Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/942

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

siere des grains ergotés ne paroît pas contagieuse comme la poussiere des grains de froment cariés. Voyez l’article Grains, où nous donnerons un extrait plus étendu de l’excellent ouvrage de M. Tillet ; ouvrage également recommandable par l’importance de l’objet qu’il se propose, & par l’intelligence avec laquelle il l’a rempli.

L’auteur, depuis la publication de sa dissertation imprimée à Bordeaux en 1755, dédiée & présentée au Roi au mois de Mai de la même année, a ajoûté à cette dissertation de nouvelles réflexions, fruit de ses nouvelles expériences, & imprimées à Paris dans le cours du même mois de Mai. Voici en peu de mots un précis de ce qu’on lit sur l’ergot dans ces nouvelles recherches.

M. Tillet a trouvé quelques épis ergotés, tant dans les endroits où il avoit semé le seigle pur, que dans ceux où il avoit été sali avec la poussiere de quelques ergots broyés ; preuve que cette poussiere n’a rien de contagieux pour le grain.

Il a conservé, malgré le grand froid, plusieurs des insectes ou petites chenilles qu’il avoit trouvées dans les grains ergotés. Quelques-unes se changerent en assez jolis papillons d’une très-petite espece, semblables à d’autres que M. Tillet avoit vûs sur la surface de l’eau d’un cuvier exposé au soleil, & qu’il ne se rappelle point d’avoir vûs en plaine campagne. Ces papillons avoient attaché à des grains de seigle des œufs qui avoient produit les petites chenilles, auxquelles les ergots ont servi de nourriture. Il y a apparence, suivant les observations de M. Tillet, que l’ergot commence à se former par le suintement de la liqueur contenue dans le grain altéré par l’insecte.

Parmi un grand nombre d’ergots, il n’y en a qu’un très-petit nombre qui contiennent des chenilles ; la plûpart des grains, altérés simplement par l’insecte, selon M. Tillet, ne reçoivent point d’œufs, ou les œufs périssent. Quelquefois une chenille consomme entierement l’ergot, & n’y laisse que l’écorce, qui sert alors comme d’enveloppe à l’insecte.

S’il y a des années où l’ergot est très-commun, & d’autres où il est très-rare, il est facile d’expliquer ces différences par le tems plus ou moins favorable à la propagation des chenilles, les accidens qui peuvent les faire périr, &c. C’est ainsi qu’il y a des années où les arbres à fruit souffrent considérablement, & d’autres où ils sont très-peu endommagés, selon que l’année est plus ou moins favorable à la production des insectes qui dévorent ces fruits. (O)

Ergot, s. m. (Manége, Maréchallerie.) Nous appellons de ce nom un corps d’une consistance plus ou moins molle, d’un volume plus ou moins considérable dans certains chevaux que dans d’autres, & d’une forme vague & irréguliere, qui est situé sur chaque jambe derriere le boulet, & que le fanon recouvre ; communément il a moins de dureté que la châtaigne, & cette espece de corne est dénuée toûjours de poil. Je ne sais quelle est l’intention des Maréchaux, qui pratiquent sur ce corps une incision cruciale, & qui le fendent ainsi dans le cas des enflûres des jambes, des boulets, & dans celui des eaux, des mules traversines, des grappes, &c. ce qu’ils appellent desergoter. Je ne leur ferai néanmoins aucune question à cet égard, parce que je suis très persuadé que leur réponse ne présenteroit rien de satisfaisant. Ce dont je ne suis pas moins assûré, c’est qu’une pareille opération est inutile, & en pure perte. (e)

ERGOTÉ, (Venerie.) un chien est ergoté quand il a un ongle de surcroît au-dedans & au-dessus du pié.

ERGUET, terme de Pêche. Voyez l’article Coleret.

ERICTHONIUS, (Astron.) nom d’une constellation astronomique, qui est la même que le cocher, auriga. Voyez Cocher. (O)

ERIDAN, s. m. (Astron.) nom que les Astronomes ont donné à la troisieme constellation des quinze méridionales. Cette constellation de l’hémisphere méridional, & qu’on représente sur le globe par une riviere, consiste, suivant le catalogue de Ptolomée, en trente étoiles ; en dix-neuf, suivant Tychobrahé ; & en soixante-huit, suivant Flamsteed. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Eridan, s. m. (Géog.) ancien nom du Pô, que Virgile appelle le roi des fleuves (Géorg. liv. I. v. 482). Les poëtes l’ont rendu célebre par la fable de la chûte de Phaéton. Voyez la peinture de Lucain dans sa Pharsale de la traduction de Brébeuf, qui est un bon morceau dans cet endroit. Voyez le Dictionn, de Trévoux. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ERIÉ, (Géog. mod.) grand lac du Canada, d’environ 300 lieues de circuit.

* ERIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques ainsi nommés d’Erius l’ancien, qui vivoit sous Valentinien I. l’an 349 de J. C. il prétendoit qu’il n’y avoit aucune différence entre un évêque & un ancien ; que les évêques ne pouvoient conférer l’ordre ; que la priere pour les morts étoit superflue ; qu’il ne falloit prescrire aucun jeûne ; & qu’il ne falloit laisser approcher de la sainte cene, que ceux qui avoient absolument renoncé au monde.

ERIGER, v. act. terme qui dans l’art de bâtir, signifie élever ; ainsi on dit ériger un mur, ériger un pan de bois, &c.

ERIGNE ou AIRIGNE, s. f. petit instrument de Chirurgie, terminé par un crochet, dont on se sert pour élever & soûtenir des parties qu’on veut disséquer, afin de les couper plus facilement.

Il y a des érignes simples qui n’ont qu’un crochet, & des doubles qui en ont deux.

Cet instrument est composé de deux parties, de la tige, & du manche. La tige est une pyramide d’acier, exactement cylindrique, qui a environ trois pouces de long ; son extrémité postérieure est une mitre qui est ordinairement appuyée sur un manche ; du milieu de la mitre, & du côté postérieur, qui est plane & limé grossierement, il s’éleve une soie quarrée, d’un pouce & demi de haut, qui s’ajuste dans le manche, & y est fixée avec du mastic.

L’extrémité antérieure est une espece d’aiguille recourbée, crochue, & fort pointue : dans l’érigne double, c’est une fourche ou double crochet.

Cet instrument est monté sur un manche d’ébene ou d’ivoire, qui peut avoir six lignes de diametre dans l’endroit le plus large, & trois pouces de longueur ; il est fait à pans, pour présenter plus de surface, & être tenu avec plus de fermeté.

Cet instrument donne la facilité de disséquer, & d’emporter des petites glandes gonflées, qui ont échappé à l’extirpation d’une grosse tumeur ; il est aussi d’usage dans l’opération de l’anevrisme, pour soûlever l’artere, afin d’en faire la ligature, sans y comprendre le nerf & la veine. On peut se servir aussi d’une érigne d’argent, dont la pointe soit mousse dans l’opération de la hernie, pour faire l’incision du sac herniaire, &c. Cet instrument sert plus en Anatomie qu’en Chirurgie ; il convient sur-tout pour soûlever le filet nerveux dans la dissection de ces parties. Voyez les figures 9 & 10, Planche XXVI. (Y)

ERINACEA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plantes qui different du genista-spartium, en ce qu’elles sont chargées d’épines. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

ERINACEUS, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de