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GUINGUANS, (Comm.) toile de coton quelquefois mêlée de fils d’écorce d’arbres, qui n’est ni fine ni grosse, tantôt bleue, tantôt blanche, de huit aunes de long sur trois quarts ou cinq huitiemes de large, & qu’on tire des Indes orientales, sur-tout de Bengale ; il y en a qui sont moitié soie moitié écorce.

GUINGUET, s. m. (Marine.) Voyez Élinguet.

GUIONAGE, s. m. (Jurisprudence.) est la même chose que guiage. Voyez ci-devant Guiage. (A)

* GUIPÉ, adj. pris subst. (Brod.) point de broderie qui n’a lieu que sur le vélin ; il se fait en conduisant le fil d’or ou d’argent à une certaine distance où on l’arrête, & en ramenant la suite de ce fil au point d’où l’on est parti, & toûjours de même.

Guipé, en terme de Boutonnier, il se dit d’un fil de deux ou plusieurs brins retordus ensemble dans le sens naturel, & d’un troisieme de même ou de différente couleur, attaché plus ou moins loin du roüet, mais vis-à-vis, sur un émerillon ; le roüet en mouvement y met les maîtres brins qui sont accrochés à l’émerillon, qui tourne & fait tourner le troisieme que l’on conduit de l’émerillon jusqu’au roüet, en laissant entre les tours qu’il fait sur les maîtres brins, plus ou moins de distance. Le guipé peut entrer dans toutes sortes d’enjolivemens.

* GUIPER, v. act. (Ruban.) c’est donner la derniere main à la frange que l’on appelle guipée : lorsque cette frange est hors de dessus le métier, & forme différens coupons, comme il sera dit à l’article Tisser, & comme on le voit dans nos Planches elle est tendue par deux ficelles sur une longueur prise à volonté. Ces ficelles sont fixées à demeure le long d’un mur, mais il faut qu’elles en soient éloignées d’environ deux piés, pour la commodité de la guipeuse, & que la frange soit tendue le plus qu’il est possible ; plus elle l’est, mieux il en est : cela fait, la guipeuse passe le doigt index de la main gauche dans la boucle que forme le coupon ; puis avec le crochet du guipoit, elle débarasse un brin de la pente en le prenant contre la tête de la frange, où il est plus aisé à saisir ; ce brin séparé & pris dans le crochet du guipoir ; elle fait tourner sur lui-même le guipoir avec le pouce & le doigt index de la main droite, & cela avec violence. Le guipoir mis en mouvement de cette maniere, retord le brin qui lui est attaché, & c’est de l’habileté de la guipeuse que dépend la beauté de la guipure ; puisque si la frange est trop guipée elle grippe ; que si elle ne l’est pas assez, elle se trouve trop lâche ; le brin guipé est terminé par le bout d’en-bas par une petite boucle que le crochet du guipoir y a laissée : ce brin est passé entre le doigt auriculaire & l’annulaire de la main gauche, pour avoir la liberté d’en séparer & guiper d’autres. Lorsque la guipeuse a fini ce coupon, elle en prend un autre, après cela un troisieme, toûjours en reculant de la droite à la gauche ; lorsque la longueur tendue est considérable, comme de quatre à cinq aunes, plusieurs guipeuses peuvent y travailler, en conservant entre elles assez de distance pour ne se pas nuire l’une à l’autre. On facilite le tour du guipoir, en le garnissant de cire ; ce qui lui donne la force de tourner avec plus de vélocité. Voici une autre façon de le faire tourner, que l’on appelle filer : lorsque la guipeuse s’est emparée du brin avec le crochet de son guipoir, elle approche la paume de la main droite de celle de la gauche ; & par le frottement des pouces & de ces deux parties dont elle tire la droite à-elle, elle donne le mouvement au guipoir avec la même dextérité que de l’autre maniere.

* GUIPOIR, s. m. (Rubanier.) c’est un petit instrument de fer en forme de petite broche, de la longueur de cinq à six pouces, & terminée par en-haut en pointe extrèmement déliée, tournée en crochet recourbé ; l’autre bout est inséré dans une petite

masse circulaire de plomb de sept à huit lignes de diametre, & d’environ un demi-pouce de long : cette petite masse sert à lui donner du poids & à conserver son mouvement. Il arrive souvent que la partie crochue qui est foible, se casse ; mais on peut la réformer avec la portion restante de la petite broche qui le compose, & cela autant de fois que l’on voudra, à-moins que l’instrument n’en devînt trop court.

* GUIPURE, en terme de Brodeur, ce n’est autre chose qu’un ornement de relief dont le fond est rempli de gros fil ou d’un carton découpé, recouvert ensuite de fil d’or en deux ou de clinquant simple ; ces fils se mettent à la broche. Voyez Broche. Moins il y a de carton, meilleure est la guipure : le carton, le vélin, ou parchemin qu’on y fait entrer, empêche que les ouvrages en guipure ne puissent s’exposer au lavage ni à l’eau.

GUIPUSCOA, (le) Géogr. petite province septentrionale d’Espagne, bornée à l’est par les Basques, au nord par l’Océan, à l’oüest par la Biscaie, au sud par la Navarre. Le pays abonde en tout, excepté en froment : Tolosa en est la capitale.

Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites, naquit dans la province de Guipuscoa en 1491, & mourut à Rome en 1556, âgé de soixante-cinq ans ; sa vie est bien singuliere. Né avec un esprit romanesque, entêté de livres de chevalerie, il commença par être page à la cour de Ferdinand, roi d’Espagne, embrassa le parti des armes, fut blessé au siége de Pampelune en 1521, & se dévoüa dans sa convalescence à la mortification. On sait la suite de ses avantures, la maniere dont il s’arma chevalier de la Vierge, son projet de combattre un Maure qui avoit parlé peu respectueusement de celle dont il étoit chevalier ; le parti qu’il suivit d’abandonner la chose à la décision de son cheval, qui prit un autre chemin que celui du Maure ; ses premieres études de latin faites à Salamanque à l’âge de trente-trois ans ; son emprisonnement par l’inquisition ; la continuation de ses études à Paris où il fit sa philosophie au collége de sainte-Barbe, & sa théologie aux Jacobins ; son voyage à Rome en 1537 avec des Espagnols & des François qu’il s’associa pour former une congrégation ; la confirmation de son institut par Paul III. & enfin sa nomination en qualité de premier général de son ordre. Le pape Grégoire XV. a canonisé Ignace de Loyola en 1622 : le P. Bouhours a donné sa vie dans laquelle il le compare à César ; on fait plus de cas de celle du P. Maffei écrite en latin ; c’est peut-être le meilleur livre du jésuite italien, & le moindre du jésuite françois. (D. J.)

GUIRLANDE, s. f. ornement pour la tête, fait en forme de couronne. Voyez Couronne.

On fait des guirlandes de fleurs, de plumes, & même de pierreries. Janus passoit dans l’antiquité pour l’inventeur des guirlandes. Athenée, Dipnos. lib. XV.

On donne encore le nom de guirlande à un ornement composé de fleurs, de fruits, & de feuilles entre-mêlées ensemble, que l’on suspendoit anciennement aux portes des temples, où l’on célébroit quelque fête. On en mettoit aussi dans tous les endroits où l’on vouloit donner des marques de réjouissance publique, comme aux arcs-de-triomphe, &c. Voyez Feston. On en couronnoit la tête des victimes aux sacrifices des Payens. S. Paulin dans son poëme sur S. Felix, parle des guirlandes & des couronnes de fleurs dont on décoroit la porte de l’église & le tombeau de ce saint.

Les Italiens ont des décorateurs qu’ils appellent festaroli, qui font des festons, des guirlandes & autres ornemens pour les fêtes. Chambers.

Les guirlandes servent dans l’Architecture, & sont