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quelles on la mêle, de changer ; s’il y a quelque petites exceptions à faire, elles se trouveront lorsque je parlerai de la peinture à l’huile, parce qu’elles y ont plus de rapport. J’avertis à cette occasion qu’il sera bon que ceux qui consulteront cet article, jettent aussi les yeux sur les articles où je parlerai des couleurs qui s’employent dans les autres façons de peindre, parce que les observations nouvelles que je pourrois faire, celles dont je pourrois être instruit, & celles que j’aurois omises, s’y trouveront.

Voici actuellement deux tables, l’une des couleurs dont il ne faut point se servir en peignant à fresque, l’autre des couleurs propres à ce travail.

Couleurs nuisibles à la fresque
Couleurs propres à la fresque.
Le blanc de plomb.
La laque.
Le verd de-gris.
Tous les verds, hors ceux qui sont de terre
Le jaune de France.
Le jaune de Naples.
Les orpins.
Le noir d’os.
Généralement toutes les terres colorées.
Le blanc de chaux.
Le blanc de coque d’œuf.
Le vitriol brûlé.
La terre rouge.
L’ochre jaune.
L’ochre brûlé.
Le verd de Verone.
La terre d’ambre.
Le noir de Venise.
Le noir de charbon.
L’outremer.
Couleurs délicates qui demandent des précautions.

Le blanc de marbre.
Le cinnabre.
L’émail.

Pour employer toutes ces couleurs, on les broye avec de l’eau commune, & l’on commence à former les teintes principales que l’on veut employer ; on les met par ordre dans des pots ou dans des terrines, & l’on se précautionne de plusieurs grandes palettes de bois ou de cuivre, dont les bords sont relevés, pour y former les nuances intermédiaires, & pour avoir plus aisément sous sa main les nuances dont on a besoin. Une précaution essentielle est d’éprouver les mélanges & les teintes que l’on forme ; parce que les couleurs détrempées à l’eau, s’éclaircissent de plusieurs nuances en séchant, hors le rouge violet, l’ochre brûlé, & les noirs. Pour s’assûrer de son accord, on applique avec la brosse un échantillon de chaque teinte sur des tuiles neuves, ou de la brique bien seche ; l’eau s’y imbibe dans l’instant, & la couleur paroît avec la nuance qu’elle gardera lorsque la fresque sera seche.

On aura sous sa main un vase d’eau claire pour humecter ces couleurs, ou bien une éponge, & l’on prendra garde de ne commencer à peindre que lorsque l’enduit de chaux aura assez de consistance pour résister à l’impression des doigts ; il arriveroit sans cela que les couleurs s’étendroient sur le fond trop humide, & qu’on ne pourroit donner aucune netteté à l’ouvrage.

Je ne veux pas ajoûter ici les moyens qu’ont imaginés quelques peintres pour retoucher à sec, & pour suppléer ainsi au défaut des ouvrages à fresque ; parce qu’ils ne peuvent servir qu’à voiler l’ignorance, à couvrir la mauvaise foi, & à tromper ceux qui feroient exécuter de ces sortes d’ouvrages : ces moyens n’ont aucune solidité, ne peuvent faire illusion que quelques instans, & ne méritent pas d’être expliqués ici, puisqu’ils ne tendent point à la perfection de l’art. Article de M. Watelet.

FRET, ou FRETTAGE, s. m. (Commerce.) terme de commerce de mer ; il signifie le loüage d’un navire en tout ou en partie, pour voiturer & transporter des marchandises d’un port ou d’un pays à un autre. Ce qu’on appelle fret sur l’Océan, se nomme

nolis sur la Méditerranée. Voyez Nolis. Dictionn. de Comm. & de Trév. (G)

Fret signifie encore un certain droit de cinquante sols par tonneau de mer, qui se paye aux bureaux des fermes du roi par les capitaines & maîtres des vaisseaux étrangers à l’entrée ou à la sortie des ports & havres du royaume.

Les vaisseaux hollandois furent déchargés de ce droit par le traité d’Utrecht en 1713 : il devoit aussi cesser en faveur des vaisseaux anglois, à condition que le droit de 5 sols sterling seroit supprimé en Angleterre en faveur des François ; mais cette condition n’ayant pas été remplie, les choses sont restées sur l’ancien pié. Les vaisseaux des villes hanséatiques joüissent en France du même privilége que les Hollandois, par le traité conclu en 1716 entre la France & les villes de Hambourg, Lubeck, & Bremen. Dictionn. de Comm. & de Trév. (G)

Fret se dit aussi de l’équipement d’un navire. (G)

FRETÉ, adj. en termes de Blason, se dit de l’écu & des pieces principales, quand elles sont couvertes de bâtons croisés en sautoirs, qui laissent des espaces vuides & égaux en forme de losanges.

Humiere en Picardie, d’argent, fretté de sable.

FRETILLARDE, SERPENTINE, (Man.) épithetes synonymes employées pour désigner, dans certains chevaux, le mouvement continuel de leur langue. Les langues fretillardes ou serpentines sont celles qui remuent sans cesse, & qui s’arrêtent fort peu dedans & dehors la bouche : les embouchures qui n’ont pas beaucoup de liberté retiennent ces langues actives & mouvantes. Voyez Mors. (e)

FRETTE, s. f. (Architecture.) est un cercle de fer, dont on arme la couronne d’un pieu ou d’un pilotis, pour l’empêcher de s’éclater. On dit fretter, pour mettre une frette. Voyez Fretter. (P)

FRETTER, v. act. (Hydrauliq.) On dit fretter des tuyaux de bois, quand on garnit de cercles de fer leurs extrémités, pour les emboîter & les chasser à force, sans craindre de les fendre ; ces cercles de fer s’appellent frettes. On est obligé de fretter les balanciers, les moutons, les pieux, & autres pieces de bois des machines hydrauliques. (K)

FREUDENBERG, (Géog.) petite ville en Franconie, située sur le Mein ; elle appartient à l’évêque de Vurtzbourg. Long. 23. 16. 30. lat. 49. 38 (D. J.)

FREUDENSTADT, (Géog.) petite & forte ville d’Allemagne dans la Forêt-Noire, bâtie en 1600 par le duc Frédéric de Wirtemberg, pour défendre l’entrée & la sortie de cette forêt. Elle est sur le chemin de Tubingen à Strasbourg, à 10 lieues S. E. de Strasbourg, & à 6 S. O. de Tubingen. Long. 26. 2. lat. 48. 25. (D. J.)

FREUX, s. m. cornix frugilega, (Hist. nat. Ornitholog.) oiseau qui ressemble presque entierement à la corneille : on les confond souvent, & on les appelle tous les deux du même nom de corneille. Celui qui a servi de sujet pour la description suivante pesoit une livre trois onces ; il avoit un pié & demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & seulement un pié quatre pouces jusqu’au bout des ongles ; l’envergure étoit de trois piés. Cet oiseau n’a point de jabot ; mais la partie supérieure de l’œsophage est dilatée en forme de petit sac, dans lequel il porte la nourriture de ses petits : il enfonce son bec dans la terre pour chercher des vers, si profondément, qu’il détruit presque entierement les plumes qui entourent la racine du bec, & celles qui sont depuis la racine jusqu’aux yeux. La peau qui recouvre la base du bec est blanchâtre & farineuse. On distingue les freux des corneilles ordinaires, non-seulement par cette marque, mais encore parce qu’ils sont plus gros, parce que leurs plumes sont luisantes & qu’ils volent & nichent par troupes. Il y a dans cha-