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une pêche solennelle, & une réjoüissance de plusieurs jours, qui dépeuploit les rivieres. Par l’ordonnance de 1669, cette pêche a été défendue.

FARELLONS, (Ile des) Géog. île située à l’embouchure de la Selbole, riviere de la côte de Malaguete dans la haute Guinée, abondante en fruits & en éléphans. Elle a environ six lieues de long, au rapport de Dapper ; son extrémité occidentale est nommée par les Portugais, cabo di S. Anna. Elle est bordée de rochers, & au-devant, c’est-à-dire à l’égard de ceux qui viennent du nord-oüest, il y a un grand banc de sable nommé baixos di S. Anna. Long. 5. lat. 6. 48. Suivant M. de Lisle, ce géographe la nomme Massacoye avec les Hollandois, ou Farellons, & masque exactement le cap & le banc de Ste Anne. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FARFONTE, voyez Roitelet.

FARGANAH, (Géog.) ville du Zagathay dans la grande Tartarie, située au nord de Chéser, & capitale d’une province qui porte le même nom. Le pays de Farganah s’étend le long du Chéser, quoiqu’il ne soit qu’à 92d de longitude, & à 42d 20′ de latitude septentrionale. Selon les tables d’Abulfeda, Vlug-Beigh met la ville de Farganah à 42d 25′ de latitude. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FARGOT, s. m. (Comm.) terme flamand en usage principalement du côté de Lisle ; il signifie un ballot ou petite balle de marchandises, du poids de 150 à 160 livres. Deux fargots font la charge d’un mulet, ou cheval de bât. Quelques Flamands disent aussi frangotte, qui signifie la même chose. Dict. de Comm. de Trév. & Chamb. (G)

FARGUES ou FARDES, s. f. (Marine.) ce sont des planches ou bordages qu’on éleve sur l’endroit du plat-bord appellé labelle, pour tenir lieu de gardes-corps, afin de défendre le pont & d’ôter à l’ennemi la vûe de ce qui s’y passe. On couvre les fargues d’une bastingure bleue ou rouge.

Les fargues servent à clore le vaisseau par l’embelle : on les ôte & on les remet, selon le besoin ; on y fait des meurtrieres rondes, & de petites portes pour descendre à la mer, ou passer ce qu’on veut.

Dans un vaisseau du premier rang, les bordages des fargues doivent avoir cinq pouces de large, & trois pouces d’épais ; les montans doivent être au nombre de cinquante-six de chaque côté, & doivent avoir deux pouces & demi d’épais.

Les fargues doivent être élevées de quinze pouces au-dessus de la lisse de vibord ; & par le haut, elles doivent être au niveau du haut de la plus basse lisse. Elles sont jointes aux montans, avec de petites chevilles de fer. (Z)

* FARILLON, s. m. terme de Pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Poitou, ou des sables d’Olonne : c’est le nom qu’on donne à la pêche au feu, dont voici la description telle qu’elle se pratique par les pêcheurs du cap Breton. On y prend des éguilles ou orphies. Elle commence en même tems que celle des mêmes poissons, aux rets nommés veltes, c’est-à-dire au mois de Mars, & elle finit à la fin de Juillet. Elle ne se peut faire que de nuit. Ce sont les bateaux ou chaloupes des barques qui sont dans le port qui s’y occupent. La chaloupe est armée de six personnes, cinq hommes & un mousse. Un des hommes de l’équipage entretient le farillon, qui est placé avant. Le farillon est une espece de ces anciens réchauts portatifs, que l’on mettoit aux coins des rues pour éclairer la nuit. Le foyer a une douille de fer d’environ douze pouces de long, & un manche de quatre piés de long. Le feu est composé d’éclats de vieilles douves de barriques, vuidanges de brai ou de gaudron, coupées de demi-coudée de long. Deux hommes nagent, & trois lancent la foüanne,

le salet, ou salin, dans les lits ou bouillons d’orphies, qui sont attirées par la lumiere du farillon qui frappe & éclaire la surface de l’eau. Quelquefois ces poissons s’attroupent en si grande quantité, que l’on en prend cinq à six d’un seul coup ; & comme le bateau avance toûjours doucement à la rame, le poisson n’est point effarouché par le jet des foüannes que les pêcheurs dardent.

La pêche la plus forte est de douze ou quinze cents pendant la marée de la nuit ; il faut pour y réussir, qu’elle soit noire, sombre, & calme.

Les orphies qui proviennent de cette pêche, se consomment sur les lieux. On s’en sert pour la boîte des hameçons des pêcheurs à la ligne ; on en sale aussi, mais c’est une mauvaise salaison. Les orphies annoncent à cette côte l’arrivée des sardines, comme elles annoncent celle des maquereaux, dans la manche britannique, aux côtes de la haute Normandie. Voyez la représentation de cette pêche dans nos Planches de Pêche.

FARINE, s. f. terme de Boulanger, est du grain moulu & réduit en poudre, dont on a séparé le son avec des bluteaux.

Les farines propres à faire du pain, sont celles de froment ou de blé, de seigle, de méteil, de sarrasin & de maïs.

Ces farines sont de différentes sortes, selon les bluteaux différens par où elles ont été passées. On les divise ordinairement en fleur de farine, farine blanche, en gruaux fins & gros, & en recoupettes. Voyez chacun de ces termes à son article.

La plûpart des farines qui s’employent à Paris, & qui ne sont point moulues dans cette ville ou aux environs, viennent de Picardie, de Meulan, de Pontoise, de Mantes, de Saint-Germain en Laie, & de Poissy. Les meilleures sont celles de Pontoise & de Meulan, les moindres sont celles de Picardie : celles de Saint-Germain & de Poissy tiennent le milieu.

On reconnoît qu’une farine est bonne, lorsqu’elle est seche, qu’elle se conserve long-tems, qu’elle rend beaucoup en un pain, qui boive bien l’eau, & auquel il faut le four bien chaud.

Farine blanche, en terme de Boulanger, est une farine tirée au bluteau, d’après la fleur de farine.

Farine-folle, en terme de Boulanger, est ce qu’il y a de plus fin & de plus leger dans la farine, ce que le vent emporte, & qui s’attache aux parois du moulin.

Farine, (Jardinage.) est une matiere blanche contenue dans la graine, qui sert à la nourrir jusqu’à ce qu’elle tire sa substance des sels de la terre par l’accroissement de ses racines.

Farine & Farineux, (Chimie, Diete, & Mat. medic.) Le nom de farine pris dans son acception la plus commune, désigne une poudre subtile, douce, & pour ainsi dire moëlleuse, mollis.

Le chimiste, qui définit les corps par leurs propriétés intérieures, appelle farine, farineux, corps farineux, substance farineuse, une matiere végétale seche, capable d’être réduite en poudre, miscible à l’eau, alimenteuse, & susceptible de la fermentation panaire & vinaire. Voyez Pain & Vin.

Nous fondons la qualité de miscible à l’eau, que nous venons de donner à la farine proprement dite, sur l’espece de combinaison vraiment chimique qu’elle contracte avec l’eau, lorsqu’après l’avoir délayée dans ce liquide, on l’a réduite par une cuite convenable, en une consistence de gelée, en cette matiere connue de tout le monde sous le nom de colle de farine ou d’empois. Le corps entier de la farine ne subit point d’autre union avec l’eau ; ce menstrue ne le dissout point pleinement ; il en opere seulement, lorsqu’il est appliqué en grande masse, une dissolution partiale, une extraction. On peut voir à