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ment, à peine de concussion & de 300 livres d’amende applicable aux pauvres des lieux. Les vacations des experts doivent être taxées par le commissaire.

La partie la plus diligente peut faire donner au procureur de l’autre partie, copie des procès-verbaux & rapports d’experts ; & trois jours après poursuivre l’audience sur un simple acte, si l’affaire est d’audience, ou produire le rapport d’experts, si le procès est appointé.

Les experts ne sont point juges ; leur rapport n’est jamais considéré que comme un avis donné pour instruire la religion du juge ; & celui-ci n’est point astreint à suivre l’avis des experts.

Si le rapport est nul, ou que la matiere ne se trouve pas suffisamment éclaircie, le juge peut ordonner un second, & même un troisieme rapport. Si c’est une des parties qui requiert le nouveau rapport, & que le juge l’ordonne, ce rapport doit être fait aux dépens de la partie qui le demande. Voyez l’article 184. de la coûtume de Paris, & les coûtumes de Nivernois, Bourbonnois, Melun, Estampes, & Montfort.

Pour ce qui concerne la fonction des experts en matiere de faux principal ou incident, ou de reconnoissance en matiere criminelle, lorsque l’on a recours à la preuve par comparaison d’écriture, voyez l’ordonnance du faux du mois de Juillet 1737, & Reconnoissance. (A)

Expert-Architecte ou Expert-Bourgeois, est celui qui n’est point entrepreneur de bâtimens. Voyez ce qui en est dit ci-devant.

Expert-Arpenteur-Mesureur-Priseur, étoit un expert destiné à mesurer & estimer les terres, prés, bois, &c. Ces experts-arpenteurs ont été supprimés. Voyez ce qui en est dit ci-devant au mot Expert.

Expert-Bourgeois, est différent d’un bourgeois que l’on nomme pour expert. Avant qu’il y eût des experts en titre, on nommoit pour experts des bourgeois, comme cela se pratique encore dans les pays où il n’y a pas d’experts. Mais depuis la création des experts, dans les pays où il y en a, on entend par expert-bourgeois, un expert en titre qui n’est pas entrepreneur de bâtimens. Voyez ci-devant Expert.

Expert-juré, est celui qui est en titre d’office. Voyez ci-devant Expert.

Expert-noble ; il en fut créé par édit de 1696. Voyez ce qui en est dit ci-devant au mot Expert.

Expert nommé d’office, est celui que le juge nomme pour une partie absente, ou qui refuse d’en nommer, ou pour les deux parties, lorsqu’elles n’en nomment point, ou enfin qu’il nomme pour tiers-expert, lorsque les parties ne s’accordent pas sur le choix.

Expert surnuméraire ou Surnuméraire : quelques auteurs appellent ainsi le tiers-expert, parce qu’il est nommé outre le nombre ordinaire.

Expert tiers, est celui dont les parties conviennent, ou que le juge nomme d’office, pour départager les experts qui sont d’avis différent. (A)

EXPIATION, s. f. (Théologie.) C’est l’action de souffrir la peine décernée contre le crime, & par conséquent d’éteindre la dette ou de satisfaire pour une faute ; ainsi l’on dit qu’un crime est expié par l’effusion du sang de celui qui l’a commis. Voyez Lustration, Propitiation, Satisfaction

Les Catholiques romains croyent que les ames de ceux qui meurent sans avoir entierement satisfait à la justice divine, vont après la mort dans le purgatoire, pour expier les restes de leurs péchés. Voyez Purgatoire.

Expiation se dit aussi des cérémonies par lesquel-

les les hommes se purifient de leurs péchés, & en

particulier des sacrifices offerts à la divinité, pour lui demander pardon & implorer sa miséricorde. Voy. Sacrifice.

La fête de l’expiation chez les Juifs, que quelques traducteurs appellent le jour du pardon, se célébroit le dixieme jour du mois de Tisri, qui répondoit à une partie de nos mois de Septembre & d’Octobre. On s’y préparoit par un jeûne ; & ensuite le grand-prêtre revêtu de ses habits sacerdotaux, après avoir offert un bœuf en sacrifice, recevoit du peuple deux boucs & un bélier, qui lui étoient présentés à l’entrée du tabernacle ou du temple. Il tiroit le sort sur ces deux boucs, en mêlant deux billets dans l’urne, l’un pour le Seigneur, & l’autre pour azazel, c’est-à-dire pour le bouc qui devoit être conduit hors du camp ou de la ville chargé des péchés du peuple, & appellé hircus emissarius, bouc émissaire, & par les Hébreux azazel. Voyez Apopompée & Azazel.

Le grand-prêtre immoloit pour le péché le bouc qui étoit destiné par le sort à être offert au Seigneur, & réservoit celui sur lequel le sort du bouc émissaire étoit tombé : ensuite prenant l’encensoir, du feu sacré des holocaustes, & d’un encens préparé qu’il jettoit dessus, il entroit dans le sanctuaire, y faisoit sept aspersions du sang du bouc qu’il avoit immolé, après quoi il revenoit dans le tabernacle ou dans le temple, y faisant des aspersions de ce même sang, & en arrosant les quatre coins de l’autel des holocaustes. Le sanctuaire, le tabernacle & l’autel étant ainsi purifiés, le grand-prêtre se faisoit amener le bouc émissaire, mettoit sa main sur la tête de cet animal, confessoit ses péchés & ceux du peuple, & prioit Dieu de faire retomber sur cette victime les malédictions & la peine qu’ils avoient méritées. Le bouc étoit alors conduit dans un lieu desert, où il étoit mis en liberté, &, selon quelques-uns, précipité. Le grand-prêtre quittant alors ses habits, se lavoit dans le lieu saint ; puis les ayant repris, il offroit en holocauste deux béliers, l’un pour le peuple, & l’autre pour lui-même. Il mettoit sur l’autel la graisse du bouc immolé pour le péché du peuple ; après quoi tout le reste de cette victime étoit porté hors du camp, & brûlé par un homme qui ne rentroit dans le camp qu’après s’être purifié en se lavant : celui qui avoit conduit le bouc émissaire dans le desert, en faisoit de même. Telle étoit l’expiation solennelle pour tout le peuple parmi les Hébreux. Les Juifs modernes y ont substitué l’immolation d’un coq. Outre cette expiation générale, leurs ancêtres avoient encore plusieurs expiations particulieres pour les péchés d’ignorance, soit pour les meurtres involontaires, soit pour les impuretés légales, soit par des sacrifices, soit par des ablutions ou des aspersions : on en peut voir l’énumération & le détail dans le chap. xvj. & plusieurs autres endroits du Lévitique.

Les Chrétiens qui se sont lavés du sang de l’Agneau sans tache, n’ont point eu d’autres cérémonies d’expiation particuliere, que celle de l’application des mérites de ce sang répandu sur le Calvaire, laquelle se fait par les sacremens, & en particulier par le sacrifice de la messe, qui est un même sacrifice que celui du sacrifice de la croix ; les cérémonies, comme l’aspersion de l’eau benite, n’étant que des signes extérieurs de la purification intérieure qu’opere en eux le S. Esprit. On expie ses péchés par la satisfaction, c’est-à-dire par les œuvres de pénitence qu’on pratique & qu’on accomplit par les mérites de Jesus-Christ. Voyez Satisfaction, Mérites, &c. (G)

Expiation, (Littérature.) acte de religion établi généralement dans le Paganisme pour purifier les coupables & les lieux qu’on croyoit souillés, ou pour appaiser la colere des dieux qu’on supposoit irrités.

La cérémonie de l’expiation ne s’employa pas seu-