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sa de nouveaux réglemens que l’on rédigea en trente-un articles, & qui furent approuvés, confirmés & homologués par des lettres-patentes données au mois de Septembre de la même année.

Les statuts faits en 1576, en conséquence de l’ordonnance d’Orléans, pour la correction & la réformation de tous les statuts & réglemens donnés jusqu’alors aux maîtres des communautés érigées en corps de jurande, different peu de ceux de 1357 ; d’une part ils expliquent & reglent la police & la discipline du corps, & de l’autre ils contiennent le détail des ouvrages que les Lormiers peuvent fabriquer & vendre.

La séparation des Eperonniers & des Selliers, opérée en 1678, ne porta aucune atteinte à leurs droits ; les Lormiers-Eperonniers s’étant fait maintenir en l’année 1717 par arrêt du Parlement, dans la faculté de faire & de vendre des carrosses & autres semblables voitures & ouvrages, ainsi qu’elle leur étoit accordée dans leurs anciens réglemens ; & les Lormiers-Selliers-Carrossiers ayant conservé dans leurs statuts de 1678, le privilége de forger, dorer, argenter, vernir & vendre toutes sortes d’étriers, mors, éperons, &c.

Au surplus, S. Eloi étoit autrefois le patron des Lormiers-Eperonniers, comme il l’est encore des Selliers-Lormiers-Carrossiers ; mais la communauté des Eperonniers de la ville & fauxbourgs de Paris n’invoque à-présent que S. Leu & S. Gilles, parce que le nommé Gilles ancien juré de ce corps, & sa femme, laisserent à la confrairie qui est érigée dans l’église de S. Jacques de la Boucherie, une somme, à condition que S. Gilles en seroit à l’avenir le patron. La loi par laquelle Gilles a voulu immortaliser son nom, & qui a contraint cette communauté de renoncer à la protection de S. Eloi, ne lui a rien offert que d’avantageux, puisqu’outre les fonds dont elle a été gratifiée, elle a acquis un patron de plus. (e)

EPERVIER, s. m. (Hist. nat. Ornith.) accipiter, fringillarius, seu recentiorum nisus ; oiseau de proie gros comme un pigeon. Il a près de treize pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & l’envergure est de deux piés. Le bec est court, crochu, & de couleur bleue, excepté la pointe qui est noire. La machoire supérieure a sur sa base une membrane de couleur livide, & de chaque côté une sorte d’appendice pointu qui se trouve au-dessous des narines ; elles sont oblongues : le palais est bleu, la langue épaisse & noirâtre : les yeux sont de médiocre grandeur : l’iris est jaune, & les sourcils sont fort avancés. Le sommet de la tête est brun ; le derriere de la tête, & la partie qui est au-dessus des yeux, sont tachés de blanc : le dos, les épaules, les ailes & le dessous du cou sont bruns, excepté quelques plumes des ailes les plus près du dos, qui ont des taches blanches. Le dessous du cou, la poitrine, le ventre, les côtés, le dessous des ailes, sont colorés de blanc & de brun par bandes transversales, & alternativement blanches & brunes : les blanches sont les plus larges. Les ailes pliées sont bien moins longues que la queue ; elles ont vingt-quatre grandes plumes. La queue a près de deux palmes de longueur ; elle est composée de douze plumes, & traversée par cinq ou six bandes noirâtres : la pointe de ses plumes est blanche. Les cuisses sont grosses, les jambes minces & jaunâtres, & les doigts également longs ; l’extérieur est attaché à celui du milieu par une membrane, jusqu’à la premiere articulation. Les ongles sont noirs. La femelle pond cinq œufs qui sont blancs ; il y a vers le gros bout une espece de couronne formée par des taches rouges. Cet oiseau, quoique de grosseur médiocre, est très-fort & très-courageux ; on le dresse pour la chasse. Willugh. Ornith. Voyez Oiseau. (I)

* Epervier du Furet, terme de Pêche ; sorte de filet avec lequel on prend le poisson dans les rivieres. C’est un grand sac de rets dont la forme est conique, & dont les mailles ont onze lignes en quarré. Le bord inférieur de ce filet est garni de plomb : le tout est retenu par une corde fixée au sommet du cone. On pose ce filet sur l’épaule, comme un manteau à l’espagnole, & de l’autre bras on le jette à l’eau, ensorte qu’il se développe, & que les plommées forment un cercle qui fait couler le filet à fond, & le disposent en tombant en une espece de voûte sous laquelle le poisson se trouve renfermé sans en pouvoir sortir. On retire ensuite le filet par son cordon, & les plombs dont l’extrémité inférieure est garnie, se réunissent, & empêchent le poisson de sortir pendant qu’on retire le filet.

La pêche avec l’épervier est défendue par l’ordonnance de 1669. Voyez nos Planches de Pêche.

EPETER, v. act. (Jurisp.) quasi appetere, est un ancien terme de coûtumes qui signifie empiéter sur l’héritage d’autrui. Voyez la coûtume de Troyes, art. 130 ; Pithou sur cet article. (A)

EPHA, s. m. (Hist. anc.) mesure greque qui étoit en usage parmi les Hébreux. Voyez Mesure.

L’épha étoit la mesure la plus commune parmi les anciens Juifs, par laquelle se régloient les autres. On croit que cette mesure réduite à celle des Romains, contenoit quatre boisseaux & demi : chaque boisseau de grain ou de farine pesoit vingt livres ; ainsi l’épha pesoit quatre-vingts-dix livres. Le docteur Arbuthnot réduit l’épha à trois picotins ou pintes d’Angleterre.

L’Ecriture vante l’hospitalité de Gédéon, pour avoir fait cuire un épha de farine pour un ange seul ; ce qui auroit pû suffire à la nourriture de quarante-cinq hommes pendant un jour. Chambers. (G)

EPHEBEUM, s. m. (Littérat.) L’ephebeum étoit une piece particuliere du gymnase où les jeunes gens qui n’avoient pas atteint leur seizieme année, & qu’on nommoit éphebes par cette raison, s’assembloient de grand matin pour y prendre les exercices dans le particulier & sans avoir de spectateurs. Rien ne manquoit parmi les Grecs & les Romains pour procurer tous les secours nécessaires à la jeunesse qui vouloit s’instruire & se perfectionner dans les exercices. Nous pourrions prendre dans Vitruve une idée de la grandeur des édifices publics destinés à cette branche de l’éducation, de leur nombre, de leurs diverses parties & de leur distribution ; mais nous ne lisons ni Vitruve, ni les auteurs d’antiquités. Nous croyons en voyant nos colléges & nos académies, que nous avons des merveilles inconnues aux siecles passés. Combien souvent & à combien d’égards peut-on nous dire : « ô Athéniens ! vous n’êtes que des enfans, vous pensez comme des enfans ». Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPHELIDE, s. f. (Medecine.) ἔφηλις, mot composé de la préposition ἐπί, qui dans ce cas a la signification de par, & d’ἥλιος, soleil. C’est le nom que les Grecs ont donné aux taches rousses, noires, sans élevation, qui surviennent à la peau des parties qui restent habituellement découvertes, sur-tout au visage.

Ces taches sont ordinairement l’effet du soleil, à l’ardeur duquel on a resté exposé ; elles sont quelquefois accompagnées d’âpreté, de rudesse dans l’épiderme ; quelques-unes ont la figure & l’étendue d’une lentille ; elles sont distinguées par le nom de lentigines, que leur donnent les Latins. Celles de cette espece peuvent être produites par la seule application de l’air chaud, ou par la réverberation des rayons du soleil (Voyez Lentille) : d’autres sont étendues sur toute la surface des parties qui ont été