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Troyes, art. 126 ; & dans celle d’Angoumois, art. 110, est le billet par écrit que le sergent qui fait des criées d’héritages saisis, met & attache à la porte de l’auditoire du lieu, pour annoncer la consistance de l’héritage, les noms du propriétaire & poursuivans, & la somme pour laquelle la saisie est faite. Voyez ci-après Etiquette. (A)

Etiquet, voyez Pressoir.

ETIQUETTE, s. f. (Hist. mod.) cérémonial écrit ou traditionnel, qui regle les devoirs extérieurs à l’égard des rangs, des places & des dignités.

Si la noblesse & les places n’étoient que la récompense du mérite, & si elles en suivoient toûjours les degrés, on n’auroit jamais imaginé d’étiquette ; le respect pour la place se seroit naturellement confondu avec le respect pour la personne. Mais comme la noblesse & plusieurs autres distinctions sont devenues héréditaires ; qu’il est arrivé que des enfans n’ont pas eu le mérite de leurs peres ; qu’il y a eu nécessairement dans la distribution des places, des abus qu’il n’est pas toûjours possible de prévenir ou de réparer, il a été nécessaire de ne pas laisser les particuliers juges des égards qu’ils voudroient avoir, & des devoirs qu’ils auroient à rendre : le bon ordre, la philosophie même, & par conséquent la justice, ont obligé d’établir des regles de subordination. En effet, il seroit très-dangereux dans un état, de laisser avilir les places & les rangs, par un mépris, même fondé, pour ceux qui les occupent ; sans quoi le caprice, l’envie, l’orgueil & l’injustice, attaqueroient également les hommes les plus dignes de leurs rangs. Ainsi l’étiquette étant un abri contre le mépris personnel, est aussi une sauve-garde pour le vrai mérite ; &, ce qui est encore plus important, elle est le maintien du bon ordre. Les particuliers sont maîtres de leurs sentimens, mais non pas de leurs devoirs.

Il faut convenir que, généralement parlant, la sévérité & les minuties de l’étiquette ne forment pas un préjugé favorable pour un peuple qui en est trop occupé. L’étiquette s’étend à mesure que le mérite diminue. Le despotisme fait de l’étiquette une sorte de culte. D’un autre côté, il y a des peuples assez libres (les Anglois, qui servent à genoux leur roi), qui conservent une étiquette fort cérémonieuse pour leur prince : il semble qu’ils veuillent l’avertir par-là qu’il n’est que la représentation de l’autorité. C’est à-peu-près dans le même sens qu’on appelle étiquettes certains petits écriteaux qui se mettent sur des sacs, des boîtes ou des vases, pour distinguer des choses qui y sont renfermées, & qui sans cela pourroient être confondues avec d’autres.

Il y avoit une étiquette chez les empereurs du bas empire, c’est-à-dire lorsqu’il n’y avoit plus de Romains, quoiqu’il y eût un gouvernement qui en portoit le nom.

De tous tems il y a eu des distinctions de rangs & de fonctions dans un état ; mais l’étiquette proprement dite, n’est pas fort ancienne dans le système actuel de l’Europe : je ne crois pas qu’on en trouvât un détail en forme avant la seconde maison de Bourgogne. Philippe-le-Bon, aussi puissant qu’un roi, souffroit impatiemment de n’en pas porter le titre : ce fut peut-être ce qui lui fit former un état de maison qui pût effacer celles des rois, par la magnificence, le nombre des officiers, & le détail de leurs fonctions. Cette étiquette passa dans la maison d’Autriche, par le mariage de Marie avec Maximilien. Les Mores avoient porté la galanterie & les fêtes en Espagne ; l’étiquette y porta la morgue & l’ennui.

L’étiquette n’est ni sévere ni réguliere en France. Il y a peu d’occasions d’éclat où l’on ne soit obligé de rechercher ce qui s’est pratiqué à la cour en pareilles circonstances ; on l’a oublié, & l’on tâche de se le rappeller, pour l’oublier encore. Le François

est assez porté à estimer ce qu’il doit respecter, & à aimer ce qu’il estime : il n’est pas en lui de remplir froidement ni sérieusement certains devoirs ; il y manque avec légéreté, ou s’en acquitte avec chaleur. Ce qui pourroit être ailleurs une mai que de servitude, n’est souvent en France qu’un effet de l’inclination & du caractere. Cet article est de M. Duclos, historiographe de France, & l’un des quarante de l’Académie françoise.

Etiquette, (Jurisp.) en style de palais, est un morceau de papier ou de parchemin que l’on attache sur les sacs des causes, instances ou procès, sur lequel on marque les noms des parties & de leurs procureurs. Celui auquel appartient le sac, met son nom à droite, & le nom des autres procureurs à gauche. Si c’est une cause, on met en tête de l’étiquette, cause à plaider dans un tel tribunal ; & au-dessous des noms des parties on met le nom de l’avocat qui doit plaider pour la partie pour laquelle est le sac. Si c’est une production de quelqu’instance ou procès, on met au haut de l’étiquette le titre de la production, & la date du jugement en conséquence duquel elle est faite. Au-dessus des noms des parties on met celui du rapporteur ; & s’il y a plusieurs chambres dans le tribunal, on marque de quelle chambre il est. On marque aussi l’enregistrement des productions, & le folio. L’origine de ce mot étiquette vient du tems que l’on rédigeoit les procédures en latin ; on écrivoit sur le sac, est hic quæstio inter N… & N… & souvent au lieu d’ecrire quæstio tout au long, on mettoit seulement quæst. ce qui faisoit est hic quæst. d’où les praticiens ont fait par corruption étiquette. Voyez ci-devant Etiquette, & ci-après Etiqueter.

On appelle étiquette au grand-conseil, les placets & mémoires que l’on donne au premier huissier, pour appeller les causes à l’audience. (A)

Etiquettes de témoins, voyez ci-après Etiqueter.

Etiquette, terme de Pêche, sorte de petit couteau emmanché dont on se sert pour cueillir les moules : il est assez ressemblant à celui avec lequel les marchandes de cerneaux ouvrent & préparent ce fruit.

ETIQUETER, (Jurisp.) en style de palais, signifie ordinairement mettre une étiquette sur un sac, ou plûtôt mettre sur un sac ou sur une piece, un titre qui annonce brievement ce qui y est contenu.

Etiqueter des Témoins, c’est lorsqu’on donne au juge, enquêteur ou commissaire qui fait l’enquête, un brevet & mémoire par écrit ; qui contient les noms des témoins, & sur quels articles des écritures ils sont produits, afin qu’ils en soient enquis & oüis, comme il est dit au style de procéder des cours séculieres de Liege, ch. x. & ailleurs ; & aux ordonnances de la chambre d’Artois, chap. des plaidoyers ; & du duc de Bouillon, articles cxxjv. & ccxxij. On appelle étiquette en Flandres, les faits & articles sur lesquels on fait entendre des témoins. Lorsqu’on a donné un écrit de dépositions, & qu’on declare que l’on ne fera point entendre de témoins au-dehors de ce qu’elles contiennent, on n’est pas tenu dans ce parlement de communiquer à sa partie adverse les étiquettes sur lesquelles on veut faire entendre les témoins. Instit au Droit Belgique, pag. 462.

Etiquetter des témoins signifie aussi quelquefois les reprocher. (A)

ETIRE, s. f. est un instrument dont les Corroyeurs se servent pour étendre leurs cuirs, pour en abattre le grain du côté de la fleur ou poil, ou bien pour les décrasser ; car cet instrument s’employe à ces différens usages. L’étire est un morceau de fer ou de cuivre plat, de six pouces de largeur, & d’environ cinq ou six lignes d’épaisseur ; plus large par en-bas que