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dre. Il fut fait premier président sous Henri II. en 1551, & mourut en 1562. Cette anecdote est remarquée par M. Froland, en son recueil des édits & arrêts concernant la province de Normandie, page 635.

Les avocats ont continué long-tems d’intituler leurs mémoires imprimés, factum ; il n’y a guere que vingt ou trente ans que l’on 2 totalement quitté cet usage, & que l’on a substitué le terme de mémoire à celui de factum.

L’arrêt du parlement du 11 Août 1708, défend à tous Imprimeurs & Libraires d’imprimer aucuns factums, requêtes ou mémoires, si les copies qu’on leur met en main ne font signées d’un avocat ou d’un procureur. Le même arrêt enjoint aux Imprimeurs de mettre leur nom au bas des factums & mémoires qu’ils auront imprimés ou fait imprimer.

Un factum signifié est celui dont la partie ou son procureur a fait donner copie par le ministere d’un huissier. Les factums ou mémoires ne sont pieces du procès, qu’autant qu’ils sont signifiés ; ils n’entrent pourtant pas en taxe, quoiqu’ils soient signifiés, excepté au grand-conseil : dans les autres tribunaux on ne les compte point, à moins qu’ils ne tiennent lieu d’écritures nécessaires. Voyez Mémoires. (A)

FACTURE, s. f. (Comm.) compte, état ou mémoire des marchandises qu’un facteur envoye à son maître, un commissionnaire à son commettant, un associé à son associé, un marchand à un autre marchand.

Les factures s’écrivent ordinairement ou à la fin des lettres d’avis, ou sur des feuilles volantes renfermées dans ces mêmes lettres.

Elles doivent faire mention, 1°. de la date des envois, du nom de ceux qui les font, des personnes à qui ils sont faits, du tems des payemens, du nom du voiturier, & des marques & numéros des balles, ballots, paquets, tonneaux, caisses, &c. qui contiennent les marchandises.

2°. Des especes, quantités & qualités des marchandises qui sont renfermées sous les emballages, comme aussi de leur numéro, poids, mesure ou aunage.

3°. De leur prix, & des frais faits pour raison de ces marchandises ; comme les droits d’entrée & sortie, si on en a acquitté ; ceux de commission & de courtage dont on est convenu ; de ce qu’il en a coûté pour l’emballage, portage & autres menues dépenses. On fait au pié de la facture un total de toutes les sommes avancées, droits payés, frais faits, &c. afin d’en être remboursé par celui à qui l’on envoye les marchandises.

Vendre une marchandise sur le pié de la facture, c’est la vendre au prix courant.

Les marchands appellent liesse de facture, un lacet dans lequel ils enfilent les factures, lettres d’avis, d’envoi, de demande & autres semblables écritures, pour y recourir dans le besoin.

Ils nomment aussi livre de facture, un livre sur lequel ils dressent les factures ou comptes des différentes sortes de marchandises qu’ils reçoivent, qu’ils envoyent ou qu’ils vendent. Ce livre est du nombre de ceux qu’on appelle dans le commerce livres auxiliaires. Voyez Livre. Voyez aussi les dictionnaires de Commerce, de Trévoux, & de Chambers. (G)

FACULE, s. f. terme d’Astronomie, est un nom que Scheiner & d’autres après lui ont donné à des especes de taches brillantes qui paroissent sur le soleil, & se dissipent au bout de quelque tems. Le mot de facules est opposé à macules ou taches : celles-ci sont les endroits obscurs du disque du soleil, & les facules sont les parties du disque solaire qui paroissent plus lumineuses que le reste du disque. Voyez Soleil.

Ce mot est un diminutif de fax, flambeau, lumiere. Les facules, ainsi que les taches, paroissent & disparoissent tour-à-tour. Voyez Taches. (O)

FACULTATIF, adj. m. (Jurisp.) se dit de ce qui donne le pouvoir & la faculté de faire quelque chose. Ce terme est sur-tout usité par rapport à certains brefs du pape qu’on appelle brefs facultatifs, parce qu’ils donnent pouvoir de faire quelque chose que l’on n’auroit pas pû faire sans un tel bref. (A)

FACULTÉ, s. f. (Métaphys.) est la puissance & la capacité de faire quelque chose. Voyez Puissance.

Les anciens philosophes, pour expliquer l’action de la digestion, supposoient dans l’estomac une faculté digestive : pour expliquer les mouvemens du corps humain, ils supposoient une faculté motrice dans les nerfs. Cela s’appelle substituer un mot obscur à un autre qui ne l’est pas moins.

Les facultés sont ou de l’ame ou du corps.

Les facultés ou puissances de l’ame sont au nombre de deux, savoir l’entendement & la volonté. Voyez Puissances. Voyez aussi Entendement & Volonté.

On distingue ordinairement les facultés corporelles, par rapport à leurs différentes fonctions ; ainsi on entend par facultés animales, celles qui ont rapport aux sens & au mouvement, &c. Chambers.

Faculté, (Physique & Medecine.) en général est la même chose que puissance, vertu, pouvoir, facilité d’agir, ou le principe des forces & des actions. La science des forces & des puissances est ce que les Grecs appellent dynamique, de δύναμαι, je peux. Voyez Dynamique.

Quelques auteurs confondent mal-à-propos les forces avec les facultés ; mais elles different entr’elles de la même façon que les causes different des principes. La force étant la cause de l’action, entraîne l’existence actuelle. La faculté ou puissance n’en entraine que la possibilité. Ainsi de ce qu’on a la faculté d’agir, il ne s’ensuit pas nécessairement qu’on agisse ; mais toute force existante emporte proprement une action, comme un effet dont elle est la cause.

En Medecine, n’ayant à considérer que l’action de l’homme & celle des corps qui peuvent changer son état en pis ou en mieux, on a toûjours traité des facultés de l’homme, & de celles des remedes, des poisons, &c.

Les anciens ont divisé assez arbitrairement les facultés de l’homme, tantôt en deux, tantôt en trois genres, dont ils n’ont jamais donné des idées distinctes ; car les facultés qu’ils appellent animales, sont en même tems vitales & naturelles : les naturelles sont aussi vitales & animales. Ils ont même soûdivisé chacun de ces genres trop scrupuleusement, en un grand nombre d’especes, ainsi qu’on vient de le voir.

Les modernes donnant dans un excès opposé, ont voulu bannir tous ces termes consacrés par l’emploi qu’en ont fait tous les maîtres de l’art pendant deux mille ans ; ce qui nous mettroit dans l’impossibilité de profiter de leurs écrits, qui sont les sources de la Medecine.

Mais sans adopter tous les termes des facultés que les anciens ont établis, ni vouloir les justifier dans tous les usages qu’ils en faisoient, on ne peut non plus se passer en Medecine du terme de faculté ou de puissance, qu’on ne peut en Méchanique se passer des forces attractives, centripetes, accélératrices, gravitantes, &c. Ce n’est pas à dire qu’on sache mieux la raison d’un effet, comme de la chûte d’un corps, de l’assoupissement produit par l’opium, quand on dit que la gravité est le principe de l’un, & la faculté ou vertu narcotique l’est de l’autre ; mais c’est qu’on est nécessité, dans les Sciences,