ensuite l’étain fondu, que l’on frote & étend avec une poignée d’étoupes.
Il y a encore une autre façon d’étamer ; c’est avec le sel ammoniac. Pour cet effet, on met la casserolle ou piece qu’on veut étamer sur le feu ; lorsqu’elle est bien chaude, on y jette du sel ammoniac dont on frote le dedans de la piece, ce qui nettoye parfaitement le cuivre ; on y verse promptement l’étain fondu, & on l’étend en frotant avec de l’étoupe & du sel ammoniac.
On se flate, au moyen de cet étamage, de s’être mis à couvert des dangers du cuivre (voyez l’article Cuivre) ; mais il est facile de prouver que c’est une erreur, & que sans remédier totalement à un mal on s’expose à beaucoup d’autres. 1°. L’étamage ne couvre jamais parfaitement & entierement le cuivre du vaisseau qu’on veut étamer ; pour s’en assûrer il suffit de regarder au microscope une piece qui vient d’être étamée, & l’on y remarquera toûjours des parties cuivreuses qui n’ont point été recouvertes par l’étamage ; & l’on sait qu’une très-petite quantité de cuivre peut causer un très-grand mal. 2°. L’alliage dont on se sert pour étamer est composé d’étain & de plomb : les acides des végétaux sont très-disposés à agir sur ce dernier métal ; & on verra à l’article Plomb, que ce métal mis en dissolution fournit un poison très dangereux. 3°. Quand il n’entreroit que de l’étain bien pur dans l’étamage, on ne seroit point encore exempt de tout danger, attendu que l’étain contient toûjours une portion d’arsenic, qu’il est presque impossible d’en séparer par la voie seche. Voyez l’article Etain. Joignez à toutes ces considérations, que souvent le degré de feu qu’on employe pour faire un ragoût, est plus que suffisant pour faire fondre l’étamage ; & pour lors le cuivre doit rester à nud, du moins dans quelques endroits. (—)
Etamer, en termes de Cloutier d’épingle, c’est donner aux clous de cuivre, &c. une couleur blanche qui imite celle de l’argent, par le moyen de l’étain ; ce qui se fait en faisant chauffer les clous dans un pot de terre jusqu’à un certain point : après quoi on jette dans ce pot de l’étain bien purifié & du sel ammoniac. L’étain se fond par la chaleur des clous, s’y amalgamme, & les rend blancs.
Etamer des Miroirs, c’est y étendre sur le derriere une composition, qui s’y attache bien étroitement, & qui sert à réfléchir l’image des objets. Voy. Miroir.
La couche que l’on applique ainsi sur le derriere d’un miroir, s’appelle feuille ; elle se fait ordinairement de vif-argent, mêlé avec d’autres ingrédiens. Voyez Mercure.
Quant à la méthode d’étamer les miroirs, voyez Verrerie.
Dans les Transactions philosophiques, n°. 245, on trouve une méthode d’étamer les miroirs qui sont en forme de globe ; c’est M. Southwell qui l’a communiquée au public. Le mêlange dont il se sert est composé de mercure & de marcassite d’argent, trois onces de chaque ; d’étain & de plomb, une demi-once de chaque : on jette sur ces deux dernieres matieres la marcassite, & ensuite le mercure ; on les mêle & on les remue bien ensemble sur le feu : mais avant que d’y mettre le mercure, il faut les retirer de dessus le feu, & attendre qu’elles soient presque refroidies.
Pour en faire usage, le verre doit être bien chaud & bien sec. L’opération réussiroit pourtant sur un verre froid, quoiqu’elle se fît avec beaucoup plus de succès sur un verre chaud. Chambers.
Etamer, (Hydraul.) Pour rendre les tables de plomb plus solides, quand on les employe à des cuvettes, des terrasses, & des réservoirs, on les fait étamer en y jettant dessus de l’étain chaud pour boucher les soufflures. (K)
Etamer, terme de Plombier, signifie blanchir le plomb, le couvrir de feuilles d’étain après l’avoir fait chauffer. Ils appellent fourneau à étamer, un grand foyer de brique sur lequel ils allument un grand feu de braise au-dessous des ouvrages qu’ils veulent blanchir. Voyez les figures du Plombier.
L’article 33 des statuts des Plombiers fixe les ouvrages qui doivent être étamés dans les bâtimens neufs. Voyez Plomb ; voyez aussi Plombier.
ETAMEUR, s. m. ouvrier qui étame. Les maîtres Cloutiers de Paris prennent la qualité d’étameurs, & sont appellés dans leurs statuts maitres Cloutiers-Lormiers-Etameurs. Voyez Cloutier.
ETAMINE, (Botaniq.) sont les filets simples qui sortent du cœur fleuri d’une fleur, & autour du pistil. Ces étamines ont leurs sommets ou leurs extrémités un peu plus grosses que le reste, renfermant une poussiere qui s’épanoüit, tombe, & féconde les embryons des graines contenues dans le pistil. (K)
Etamine, (Chimie.) instrument de Pharmacie, espece de filtre. Voyez Filtre (b)
Etamine, (Marine.) il se dit de l’étoffe dont on fait les pavillons. (Z)
* Etamine ou Etoffe de deux étaims, (Drap.) si vous fabriquez une étoffe dont la trame ne soit point velue, ainsi qu’il y en a beaucoup, mais où cette trame soit de fil d’étaim ou de laine peignée comme la chaîne, vous aurez une étoffe lisse, qui eu égard à l’égalité ou presqu’égalité de ses deux fils, se nommera étamine ou étoffe à deux étaims.
Une étoffe fine d’étaim sur étaim à deux marches & serrée au métier, sera l’étamine du Mans.
* Etamine, s. f. (Manuf. en soie.) La soyerie a ses étamines, ainsi que la draperie. On en distingue de simples & de jaspées. L’étamine simple est une étoffe dont la chaîne n’est point mêlangée, & qui est tramée de galette, laine, &c. La jaspée a la chaîne montée avec un organsin retors, teint avec deux fils de deux couleurs différentes, & elle est tramée de galette, laine, &c.
Etamine, en termes de Confiseur, est une piece de cuivre ou de fer-blanc un peu creuse, & percée de plusieurs trous en forme de passoire. On s’en sert pour égoutter les fruits, soit après les avoir blanchi à l’eau, soit même en les tirant du sucre. Voyez la Planche du Confiseur. Au-dessous de l’étamine est une terrine ou vase, qui reçoit ce qui tombe des choses qu’on met égoutter.
ETAMPE, ETAMPER, ETAMPURE, &c. mots d’usage dans différens arts. Voyez Estampe, Estamper, &c.
ETAMURE, s. f. se dit de l’étain dont les Chauderonniers se servent pour étamer les divers ustensiles de cuivre, qu’ils fabriquent pour l’usage de la cuisine. Voyez Etamer.
ETANCES, (Marine.) Voyez Estances.
ETANÇON, s. m. (Archit.) grosse piece de bois qu’on met, soit au-dedans, soit au-dehors d’une maison, pour soûtenir un plancher, un mur qu’on sappe ou qu’on reprend par-dessous œuvre.
Lorsqu’on bâtit des maisons, les charpentiers mettent souvent au-dessous des greniers & des façades quelques appuis ou étançons, qu’ils posent alors non perpendiculairement, mais un peu de biais. Cependant c’est une chose certaine, qu’un étançon posé obliquement ne sauroit supporter une aussi pesante charge que celui à qui on donneroit une situation perpendiculaire. Tout le monde comprend aisément cette vérité ; mais M. Musschenbrock a calculé géométriquement dans ses essais de Physique, combien un appui peut moins supporter lorsqu’il est posé de biais, que perpendiculairement.
Il suffit pour cela de concevoir que cet appui obli-