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Force, grande force, petite-force, (Jurisprud.) La coûtume de Bar commence ainsi : « Premierement, la coûtume est telle, que tous fiefs tenus du duc de Bar, en son bailliage dudit Bar, sont fiefs de danger, rendables à lui, à grande & petite-force »…

M. le Paige, commentateur de cette coûtume, dit sur grande & petite-force : « La coûtume de S. Mihiel, tit. ij. art. 5. nous découvre le sens de ces mots, lorsqu’elle dit que tous châteaux, maisons, forteresses, & autres fiefs, sont rendables au seigneur, à grande & petite-force, pour la sûreté de sa personne, défense de ses pays, & pour la manutention, exécution, & main-forte de sa justice ; en telle sorte que le vassal commettroit son fief, s’il étoit refusant ou dilayant de ce faire. La grande force, continue M. le Paige, se fait avec artillerie & canon, même avec gens de guerre : & la petite-force, par les voies ordinaires de la justice, par saisie & commise ».

* Forces, (Arts méchan.) ciseaux qui n’ont point de clous au milieu, mais qui sont joints par un demi-cercle d’acier qui fait ressort, & qui en approche ou éloigne les branches.

* Forces, (Gantier.) ce sont des especes de ciseaux à ressort d’un pié de long, qui servent pour tailler la peau propre à faire des gants. Voyez Gantier.

* Forces, (Gazier.) ce sont de petits ciseaux à ressort d’environ un demi-pié de longueur : on s’en sert pour découvrir le brocher des gazes à fleur. Voyez Gaze.

Celles des manufactures en soie sont de la même espece.

* Forces, (Chandelier.) espece de ciseaux dont se servent les Chandeliers pour couper le bout des meches, & pour les egaliser. Voyez Chandelier. C’est le taillandier qui fait toutes ces sortes de grands ciseaux.

* Forces, ou Jambes de force, (Charpent.) sont des pieces de bois qui servent à soûtenir l’entrait dans lequel elles sont à tenons & mortaises, avec goussets. Voyez nos Planches de Charpenterie.

Forces, (Faire les-) Manége. L’action de faire les forces consiste de la part du cheval dans celle de mouvoir sans cesse de côté & d’autre la mâchoire postérieure. Par ce mouvement continuel & desagréable, le point d’appui varie toûjours ; & les effets de main ne peuvent jamais être justes & certains. Puisque ce n’est que dans les instans où cette même main veut agir, que l’animal se livre à cette action, il me paroît que l’on doit conclure qu’il cherche alors à dérober les barres, ou les autres parties de sa bouche qui se trouvent exposées à l’impression du mors, sans doute à raison de la douleur que lui suscite cette impression, ou d’une incommodité quelconque qu’elle lui apporte. Or cette douleur ou cette incommodité me met en droit de supposer trop de sensibilité dans ces mêmes parties, de l’irrésolution, de la lenteur, de la dureté, & de l’ignorance des mains auxquelles il a d’abord été soûmis. On peut encore chercher l’origine de ce défaut dans la mauvaise ordonnance des premieres embouchures, dans le peu de soin que l’on a eu d’en faire polir & d’en faire joindre exactement les pieces, & plus souvent encore dans le peu d’attention de l’éperonnier à fixer le canon avec une telle précision dans son juste lieu, qu’il ne repose point immédiatement sur la portion tranchante de la barre, & qu’il ne trébuche pas sur la gencive. Des mors trop étroits qui serreront les levres ; des gourmettes trop courtes qui comprimeront la barbe, occasionneront aussi ce vice, auquel on ne peut espérer de remédier qu’autant que l’on substituera, dans de semblables circonstances, des embouchures appropriées à la conformation de la bouche

du cheval ; & qu’autant que dans les autres cas, une main habile en ménagera la délicatesse, & entreprendra de corriger l’animal d’une mauvaise habitude qu’il ne perd que difficilement. Du reste, si quelques parties telles que les levres, les barres, la langue, le palais, ou la barbe, sont blessées ou entamées, il n’est pas douteux que le moindre contact qu’elles souffriront sera toûjours suivi & accompagné d’une douleur plus ou moins vive : on aura recours aux médicamens par le moyen desquels ces parties peuvent être rappellées à leur état naturel. (e)

FORCÉ, voyez Forcer.

Forcé, se dit, en Peinture, d'une figure dont l'attitude & l'expression sont contraintes : ce peintre ne donne que des tours, des expressions forcées à ses figures. (R)

* FORCEAU, s. m. terme de chasse ; c’est un piquet sur lequel un filet est entierement appuyé, & qui le retient de force.

* FORCENÉ, adj. (Gramm.) qui a l’esprit troublé par quelque passion violente ; il ne se doit dire que de l’homme : cependant le blason l’a transporté aux animaux ; & l’on dit, un cheval forcené, pour un cheval qui paroît emporté et furieux.

FORCEPS, en Chirurgie, mot latin qui signifie littéralement une paire de tenailles : il convient génériquement à toutes les especes de pincettes, ciseaux, cisoires, tenettes, & autres instrumens avec lesquels on saisit & l'on tire les corps étrangers. Voyez Corps étranger, Exérese.

On a conservé particulierement le nom de forceps à une espece de tenette destinée à faire l'extraction d'un enfant dont la tête est enclavée au passage. Cet instrument a été appellé longtems le tire-tête de Palfin, du nom de cet auteur, chirurgien & lecteur d'anatomie à Gand. Nous avons peu d'instrumens qui ayent souffert plus de changemens dans leur construction. On peut lire avec fruit l'histoire très-détaillée des différens forceps, dans un traité de M. Levret, de l'académie royale de Chirurgie, intitulé observations sur les causes & les accidens de plusieurs accouchemens laborieux, Paris 1747, & dans la suite de ces observations données au public en 1751.

Cet instrument est composé de deux branches, auxquelles on considere un corps & deux extrémités ; l'une antérieure, pour saisir la tête de l'enfant ; & l'autre postérieure, qu'on peut appeller le manche. La jonction des deux branches à l'endroit du corps se fait par entablement. A l'une des branches, il y a un bouton conique qui entre dans une ouverture pratiquée dans le corps de l'autre branche, & on les assujettit par le moyen d'une coulisse à mortaise, laquelle engage le collet qui est à l'extrémité du bouton. M. Smellié, célebre praticien de Londres, se sert d'un forceps dont les deux pieces se joignent par encochure ; on les fixe par un lac ou lien qu'on noue sur les manches. M. Levret avoue que cette jonction par deux coches profondes qui se reçoivent mutuellement, est plus commode dans l'usage que la jonction par l'entablement à mi-fer : mais il ne la croit pas si stable, non-seulement par le défaut d'opposition exacte des parties supérieures de l'instrument, mais encore par le vacillement des branches, que le lien ne peut empêcher.

L'extrémité anterieure de chaque branche est une cuillere fenêtrée ; la tête s'engage naturellement dans ces vuides, & donne par-là une bonne prise à l'instrument. Dans les forceps anglois le plein de la partie intérieure étoit demi-rond sur sa largeur. M. Levret y a fait pratiquer une petite cannelure bordée d'une petite levre le long du bord interne le plus éloigné du vuide des branches, afin que l'instrument pût s'appliquer encore plus intimement sur les parties