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à la dose d’une once dans du son ; ou, si l’on veut, on humectera cet aliment avec une forte décoction de ces mêmes bois, dans laquelle on fera infuser une once de crocus metallorum.

Quant aux topiques & aux remedes externes, les cataplasmes émolliens, ou les cataplasmes anodyns, seront employés pour éteindre la chaleur, adoucir la cuisson & relâcher la peau, dont l’épiderme se sépare quelquefois en forme de vessie ou en forme d’écailles farineuses ; ce qui sollicite & précipite la chûte des poils. On se servira ensuite de l’eau de fleur de sureau, dans laquelle on fera dissoudre du sel de Saturne ; on l’aiguisera avec quelques gouttes d’esprit-de-vin camphré, & on en bassinera fréquemment la partie, pour résoudre enfin l’humeur arrêtée, & pour faciliter la transpiration ; & par le secours de tous ces remedes réunis, mais administrés avec connoissance, l’animal parviendra à une guérison entiere & parfaite. (e)

ERETHISME, s. m. (Medecine.) ἐρεθισμὸς, irritamentum. C’est une sorte d’affection des parties nerveuses, dans laquelle il s’excite une plus grande tension ou une crispation de leur tissu qui souffre quelqu’irritation, d’où s’ensuit plus de sensibilité.

Cet état est produit par le mouvement déréglé & trop impétueux des esprits animaux, qui sont le principe de l’action de tous les organes du corps humain. Voyez Irritabilité, Spasme. (d)

ERFORT, (Géog. mod.) ville d’Allemagne ; elle est capitale de la haute Hongrie : elle est située sur le Gere. Long. 28. 55. lat. 51. 4.

* ERGANE, (Myth.) surnom de Minerve : il vient de ἔργον, art ; ainsi Minerve-Ergane, ou Minerve inventrice des arts, c’est la même chose. En effet, on attribuoit à cette divinité l’invention de l’art militaire ; de l’architecture ; de l’ourdissage de la toile ; du fil, de la tapisserie, des draps, du linge, &c. des chariots ; de la flûte ; des trompettes ; de la culture de l’olivier, &c. C’étoit à ces titres qu’elle avoit un autel dans Athenes, & c’étoit-là que sacrifioient les descendans de Phidias.

* ERGASTULE, s. m. (Hist. anc.) c’étoit un lieu soûterrain ou cachot qui ne recevoit le jour que par des soupiraux étroits, où les Romains renfermoient à leurs campagnes les esclaves condamnés pour quelques forfaits aux travaux les plus pénibles. Un ergastule pouvoit contenir jusqu’à quinze hommes : ceux qui y étoient confinés, s’appelloient ergastules, & leur geolier, ergastulaire. On y précipita dans la suite d’honnêtes gens qu’on enlevoit & qui disparoissoient de la société, sans qu’on sût ce qu’ils étoient devenus. Ce desordre détermina Adrien à faire détruire ces lieux. Théodose ordonna la même chose par une autre considération, le desordre causé dans la société par les ergastules, lorsqu’ils étoient mis en liberté par des factieux qui brisoient leurs fers, & qui se les associoient.

* ERGATIES, adj. pris sub. fêtes que les Spartiates célébroient en l’honneur d’Hercule.

ERGOT, s. m. (Hist. nat.) C’est ainsi que l’on appelle une sorte de corne molle qui se trouve derriere le boulet du cheval, qui est recouverte par le poil du fanon. On a aussi donné le même nom aux châtaignes ou lichenes du même animal, qui sont de petites tumeurs sans poil, de la grosseur d’une châtaigne, & de la consistence d’une corne molle : il y en a une dans chacune des quatre jambes, placée, dans celles de devant, en-dedans du bras, un peu au-dessus & à côté du genou ; & dans les jambes de derriere, un peu au-dessus & à côté du jarret. Mais les ergots proprement dits, sont derriere les boulets du cheval & des animaux à pié fourchu : ceux-ci en ont deux à chaque pié ; ils sont composés chacun d’une corne de même nature que celle des sabots de

chaque doigt. On nomme, en terme de chasse, les ergots du sanglier, du cerf, du chevreuil, &c. les gardes. On a aussi donné le nom d’ergot aux éperons du coq. Voyez Coq. (I)

Ergot, (Agricult. & Econom. domest.) maladie singuliere dont le seigle est attaqué. Quelques-uns donnent ce nom au grain même qui est attaqué de la maladie, & qu’on appelle aussi blé cornu ; & ces noms viennent en général de ce que le grain de seigle malade a quelque ressemblance avec la figure d’un ergot de coq. Langius, medecin & savant naturaliste, est un des auteurs qui ont le mieux décrit cette maladie du seigle, & ses effets funestes. Voyez Act. Lips. 1718, p. 309. Les grains attaqués sont plus gros que les autres ; d’une couleur noire ; ont un goût acre ; sont fendus en plusieurs endroits, suivant leur longueur, &c. Le seigle ergoté, mêlé dans le pain, produit des effets funestes : c’est sur-tout en 1709 qu’on l’a observé. Les seigles de la Sologne contenoient près d’un quart de blé-cornu, que les pauvres gens négligeoient de séparer du bon grain, à cause de l’extreme disette qui suivit le grand hyver : le pain infecté de ce blé, donna à plusieurs une gangrene affreuse, qui leur fit tomber successivement & par parties tous les membres. Voyez mém. acad. des Sciences, 1709, pag. 63.

La plûpart des auteurs qui ont parlé de cette maladie, l’attribuent aux brouillards qui gâtent les épis. M. Tillet, directeur de la monnoie de Troyes, combat cette explication, dans une excellente dissertation sur la cause qui corrompt les grains de blé dans les épis ; dissertation couronnée avec justice par l’académie de Bordeaux en 1754, & imprimée dans la même ville en 1755. Comment, dit-il, les brouillards qui produisent l’ergot dans le seigle, ne produisent-ils jamais cette maladie dans l’orge, dans l’avoine, ni même dans une quantité prodigieuse d’épis de froment sans barbe, & où l’on ne voit presque jamais d’ergot ? D’ailleurs les brouillards couvrant ordinairement une certaine partie de terrein, devroient produire un effet assez général ; or souvent un épi est ergoté, sans que son voisin le soit ; un arpent est ergoté, sans que l’arpent voisin ait souffert : un épi même n’est jamais entierement ergoté. Enfin le seigle qui est au haut des pieces ensemencées, est attaqué de l’ergot, comme celui qui est au bas, & qui sembleroit devoir plus souffrir de l’humidité & du brouillard ; & le seigle est ergoté dans les années seches comme dans les pluvieuses. A ces preuves on peut ajoûter les suivantes. L’ergot n’est pas une maladie particuliere au seigle, il attaque la plante appellée gramen loliaceum, le gramen micosuros de la plus petite espece, & l’ivraie. Ces trois plantes sont ergotées dans des lieux & des tems secs, comme dans des lieux & des tems humides. Souvent ces plantes ne souffrent point de l’ergot dans des lieux inondés, où le seigle & le froment sont noyés sans ressource. L’ergot ne vient donc point de l’humidité.

M. Tillet croit devoir plûtôt l’attribuer à la piquûre de quelqu’insecte ; en examinant plusieurs grains de seigle ergotés, il y a apperçû un petit ver à peine sensible aux yeux : ce ver renfermé dans un gobelet de crystal avec le grain ergoté, se nourrit de ce grain, & le consomme. En ce cas l’ergot seroit semblable à plusieurs maladies qu’on observe dans d’autres plantes, & qui sont causées de même par des piquûres d’insectes. Voyez Galle, &c.

Langius croit qu’il y a de l’ergot nuisible à ceux qui en mangent, & de l’ergot qui ne l’est pas. M. Tillet croit que l’ergot est toûjours nuisible, mais qu’il doit être pour cela en certaine quantité.

Le froment, selon les observations de M. Tillet, est aussi sujet à l’ergot, mais le cas est rare : la pous-