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Ce mot est formé du grec ἦθος, mœurs, coûtumes ; & de ποιῶ, facio, fingo, describo. Quintilien, liv. IX. ch. ij. appelle cette figure imitatio morum alienorum : nous la nommons portrait ou caractere.

Tel est ce beau passage où Salluste fait le portrait de Catilina : fuit magna vi & animi & corporis, sed ingenio malo, pravoque, & le reste, qu’on peut voir dans cet historien. Nous en citerons ici deux autres également admirables. L’un est le portrait de Cromwel, tracé par M. Bossuet dans son oraison funebre de la reine d’Angleterre. « Un homme, dit-il, s’est trouvé d’une profondeur d’esprit incroyable ; hipocrite raffiné autant qu’habile politique, capable de tout entreprendre & de tout cacher : également actif & infatigable dans la guerre & dans la paix, qui ne laissoit rien à la fortune de ce qu’il pouvoit lui ôter par conseil & par prévoyance ; mais au reste si vigilant & si prêt à tout, qu’il n’a jamais manqué les occasions qu’elle lui a présentées : enfin un de ces esprits remuans & audacieux, qui semblent être nés pour changer le monde ».

L’autre est la peinture que Sarrasin a faite de ce Wastein, si fameux dans le dernier siecle. « Albert Walstein, dit-il, eut l’esprit grand & hardi, mais inquiet & ennemi du repos ; le corps vigoureux & haut, le visage plus majestueux qu’agréable. Il fut naturellement fort sobre, ne dormant presque point, travaillant toûjours ; surmontant les incommodités de la goutte & de l’âge, par la tempérance & par l’exercice ; supportant aisément la faim, fuyant les délices, parlant peu & pensant beaucoup ; écrivant lui-même toutes les affaires ; vaillant & judicieux à la guerre, admirable à lever & à faire subsister les armées ; sévere à faire punir les soldats, prodigue à les récompenser, pourtant avec choix & dessein ; toûjours ferme contre le malheur ; civil dans le besoin, ailleurs fier & orgueilleux ; ambitieux sans mesure ; envieux de la gloire d’autrui, jaloux de la sienne ; implacable dans la haine, cruel dans la vengeance ; prompt dans la colere ; ami de la magnificence, de l’ostentation & de la nouveauté ; extravagant en apparence, mais ne faisant rien sans dessein, & ne manquant jamais du prétexte du bien public, quoiqu’il rapportât tout à l’accroissement de sa fortune ; méprisant la religion, qu’il faisoit servir à la politique ; artificieux au possible, & principalement à paroître desintéressé : au reste très-curieux & très-clairvoyant dans les desseins des autres ; très-avisé à conduire les siens, sur-tout adroit à les cacher ; & d’autant plus impénétrable, qu’il affectoit en public la candeur & la sincérité, & blâmoit en autrui la dissimulation, dont il se servoit en toutes choses ».

On divise l’éthopée en prosographie, & éthopée proprement dite. La premiere est une description du corps, de la contenance, de la figure, de l’ajustement, &c. L’autre est le portrait de l’esprit & du cœur. Celui de Walstein, que nous venons de citer, réunit toutes ces parties. (G)

Etienne, (Saint-) Géog. mod. ville du Forez en France : elle est située sur le ruisseau de Furens. Long. 22. lat. 45. 22.

Etienne d’Agen, (Saint-) Géog. mod. ville de l’Agénois dans la Guienne, en France.

Etienne d’Argenton, (Saint-) Géogr. mod. ville du Berry en France : elle appartient à l’élection de la Chatre.

Etienne de Lauzun, (Saint-) Géog. mod. ville de l’Agénois dans la Guienne, en France.

ETINCELANT, adj. en termes de Blason, se dit des charbons dont il sort des étincelles. On appelle écu étincelant, celui qui est semé d’étincelles.

Bellegarde des Marches en Savoie, d’où est sorti le grand chancelier de Savoie, Janus de Bellegarde ;

d’azur à la sphere de feu-en fasce, courbée d’un angle du chef à l’autre ; rayonnante & étincelante vers la pointe de l’écu d’or, au chef de même ; chargé d’un aigle de sable à deux têtes.

* ETINCELLES, s. f. (Phy.) molécules enflammées & d’une grosseur sensible, qui se détachent d’un corps qui brûle, & qui s’en élancent au loin. Il se prend au simple & au figuré ; & l’on dit, ce corps est etincelant, & il n’a pas une étincelle de génie.

ETINCELLEMENT des étoiles fixes. La plûpart des Physiciens attribuent aux vapeurs de l’atmosphere cet étincellement ou tremblotement que l’on remarque dans la lumiere des étoiles fixes. Il n’est en effet personne qui regardant l’horison par-dessus une vaste campagne dans un jour sort chaud, ne voye tous les objets comme en vibration : la même apparence s’observe au-dessus d’un poele. Cet air tremblotant détournant sans cesse les rayons de lumiere, nous fait paroître de semblables vibrations dans la lumiere des étoiles. Quand on les regarde avec une lunette, alors ces rayons moins troublés & plus rassemblés, arrivent à notre œil toûjours à-peu-près dans la même quantité, & l’étincellement disparoit.

Cet étincellement n’a lieu que lorsque la lumiere est fort vive ; on l’observe quelquefois un peu dans Mercure & dans Vénus, & on le remarque dans le Soleil, vû même à-travers une lunette ou un verre enfumé.

En Arabie, sous le tropique du cancer, & à Bander-Abassi, port fameux du golfe persique, où le ciel est très-serein pendant presque toute l’année, on ne voit point d’étincellement dans les étoiles ; ce n’est qu’au milieu de l’hyver qu’on en apperçoit tant-soit-peu. Dans le Pérou, où il ne pleut presque jamais, tout le long de la côte, depuis le golfe de Guayaquil jusqu’à Lima, l’étincellement des étoiles est bien moins sensible que dans nos climats. Voyez Scintillation & Etoile. Hist. acad. 1743. (O)

ETINDROS, (Histoire nat.) pierre qu’Albert le Grand dit être semblable à du crystal, & dont il prétend qu’il tombe continuellement des gouttes d’eau. Boëtius de Boot, de lapid. & gemm.

ETIOLEMENT, s. m. (Bot.) altération qui survient aux plantes qu’on éleve dans des lieux renfermés, & qui consiste en ce qu’alors elles poussent des tiges longues, éfilées, d’un blanc éclatant, terminées par de très-petites feuilles assez mal façonnées, d’un verd-pâle. Est-ce à un certain degré d’humidité, au défaut d’air, de chaleur ou de lumiere, qu’on doit attribuer la cause de cette altération ? M. Charles Bonnet, de Geneve, a déjà fait quelques expériences, par lesquelles ni l’humidité, ni le défaut d’air, ni le plus ou moins de chaleur, ne lui ont paru influer sur l’étiolement. Il soupçonne donc que cette maladie des plantes, qui est si remarquable, procede de la privation de la lumiere. Il n’assûre rien cependant ; au contraire il reconnoît que ce sujet demande un examen plus approfondi, & un plus grand nombre d’expériences que celles qu’on a faites jusqu’à ce jour, pour expliquer ce phénomene. Mais sur les expériences de qui pourroit-on compter plus sûrement que sur les siennes, si son tems le lui permettoit ? personne n’ignore combien la Physique lui est déjà redevable. Voyez Puceron. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ETIOLOGIE ou ÆTIOLOGIE, s. f. (Medec.) de αἰτία, cause, & de λόγος, discours. C’est le nom que l’on donne à la partie de la Pathologie dans laquelle on traite en général des causes des maladies. Voyez Pathologie, Maladie. On appelle aussi Ethiologie, la recherche, la dissertation, l’exposition que l’on fait particulierement d’une maladie distinguée de toute autre. (d)

ETIQUET, (Jurisprud.) Dans la coûtume de