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ETABLAGE ou ETELLAGE, ou plûtôt ETALAGE, s. m. (Jurisprud.) en quelques coûtumes, comme en celle de Saint-Pol, art. 29, est un droit que le seigneur prend pour permettre aux marchands d’exposer & étaler leurs marchandises en vente. Ailleurs ce droit est appellé hallage, plaçage. (A)

Etablage, s. m. (Art milit.) C’est ainsi qu’on appelle dans l’Artillerie, l’entre-deux des limonieres d’un avant-train ou d’une charrette. (Q)

ETABLE, s. m. (Econom. rustiq.) est un petit bâtiment dans la basse-cour d’une maison de campagne, ou une espece d’angard fermé où l’on tient le bétail. On appelle bouverie, celle où l’on met les bœufs ; bergerie, celle où l’on met les moutons, &c. Voyez Bergerie, &c. (P)

Etable, s. f. (Marine.) C’est la continuation de la quille du navire, laquelle commence à l’endroit où la quille cesse d’être droite. Voyez Etrave. (Z)

Etable, s’aborder de franc-étable. (Marine.) C’est lorsque deux bâtimens se présentent la proue pour s’aborder ou s’enfoncer avec leurs éperons. S’aborder en belle ou debout au corps, c’est s’aborder par les flancs. (Z)

ETABLER, v. act. (Manége, Maréchallerie.) mot particulierement usité dans les haras, pour désigner l’action de mettre les poulains, les étalons & les jumens dans l’écurie. Voyez Haras. (e)

* ETABLI, s. m. terme d’Art commun à presque tous les ouvriers : ils ont chacun leur établi. L’établi du bijoutier est une espece de table ayant tout-autour plusieurs places cintrées, pour autant d’ouvriers qui y travaillent. Ces places sont garnies vers le milieu d’une cheville plate, sur laquelle ils appuient leur ouvrage ; d’une peau en-dessous pour recevoir les limailles ; & d’un ou plusieurs tiroirs pour différens usages. Il faut que l’établi soit placé de maniere que toutes les places reçoivent également le grand jour. Il est soûtenu par un ou plusieurs piliers, outre qu’il est attaché ordinairement à l’appui d’une fenétre. Voyez les Planches du Bijoutier.

Celui du Ceinturier, sur lequel il taille son ouvrage, est une espece de table ou comptoir de bois de la longueur de quatre ou cinq piés. Il en faut dire autant de celui du Chaînetier, du Charpentier, du Chauderonnier.

Mais outre cet établi commun à tant d’artisans, les Chauderonniers en ont encore un qui leur est propre, & qui fait une des principales parties de la machine qu’ils appellent tour à chauderons : on en parle ailleurs Voy. Tour des Chauderonniers, & la figure, Planche du Chauderonnier.

L’établi du Ciseleur n’a rien de particulier.

Celui des Corroyeurs est une table faite de plusieurs planches fort unies & bien jointes ensemble, sur laquelle les Corroyeurs donnent le suif, l’huile, les couleurs aux cuirs, & toutes les façons, avec l’estive & la pommelle. Cette table a ordinairement trois piés & demi de largeur, & huit à neuf piés de longueur ; elle est posée sur deux ou trois treteaux, & assujettie de maniere que les mouvemens que les ouvriers se donnent en travaillant, ne puissent l’ébranler.

Le Marbreur de papier a deux établis ; l’un qui lui sert pour marbrer, & l’autre pour lisser. Le premier lui sert à poser le baquet, les peignes & les pots à couleurs ; il broye sur l’autre les couleurs & lisse le papier marbré, & pour cet effet il est chargé de deux marbres ou pierres de liais, propres à ces deux usages différens. Voyez les Planches du Marbreur.

Voyez l’établi pour travailler les pierres de rapport, & l’étau qui sert à les tenir pour les scier, dans les Planches du Marqueteur en pierres de rapport.

L’établi des Menuisiers est une grosse table de bois d’hêtre pour l’ordinaire, montée sur quatre piés de bois de chêne forts à proportion, assemblés à doubles tenons dans ladite table, & par le bas avec quatre traverses ; & à un pié du bout, & à trois pouces de la rive ou bord du devant, est une mortoise quarrée qui perce de part en part de trois pouces en quarré, dans laquelle est un morceau de bois semblablement quarré, de neuf à dix pouces de long, dans lequel est monté le crochet de fer : c’est ce qui s’appelle boîte du crochet. Voyez les Planches de Menuiserie.

L’établi des Plombiers est une table de bois soûtenue par des treteaux placés de distance en distance : il a à une de ses extrémités un moulinet, avec une sangle autour, garnie d’un crochet de fer. Cet établi leur sert pour fondre les tuyaux sans soudure. Le moulinet & la sangle sont destinés à tirer des moules le boulon qui leur sert de noyau, lorsque la fonte est faite. Voyez les Planches du Plombier.

Celui des Tailleurs d’habits est une large table sur laquelle ils coupent les habits ; & lorsque la besogne est taillée, ils montent sur cette table, se croisent les jambes sous eux, & travaillent à coudre & à achever leurs ouvrages.

L’établi des Bourreliers & des Selliers n’est autre chose qu’un dessus de table de quatre piés de longueur, & d’un pié & demi de largeur ; il est mobile, & se place sur une espece de bahut dans lequel ils jettent les rognures de leurs cuirs : c’est sur cette table que ces ouvriers coupent & taillent leurs cuirs avec le couteau à pié.

Etabli, part. terme de Marine dont on se sert quelquefois pour dire être situé & gissant, & ce en parlant d’une côte : par exemple, la côte du Perou & du Chili est établie nord & sud, pour dire qu’elle est située nord & sud. (Z)

* ETABLIR, v. act. (Grammaire.) terme fort usité dans la société, où il a diverses significations déterminées par les expressions qu’on y ajoûte. Voici les principales :

Etablir un commerce avec des nations sauvages, c’est convenir avec elles des conditions sous lesquelles on veut négocier, des marchandises qu’on prendra d’elles, & de celles qu’on prétend leur donner en échange.

Etablir une manufacture ; c’est, en conséquence des lettres patentes qu’on a obtenues, rassembler des ouvriers & des matieres ; faire construire des machines ou des métiers convenables aux ouvrages qu’on veut entreprendre ; enfin occuper des fabriquans, ouvriers & artisans, qu’on a auparavant instruits, aux étoffes ou autres choses pour lesquelles on a obtenu le privilége.

Etablir un métier, c’est le faire monter & le mettre en état de travailler, y mettre des ouvriers qui y travaillent actuellement. Voyez Métier.

Etablir un comptoir, une loge, une factorie ; c’est mettre un marchand & des commis avec des marchandises dans un lieu propre pour le négoce. Voyez Comptoir, Loge, Factorie

Etablir se dit encore des fonds & des secours qu’on donne à un jeune marchand pour commencer son commerce, & des premiers succès qu’il a dans le négoce. Ce jeune homme commence à s’établir, ou son pere l’a bien établi.

Etablir une caisse ou mont de piété ; c’est faire des fonds pour les payemens ou les prêts qui doivent se faire dans l’une ou dans l’autre. Dictionn. de Commerce, de Trévoux, & Chambers.

Etablir une ou plusieurs pierres, une ou plusieurs pieces de bois ; c’est tracer dessus quelque marque avec lettre alphabétique qui destine à chacune la place. Dans les grands atteliers, chaque Appareilleur