du fleuve par l’angle du fil. Voyez Résistance des Fluides & Fluide.
Un autre moyen est celui que M. Pitot a proposé dans les mémoires de l’académie de 1732. Il prend un tuyau recourbé, dont la partie supérieure est verticale, & l’inférieure horisontale. Il plonge cette derniere dans l’eau, ensorte que l’eau entre par la branche horisontale. Selon les lois de l’Hydraulique, d’eau doit s’élever dans le tuyau vertical, à une hauteur égale à celle dont un corps pesant devroit tomber, pour acquérir une vîtesse égale à celle de l’eau. Mais on sent encore que ce moyen est assez fautif : 1°. l’eau sera retardée par l’angle qui forme la partie horisontale avec la verticale : 2°. elle le sera encore le long du tuyau par le frotement, ainsi elle s’élevera moins qu’elle ne devroit suivant la théorie ; & il est très-difficile de fixer le rapport entre la hauteur à laquelle elle s’éleve, & celle à laquelle elle doit s’élever, parce que la théorie des frotemens est très-peu connue. Voyez Frotement.
Le moyen le plus simple & le plus sûr pour connoître la vîtesse de l’eau, est de prendre un corps à-peu-près aussi pesant que l’eau, comme une boule de cire, de le jetter dans l’eau, & de juger de la vîtesse de l’eau par celle de cette boule ; car la boule acquiert très-promptement & presqu’en un instant, une vîtesse à-peu-prés égale à celle de l’eau. C’est ainsi qu’après s’être épuisé en inventions sur des choses de pratique, on est forcé d’en revenir souvent à ce qui s’étoit présenté d’abord. Voyez les ouvrages de Guglielmini, celui de Varenius, & l’histoire naturelle de M. de Buffon, d’où cet article est tiré. (O)
Fleuve ou Riviere d’Orion, (Astronomie.) est le nom qu’on donne quelquefois dans l’Astronomie à une constellation, qui s’appelle aussi éridan. Voyez Eridan. (O)
Fleuve, (Myt. Icon. Litt.) Il y avoit peu de fleuves, surtout dans la Grece & dans l’Italie, auxquels on ne trouvât des statues & des autels consacrés au dieu du fleuve, où on alloit faire des libations, & quelquefois même des sacrifices. « Les Egyptiens, dit Maxime de Tyr, honorent le Nil à cause de son utilité ; les Thessaliens, le Pénée (aujourd’hui Selembria), à cause de sa beauté ; les Scythes le Danube, pour la vaste étendue de ses eaux ; les Etoliens l’Achéloüs, à cause de son combat avec Hercule ; les Lacédémoniens l’Eurotas (aujourd’hui Vasilipotamo), par une loi expresse qui le leur ordonnoit ; les Athéniens l’Ilissus, par un statut de religion ».
A ce détail, nous pouvons ajoûter le Rhin, qu’on trouve représenté dans les médailles avec ces mots, deus Rhenus ; le Tibre, qui étoit pour ainsi dire une des divinités protectrices de Rome ; le Pamise, fleuve du Péloponnese, à qui les Messéniens offroient tous les ans des sacrifices ; & enfin le Clitomne (aujourd’hui Clitonne), petite riviere d’Italie dans l’état de l’Eglise & en Ombrie, qui non-seulement passoit pour dieu, mais même rendoit des oracles. Il est vrai que c’est le seul des fleuves qui eût ce privilége ; car la Mythologie ni l’Histoire ancienne ne font mention d’aucun autre oracle de fleuve ou de riviere.
Voici comme Pline le jeune, liv. VIII. parle de ce dieu Clitomne, & c’est un trait d’histoire qui mérite d’être cité. « A la source du fleuve Clitomne est un temple ancien & fort respecté ; Clitomne est là habillé à la romaine : les sorts marquent la présence & le pouvoir de la divinité : il y a à-l’entour plusieurs petites chapelles, dont quelques-unes ont des fontaines & des sources ; car Clitomne est comme le pere de plusieurs autres petits fleuves qui viennent se joindre à lui. Il y a un pont qui fait la séparation de la partie sacrée de ses eaux
avec la profane : au-dessus de ce pont, on ne peut qu’aller en bateau ; au-dessous il est permis de se baigner ».
Hésiode dit que les fleuves sont enfans de l’Océan & de Thétis, pour nous marquer qu’ils viennent de la mer comme ils y rentrent. Ils sont décrits sous la figure de vénérables vieillards, pour marquer qu’ils sont aussi anciens que le monde ; c’est pour cela que les poëtes latins les appellent du nom de pere : da nunc Tybri pater, dit Virgile. Ils ont la barbe & la chevelure longues & traînantes, parce qu’on les suppose mouillées. Ils sont couronnés de jonc, couchés à terre, appuyés sur une urne d’où sort l’eau qui forme la riviere. C’est encore de cette maniere qu’on les représente dans nos ballets où il y a des entrées de fleuves.
Les anciens ont aussi donné des cornes aux fleuves, soit parce qu’ils sont appellés les cornes de l’Océan, ou plûtôt parce que la plûpart se partagent ordinairement en plusieurs canaux avant que d’entrer dans la mer : c’est pourquoi Virgile a dit, Rhenus bicornis, parce que le Rhin n’avoit de son tems que les deux canaux qui formoient l’île des Bataves, avant que Drusus Germanicus en eût ouvert un troisieme pour joindre ses eaux avec celles de l’Issel. Mais aujourd’hui que nous ne peignons plus les fleuves avec des cornes, je ne crois pas qu’il fût permis aux poëtes modernes de parler dans leurs vers des cornes des fleuves ; parce que la Poésie ne doit étaler que des images nobles & connues : il est au contraire très permis aux Peintres & aux Graveurs, de représenter les fleuves par des figures humaines debout, ou couchées sur le gason, &c. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
FLEXIBLE, adj. en Physique, se dit proprement des corps qui peuvent se plier. Il y a des corps flexibles sans effort, comme les fils, les cordes non-étendues ; & des corps flexibles avec plus ou moins d’effort, comme les côtes de baleine, les ressorts, &c. Ces derniers reprennent leur figure dès qu’on les abandonne à eux-mêmes. Voyez Elasticité & Ressort.
Un corps de cette derniere espece qui est plié, forme deux leviers ; & le point où il plie, peut être regardé comme le point fixe commun aux deux leviers. Il suit de-là que plus la puissance motrice est éloignée de ce point, plus elle a de force : ainsi plus un corps flexible est long, plus il cede aisément à la force qui le fléchit. C’est pour cette raison qu’un grand bâton que l’on tient horisontalement par un bout, se fléchit souvent par son propre poids. Voyez Elastique, Ressort, & Résistance des Solides.
On peut aussi donner le nom de flexible aux corps ductiles, & en général, avec M. Musschenbroek, à tout corps dont la figure peut être changée, alongée, ou raccourcie, sans qu’il s’y fasse aucune séparation de parties. Voyez Ductilité. (O)
FLEXIBILITÉ, s. f. (Physiol.) Un corps flexible est un corps dont les parties élémentaires sont tellement co-hérentes, qu’elles peuvent prendre toutes sortes de figures sans se rompre : or les parties du corps humain ont dû nécessairement avoir cette propriété. Dans l’homme, la flexibilité dépend de deux choses : 1°. du peu de contacts réciproques des élémens, car les cohésions sont en raison des surfaces ; ainsi la cornée est une lame flexible, mais les fragmens d’os sont fragiles : 2°. de la glu qui joint les élémens solides ; lorsqu’elle abonde, comme dans le jeune âge, les os mêmes se plient sans se rompre : mais quand la glu s’est identifiée avec les élémens mêmes, & qu’elle s’est ossifiée comme eux, il en résulte une si grande fragilité, dans l’âge avancé principalement, que les os peuvent se rompre par le milieu à la moindre chûte.