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On donne le même nom à un autre bâtiment ancré dans un port de mer, ou sur une riviere, où sont renfermés des commis du roi, établis pour la visite des bâtimens qui entrent & sortent, & pour la perception des droits d’entrée & de sortie. Les conducteurs de bâtimens sont obligés de s’approcher de la gabare, de déclarer leur charge, & de se laisser visiter.

On employe le même petit bâtiment pour l’enfoncement des pilots, & dans d’autres circonstances ; comme de lester ou délester un vaisseau. Le maitre de la gabare s’appelle le gabarier.

La gabare est en usage sur quelques rivieres qui ont peu de fond.

C’est encore une espece de filadiere ou bateau pêcheur. Voyez l’article Filadiere.

* Gabare, (Pêche.) espece de filet qui ne differe de la seine que par la grandeur. Voyez l’article Seine.

GABARET, Gabaretum, (Géog.) ville de France du Condomois en Gascogne, capitale d’une petite contrée qu’on nomme le Gabardan. Elle est sur la Gélise entre Condom & Roquefort de Marsan, a neuf lieues de la premiere, & à l’orient de la seconde. Elle a eu ses comtes particuliers. Long. 17. 36. lat. 43. 59. (D. J.)

GABARI ou GABARIT, s. m. (Marine.) est proprement le modele qu’on fait avec des planches ressciées, larges de huit à neuf pouces, qu’on joint les unes au bout des autres, & que l’on taille exactement selon les contours & les dimensions des principales couples, & sur lesquelles les charpentiers n’ont plus qu’à se conformer exactement lorsqu’ils taillent les pieces de bois qui doivent former les membres du vaisseau.

On employe quelquefois ce terme pour signifier le contour vertical de la carene. C’est dans ce sens qu’on dit, ce vaisseau est d’un bon gabari.

Gabari est quelquefois synonyme du mot couple ; c’est pourquoi on dit le maître gabari, au lieu du maître couple ; le gabari de l’avant, le gabari de l’arriere, &c. C’est dans ce dernier sens que nous en parlons ici. Voyez le mot Couple.

Pour donner une idée du maître couple ou maître gabari, & de toutes les pieces qui le composent, il ne faut que jetter les yeux sur la figure 3. de la Plan. XV. de Marine, où elles sont toutes énoncées.

Le corps du vaisseau est formé par plusieurs côtes, qu’on nomme couples ou levées.

Les couples diminuent en-avant & en-arriere, suivant de certaines proportions. Pour tracer un maître couple & tous les autres, & leur donner les proportions les plus convenables & les plus avantageuses, il y a beaucoup de méthodes toutes différentes ; les unes de pure pratique entre les constructeurs, & les autres de théorie. Si l’on en veut prendre une connoissance exacte, il faut avoir recours au traité du navire de M. Bouguer, & au traité pratique de la construction des vaisseaux, par M. Duhamel, que j’ai déjà cité dans plusieurs occasions. (Z)

GABARIER, s. m. (Marine.) Quelques-uns donnent ce nom au maitre qui conduit la gabare. On appelle aussi gabariers, les porte faix qui sont employés à charger & décharger la gabare. (Z)

* GABAROTE, s. f. (Pêche.) c’est un diminutif de gabare. Voyez Gabare. Ce petit bateau est en usage dans le ressort de l’amirauté de Bordeaux.

GABELLE, s. f. (Jurisp.) en latin gabella, & en basse latinité gablum, gabulum, & même par contraction gaulum, signifioit anciennement toute sorte d’imposition publique. Guichard tire l’etymologie de ce mot de l’hébreu gab, qui signifie la même chose. Ménage, dans ses origines de la langue françoise, a rapporte diverses opinions à ce sujet. Mais l’étymologie la plus probable est que ce mot vient du saxon gabel, qui signifie tribut.

En France il y avoit autrefois la gabelle des vins, qui se payoit pour la vente des vins au seigneur du lieu, ou à la commune de la ville ; ce qui a été depuis appellé droits d’aides. On en trouve des exemples dans le spicilege de d’Achery, tom. II. pag. 576. & dans les ordonnances du duc de Bouillon, article 572.

Il y avoit aussi la gabelle des draps. Un rouleau de l’an 1332 fait mention que l’on souloit rendre de l’imposition de la gabelle des draps de la sénéchaussée de Carcassonne, 4500 liv. tournois par an, laquelle fut abattue l’an 1333.

L’ordonnance du duc de Bouillon, art. 572, fait mention de la gabelle de tonnieu, ou droit de tonlieu, tributum telonei, que les vendeurs & acheteurs payent au seigneur pour la vente des bestiaux & autres marchandises.

L’édit d’Henri II. du 10 Septembre 1549, veut que les droits de gabelle sur les épiceries & drogueries soient levés & cueillis sous la main du roi, par les receveurs & contrôleurs établis ès villes de Roüen, Marseille & Lyon, chacun en son regard. La déclaration de Charles IX. du 25 Juillet 1566, art. 9, veut que les épiceries & drogueries prises en guerre, soit par terre ou par mer, payent comme les autres les droits de gabelle lorsqu’elles entreront dans le royaume. Voyez Resve.

Enfin on donna aussi le nom de gabelle à l’imposition qui fut établie sur le sel ; & comme le mot gabelle étoit alors un terme générique qui s’appliquoit à différentes impositions, pour distinguer celle ci on l’appelloit la gabelle du sel.

Dans la suite, le terme de gabelle est demeuré propre pour exprimer l’imposition du sel ; & cette imposition a été appellée gabelle simplement, sans dire gabelle du sel.

L’origine de la gabelle ou imposition sur le sel, ne vient pas des François ; car les lois & l’histoire romaine nous apprennent que chez les Romains les salines furent pendant un certain tems possédées par des particuliers & le commerce libre, suivant la loi forma, §. salinæ, sf. de censibus, & la loi 13. ff. de publicanis. Tel étoit l’état des choses sous les consuls P. Valerius & Titius Lucretius, ainsi que Tite-Live l’a écrit, liv. II. ch. cjx. Mais depuis pour subvenir aux besoins de l’état, les salines furent rendues publiques, & chacun fut contraint de se pourvoir de sel de ceux qui les tenoient à ferme. C’est ce que nous apprenons de la loi inter publica, ff. de verb. signif. & de la loi si quis sine, cod. de vectig. & commiss. Cette police fut introduite par Ancus Marcius, quatrieme roides Romains, & par l’entremise des censeurs Marcus Livius & C. Claudius ; lesquels, au rapport de Tite-Live & Denis d’Halicarnasse, furent appellés de-là salinatores.

Athenée rapporte aussi, que comme en la Troade il étoit permis à chacun d’enlever librement du sel sans aucun tribut, Lysimaque roi de Thrace y ayant mis un impôt, les salines tarirent & se dessecherent, comme si la nature eût refusé de fournir matiere pour cette imposition ; laquelle ayant été ôtée, les salines revinrent dans leur premier état. Sur quoi Chenu remarque qu’il n’est point arrivé de semblable prodige en France, quoique l’on ait établi par degré plusieurs impositions sur le sel.

On tient communément que la gabelle du sel fut établie en France par Philippe de Valois. Ils se fondent sur ce qu’Edoüard III. l’appelloit ironiquement l’auteur de la loi salique, à cause qu’il avoit fait une ordonnance au sujet du sel. Mais il est constant que le premier établissement de la gabelle du sel est beaucoup plus ancien.

En effet il en est parlé dans les coûtumes ou priviléges que S. Louis donna à la ville d’Aigues-mor-