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perce à chaud le trou qui doit recevoir le levier am (fig. 7.) par le moyen duquel on fait tourner la vis dans sa boîte.

Après que la vis est forgée, on en tourne le corps & la tête ; le corps, pour le rendre cylindrique ; & la tête, pour perfectionner les moulures que les étampes n’ont formées qu’imparfaitement, & le rendre tel que l’on voit en A6.

Pour tracer le filet de la vis, on prend une feuille de papier de forme parallélogramme rectangle, dont les dimensions sont données par le développement du cylindre que l’on veut former en vis. On divise les côtés de ce parallélogramme qui représentent la longueur, en autant de parties égales que l’on veut avoir de filets ou spires à la vis. Chacune de ces divisions doit être séparée en deux parties égales. On tire des diagonales 8, 7 ; 2, 6 ; 12, 13 ; 9, 10, &c. qui divisent le parallélogramme en bandes des zones paralleles, que l’on peut remplir alternativement d’une couleur qui les fasse distinguer. Ces zones doivent être telles, qu’en repliant le papier sur un cylindre, les bandes noires se répondent aussi-bien que les bandes blanches, & forment chacune une hélice continue autour du cylindre de la vis sur lequel le papier doit être collé, comme on peut voir fig. A7.

Lorsque le papier est sec, on fait passer sur le corps de la vis l’empreinte des traits qui sont sur le papier, en le coupant avec le ciseau B3, que les coups de marteau font imprimer dans le corps de la vis. Quand cette opération est faite, on échope avec le ciseau B2 le fer compris entre deux traits paralleles ; on repare ensuite à la lime ou à la filiere toute cette ciselure, & la vis se trouve faite, comme on voit en A8.

Les figures 3. 4. 5. de la vignette représentent deux autres manieres de former le filet de la vis. La fig. 4 est un tour en l’air, l. La poupée à clavette traversée par un arbre PO (fig.) dont la partie P est formée en vis, dont les pas sont autant distans les uns des autres, que ceux de la vis qu’on se propose de faire, doivent l’être. m, dans la vignette, la poulie sur laquelle passe la corde du tourneur de roue (fig. 5.) à l’extrémité de l’axe de laquelle est ajustée la piece n, représentée seule fig. x y. C’est une manivelle double. La fonction de cette piece est telle, que quoique la roue tourne toûjours du même sens, l’ouvrage tourne alternativement sur l’ouvrier ; & au contraire, comme lorsque l’on tourne au pié, il y a de semblables manivelles dans les machines hydrauliques (voyez Tour), ce que fait aussi l’ouvrier représenté dans la figure : k est la perche ; h, la marche ou pédale ; hik, la corde. Il est à remarquer qu’on ne peut pas faire de vis sur le tour, quand l’ouvrage tourne toûjours du même sens ; mais que le mouvement alternatif est nécessaire pour que la vis P ne sorte point de sa poupée.

La figure 3 de la vignette représente le même travail, mais sans le secours de la roue, en tournant seulement un moulinet qui est monté sur la guide, ainsi qu’il sera expliqué en détaillant les pieces qui composent cet affutage, représentées plus en grand dans les figures du bas de la Planche.

ABCDEFG, est en grand l’affutage de la fig. 4 : A, tourillon qui coule dans la poupée à lunette marquée V : V2, les collets d’étain ou de cuivre qui embrassent ce tourillon : B, portion de la vis commencée avec les burins, bec-d’âne, grain d’orge, t, u : C, quarré de la vis, qui est une vis de presse : P, la boîte qui reçoit le quarré, dont le corps est représenté en M ; en M2, sa virole garnie de quatre vis qui compriment le quarré : la même boîte est représentée en KL toute montée : F, l’arbre : E, la poulie sur laquelle passe la corde venant de la roue : GH, poupée des clavettes, dont la coupe se voit en SST : N, une

des clavettes ou guides : R, une des clés qui assûrent la poupée sur le banc du tour : Q, la poulie : E, l, la vis de la presse toute achevée : XY, extrémité des peignes droits & de côté, avec lesquels on trace les pas de vis, & dont on se sert aussi pour former les vis à filets aigus, différens des filets quarrés des vis d’étaux : z & z2, autre vis de presse, dont le quarré est percé pour y passer des leviers, & dont le collet pratiqué à l’extrémité, sert à relever le sommier. Voyez Presse.

Explication des figures de l’affutage de la figure 3. ee, banc de l’établi : fl, poupée du guide, qui porte une boîte ou écrou dans laquelle passe la vis de l’arbre-guide : g, la boîte qui reçoit le quarré réservé à la tête de la vis d’étau, où il est assuré par une ou deux vis ; on coupe ce quarré après que la vis est faite : hk, deux poupées dans lesquelles le cylindre de la vis tourne & coule en long au desir du guide : i, le porte-outil représenté séparément en q r : s, la clé qui assûre le porte-outil sur le banc : poo, appareil des deux poupées & de la vis d’étau, représenté séparément.

Les machines que nous venons de décrire, sont peu en usage aujourd’hui : la plûpart des vis d’étau & de presses se font au ciselet, comme nous avons dit ci-dessus ; & l’adresse des ouvriers est telle, que les pas de vis sont également bien formés : j’excepte celles que leur petit volume permet de former dans la filiere double (voyez Filiere), qui sont toûjours mieux faites par ce moyen.

Reste à parler de la fabrique de la boîte ou écrou. On prend, pour la former, une plaque de fer d’une épaisseur convenable D2, que l’on roule & arrondit sur un mandrin. On soude cette boîte, comme elle est en D3. Ainsi formée, la vis pour laquelle elle est faite, doit y entrer un peu librement. On prend ensuite une verge de fer doux, de calibre à entrer dans les entre-filets de la vis, où on l’y plie comme on voit en C2, C3, jusqu’à ce que toute la vis en soit remplie. On lime l’excédent de ce filet, jusqu’à ce qu’il arase presque la vis ; & que tout monté sur cette vis, il puisse entrer, quoiqu’un peu à force, dans la boîte D3, où on le laisse en retirant seulement la vis. On enfile sur la boîte la rondelle E2, & on y ajuste le lardon D5, comme on voit en D4 ; & on braze toutes ces pieces ensemble avec du cuivre. Voyez Brazer & Serrurerie. On braze de la même maniere diverses autres rondelles, dont les unes sont embouties pour former une culasse, comme on voit en I2 & en E3. On tourne cette culasse, si l’on veut, & la boîte ou écrou est achevé, ainsi que la fig. D6 le représente. On distingue dans cette fig. le lardon & la tête de la vis. La figure I2 représente la même boîte sous un autre aspect, avec le levier qui traverse la tête de la vis.

La virole que l’on voit figure D4, & qui reparoît dans toutes les autres figures de la boîte, forme une portée qui s’applique contre la partie extérieure de l’œil de la jumelle fixe A (figure 6), & empêche la boîte de passer d’un bout à l’autre au-travers de l’œil. Le lardon D4 entre dans une entaille pratiquée à la partie inférieure de l’œil de cette jumelle. Ce lardon empêche la boîte de tourner dans l’œil lorsque l’on tourne la vis, qui a, ainsi que la boîte, une portée qui s’applique sur la face antérieure de la jumelle mobile, sur laquelle on applique une rondelle E2, qui préserve la face de l’œil de l’usure que le violent frotement ne manqueroit pas d’y causer.

La figure 7 représente un étau à pié tout monté, & prêt à être appliqué à un établi. On y voit le ressort G4 qui repousse la jumelle mobile, & fait bâiller la mâchoire, lorsque l’on détourne la vis de m vers n : on tourne de n vers m pour comprimer la piece d’ouvrage que l’on a mise entre les mâchoires.