoûte que les poissons de cette espece que l’on pêche dans la Méditerranée, n’ont au plus qu’une palme de longueur ; & Rondelet les met au nombre des petits poissons. La donzelle a le dos cendré, & le milieu des côtés du corps de couleur argentée ; ses écailles paroissent fort petites, & different de celles des autres poissons en ce qu’elles sont oblongues & étroites, & qu’au lieu d’être posées les unes sur les autres, elles sont éparses & dispersées sans ordre ; la bouche est grande, les machoires sont hérissées d’un grand nombre de petites dents : il y a de plus trois éminences, composées de très-petites pointes fort près les unes des autres ; l’une de ces éminences est au-dessus du palais, & les deux autres au-dessous. Ce poisson a la langue pointue, l’iris de couleur argentée, & les yeux assez grands, & recouverts d’une membrane ; ce qui se trouve dans plusieurs autres poissons : celui-ci n’a, comme l’anguille, qu’une paire de nageoires, qui sont auprès des oüies. Il y a sur le dos une nageoire qui commence à deux pouces & demi de distance de la tête, & qui se prolonge jusqu’à la queue ; une autre nageoire s’étend aussi jusqu’à la queue depuis l’anus. Le bord de ces deux nageoires, & celui de la queue, est noirâtre, comme dans le congre ; ce qui forme une ligne noire qui commence près de la tête, qui entoure la queue, & qui aboutit à l’anus. Il y a sous le menton quatre barbillons d’un pouce de longueur.
On trouve grand nombre de ces poissons à Venise ; leur chair est blanche & dure : Bellon la donne pour très-délicate.
Rondelet donne le nom de donzelle jaune, à un poisson qui se pêche dans l’île de Lérins ; il ne differe de la donzelle dont on vient de donner la description, qu’en ce qu’il n’a point de barbillons, & qu’il est de couleur jaune. Willughby, hist. pisc. Voyez Poisson. (I)
DONZENAI, (Géog. mod.) ville du Limosin en France, à l’élection de Brives.
DONZY, (Géog. mod.) ville de France, capitale du Donziois, petite contrée du Nivernois. Lon. 20. 35. lat. 47. 22.
Il y a une autre ville du même nom, dans l’élection de Roanne, généralité de Lyon.
DOOM’S-DAY-BOOK, (Hist. mod.) c’est-à-dire, livre du jour du jugement. Ces termes, consacrés dans l’histoire d’Angleterre, désignent le dénombrement fait par ordre de Guillaume I. de tous les biens de ses sujets : l’on nomma ce dénombrement livre du jour du jugement, apparemment pour signifier que les biens des Anglois étoient épluchés dans ce livre, comme les actions des hommes le seront dans cette grande journée. En effet, le roi n’oublia rien pour avoir le cens le plus exact de tous les biens de chaque habitant de son royaume ; les ordres séveres qu’il donna pour y parvenir, furent exécutés avec une fidélité d’autant plus grande, que les préposés aussi-bien que les particuliers, eurent raison de craindre un châtiment exemplaire, s’ils usoient de fraude ou de connivence en cette occasion.
Ce cens fut commencé l’an quatorzieme, & fini le vingtieme du regne de ce monarque. Il envoya en qualité de commissaires, dans toutes les provinces, quelques-uns des premiers comtés & évêques, lesquels après avoir pris le rapport des jurés, & autres personnes qui avoient prêté serment dans chaque
comté & centaine, mirent au net la description de tous les biens meubles & immeubles de chaque particulier, selon la valeur du tems du roi Edoüard. Ce fait est exprimé dans le registre par les trois lettres T. R. E. qui veulent dire tempore regis Eduardi.
Comme cette description étoit principalement destinée à fournir au prince un détail précis de ses domaines, & des terres tenues par les tenanciers de la couronne, on voit qu’à l’article de chaque comté le nom du roi est à la tête, & ensuite celui des grands tenanciers en chef selon leur rang. Toute l’Angleterre, à la reserve du Westmoreland, Cumberland, & Northumberland, fut soigneusement décrite avec une partie de la principauté de Galles ; & cette description fut couchée sur deux livres, nommés le grand & le petit livre du jour du jugement : le petit livre renferme les comtés de Norfolk, de Suffolk, & d’Essex ; le grand contient le reste du royaume.
Ce registre général, qu’on peut appeller le terrier d’Angleterre, fut mis dans la chambre du thrésor royal, pour y être consulté dans les occasions où l’on pourroit en avoir besoin, c’est-à-dire, suivant l’expression de Polidore Vergile, lorsqu’on voudroit savoir combien de laine on pourroit encore ôter aux brebis angloises. Quoi qu’il en soit, ce grand registre du royaume, qu’on garde toûjours soigneusement à l’échiquier, a servi depuis Guillaume, & sert encore de témoignage & de loi dans tous les différens que ce registre peut décider.
Il faut convenir de bonne foi, de l’admirable utilité d’un tel dénombrement. Il est pour un état bien policé, ce qu’un livre de raison est pour un chef de famille, la reconnoissance de son bien, & la dépense plus ou moins forte qu’il est en état de faire en faveur de ses enfans : mais autant un journal tenu par ce motif est loüable dans un particulier, autant le principe qui inspira Guillaume à former son dénombrement étoit condamnable. Ce prince ne voulut connoître le montant des biens de ses sujets, que pour les leur ravir ; regardant l’Angleterre comme un pays de conquête, il jugea que les vaincus devoient recevoir comme une grace signalée ce qu’il voulut bien leur laisser. Maître du throne par le succès de ses armes, il ne s’y maintint que par la violence, bien différent de Servius Tullius, qui, après avoir le premier imaginé & achevé son dénombrement, résolut d’abdiquer la couronne, pour rendre la liberté toute entiere aux Romains. Artic. de M. le Chevalier de Jaucourt.
DORADE ou DAURADE, ou HERBE DORÉE, subst. f. (Hist. nat. bot.) est une plante qu’on a ainsi nommée en Languedoc, parce qu’au grand soleil ses feuilles paroissent de couleur d’or. Elle est connue, en Botanique, sous le nom de ceterach, en arabe ; asjolenium, en latin. Voyez Capillaire & Ceterach. Voyez aussi la description suivante plus détaillée.
C’est une espece de capillaire, dont les feuilles ressemblent assez à celles du polipode, quoique plus petites ; elles sont découpées à leur bord, en partie rondes, & comme festonnées ; le dos en est rougeâtre ou jaune, & porte de petits fruits faits en boule membraneuse, qui s’ouvre en deux parties dans leur maturité ; alors elles répandent une poussiere très-fine, qui est la vraie graine de la plante : c’est la même structure que dans les fougeres. Les feuilles sont portées sur des tiges rondes & dures, qui se réunissent en une touffe, du milieu de laquelle, à-peu-près, sortent des racines menues & filamenteuses. Les feuilles coupées près de la tige venant à se dessécher, se croquevillent, & imitent alors par leur figure le corps & les pates d’un insecte appellé scolopendre ; aussi quelques botanistes l’ont-ils appellé scolopendria, ou scolopendrium verum. Elle se nomme encore en castillan