leur même de la fievre ; celle-ci dépend de l’augmentation de la circulation du sang. Celle-là est causée par l’impression que fait l’acrimonie de substances acres qui agissent rarement sur les filets nerveux ; telle est la chaleur brûlante que les malades ressentent intérieurement dans la fievre épiale.
Cette fievre est en même tems accompagnée d’un froid violent & douloureux dans les parties extérieures du corps ; ce froid est peut-être occasionné par la même acrimonie qui excite dans les muscles de ces parties un spasme capable de resserrer les vaisseaux, & de n’y laisser passer que fort peu de sang. Par-là, il prive non-seulement les parties extérieures de chaleur, mais il y cause une sorte d’horripilation, & d’érétisme douloureux, qui se joignent au sentiment de froid, & qui le rendent plus insupportable.
Quoi qu’il en soit, cette affection morbifique de la fievre demande la destruction du vice irritant, & requiert en même tems les antiseptiques cardiaques, propres à ranimer les forces & la circulation languissante du sang & des humeurs. Les frictions faites avec des liqueurs spiritueuses, chaudes, souvent répétées partout le corps, contribueront efficacement au même but. Voyez fievre horrifique.
Fievre épidémique, de ἐπὶ, sur, & δῆμος, peuple. On nomme fievres épidémiques, populaires, ou communes, les fievres de même espece, qui changent néanmoins souvent de caractere & de nature, attaquent indifféremment dans certains tems toutes sortes de personnes de l’un & de l’autre sexe, de tout âge, de tout ordre, & comme par une espece de contagion. Voyez Epidémies.
On re peut trop lire les auteurs qui ont traité ce sujet ; Hippocrate, epidemior. Baillou, Sydenham ; les observations des medecins de Breslaw, d’Edimbourg ; Roger, dans son essai on épidémical diseases ; Cleghorn, on épidemical diseases of minorca, &c. Et pour les fievres épidémiques des armées, des camps, des hôpitaux, fievres bien différentes de celles qui regnent ailleurs, voyez l’excellent livre du docteur Pringle, intitulé observations on the diseases of the army. London, 1753, in-8°.
Fievre érésypélateuse, est celle qui est accompagnée d’érésypele, ou qui en est l’effet. Voyez Erésypele.
La cause prochaine de l’érésypele est le passage des globules rouges du sang dans les vaisseaux lymphatiques de la peau, sur-tout dans ceux qui composent le lacis lymphatique.
Causes de cette fievre. Cette fievre procede ordinairement, 1°. d’un sang chargé d’une humeur acre & subtile de la bile, de l’humeur de la transpiration, ou de celle de la sueur, qui ont été arrêtées : 2°. de l’usage d’alimens gras, & de boissons échauffantes & spiritueuses : 3°. dans les personnes cacochymes, foibles, scorbutiques, ou dans celles-là même qui joüissent d’une bonne santé, de la corruption spontanée des humeurs excrémenteuses, mises en mouvement par quelque faute ou abus des choses non-naturelles : 4°. de la constitution particuliere du malade.
Effets. L’humeur érésypélateuse ne produit aucun signe critique dans les urines ; mais quand elle est dispersée dans la masse des humeurs par la circulation, elle excite une fievre plus ou moins forte, la nature tendant à se décharger de l’hétérogene morbifique par une éruption sur la peau.
Cure. Lorsque la fievre érésypélateuse est considérable, accompagnée de fâcheux symptomes, & que l’érésypele est malin, il faut recourir à la saignée, la répéter à proportion de la constitution du malade, & de la violence des symptomes. On doit joindre à ce remede les délayans, les calmans, les évacuans, &
les diaphorétiques. Les délayans donnent aux humeurs plus de fluidité ; les calmans appaisent la douleur ; & les diaphorétiques conviennent lorsque la maladie est occasionnée par la suppression de la transpiration. Les purgatifs sont nécessaires dans les fievres érésypélateuses, produites par des humeurs qui ont enflammé le sang, & qui l’ont déterminé à passer dans les vaisseaux lymphatiques. On corrigera les humeurs pourrissantes par les anti-septiques, legerement astringens.
Quant à l’érésypele même qui produit cette fievre, on en peut tirer le prognostic de son espece, de sa cause, de la partie que l’érésypele attaque, & des accidens. L’érésypele qui est accompagné de douleurs violentes, de fievre considérable, de diarrhée, est beaucoup plus fâcheux que celui qui est sans aucun de ces accidens : mais l’érésypele qui est simple, benin, leger, se dissipe promptement, & cesse avec la fievre, avant, ou peu de tems après.
Fievre erratique, febris erratica, ἄταϰτος πυρετός. On nomme fievre erratique, vague, irréguliere, intercurrente, toute fievre intermittente ou rémittente, qui a ses vicissitudes, ses exacerbations, son cours, & sa durée dans des tems incertains.
De telles fievres se présentent souvent aux observations des Medecins, dans les commencemens des intermittentes, sur-tout des quartes de l’automne, & elles sont pour lors très-irrégulieres : de plus, l’on remarque que les intermittentes long-tems prolongées, deviennent fréquemment erratiques, & que quelquefois les erratiques se changent en intermittentes régulieres ; mais la méthode curative est constamment la même, ou doit l’être, pour les fievres erratiques, comme pour les diverses intermittentes. Aussi nous ne nous y arrêterons pas ici. Voyez l’article Fievre intermittente.
On nomme encore fievre erratique, celle qui survient aux femmes par la suppression du flux menstruel. La cure de cette espece de fievre erratique, consiste à procurer l’écoulement des regles par la saignée du pié, l’usage des vapeurs, des linimens, des fumigations, des purgatifs utérins, les emménagogues, les stomachiques, les corroborans, les chalybés, l’exercice.
Fievre étique : dans l’usage ordinaire on écrit étique, & on le prononce de même ; mais comme les Latins disent hectica febris, & les Grecs ἑϰτιϰὸς πυρετὸς, de ἑξὶς qui répond au mot habitus, qualité qu’on a peine à séparer du sujet ; il en résulte que laissant à part la prononciation, il faut toûjours écrire hectique dans un dictionnaire d’Arts, qui doit conserver l’origine des mots autant qu’il est possible. Voyez donc Fièvre hectique.
Fievre exanthémateuse, c’est une fievre accompagnée sur tout le corps, ou sur une partie du corps, de boutons inflammatoires nommés exanthemes.
On sait que ce sont de petites taches ou tubercules rouges, plus ou moins larges, avec ou sans élévation, d’une bonne ou d’une mauvaise qualité. Voyez Exantheme.
Causes. Ces taches ou tubercules inflammatoires ont le plus souvent 1°. pour matiere celle qui ne pouvant circuler dans les petits vaisseaux de la peau, s’y arrête ; & 2°. pour causes, la suppression de la transpiration, la dépravation des humeurs, la force de la circulation des secrétions, des excrétions, &c. De ces différentes causes proviennent bien des sortes de pustules, qui donnent aux fievres qui les accompagnent, les divers noms d’exanthémateuse, d’érésypélateuse, de scarlatine, de pétéchiale rouge, de pétéchiale pourpre, de miliaire blanche & rouge, de rougeole, & de petite vérole. Voyez tous ces mots.
Prognostiçs. La nature des exanthemes, leur ca-