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survivant des conjoints par mariage gagne selon la coûtume sur les biens du prédécédé : ainsi gaigne est un mot corrompu, dérivé de gain coûtumier. (A)

GAILLAC, Galliacum, (Géogr.) petite ville du haut Languedoc dans l’Albigeois, assez remarquable par le commerce de ses vins, & plus encore par son abbaye de Bénédictins, dont on ne trouve cependant aucune mention avant l’an 972. Cette abbaye fut sécularisée en 1536, & forme à présent un chapitre. La ville de Gaillac est sur le Tarn, à 3 lieues O. d’Albi, 6 N. de Lavaur. Long. 19. 30. lat. 43d. 50′. (D. J.)

* GAILLARD, adj. ce mot differe beaucoup de gai. Il présente l’idée de la gaieté jointe à celle de la bouffonnerie, ou même de la duplicité dans la personne, de la licence dans la chose ; c’est un gaillard, ce conte est un peu gaillard : il se dit aussi quelquefois de cette espece d’hilarité ou de galanterie libertine qu’inspire la pointe du vin : il étoit assez gaillard sur la fin du repas. Il est peu d’usage ; & les occasions où il puisse être employé avec goût, sont rares. On dit très-bien il a le propos gai, & familierement il avoit le propos gaillard. Un propos gaillard est toûjours gai ; un propos gai n’est pas toûjours gaillard. On peut avoir à une grille de religieuses le propos gai : si le propos gaillard s’y trouvoit, il y seroit déplacé.

GAILLARDE, s. f. (Musiq.) espece de danse dont l’air est à trois tems gai. On la nommoit autrefois romanesque, parce qu’elle nous est, dit-on, venue de Rome, ou du-moins d’Italie.

Cette danse est hors d’usage depuis long-tems ; il ne reste dans la danse qu’un pas qu’on appelle pas de gaillarde. Voyez la suite de cet article. (S)

Gaillarde, (Fonderie en caracteres.) cinquieme corps des caracteres d’Imprimerie. Sa proportion est d’une ligne trois points, mesure de l’échelle ; son corps double est le gros-romain.

Voyez Proportion des Caracteres d’Imprimerie, & l’exemple à l’article Caracteres.

La gaillarde est un entre-corps, & on employe souvent pour le faire l’œil de petit-romain sur le corps de gaillarde, qui n’est que de peu de chose plus foible. Voyez Mignonne.

Gaillarde, (pas de) Danse. il est composé d’un pas assemblé, d’un pas marché, & d’un pas tombé. Le pas de gaillarde se fait en-avant & de côté.

Le pas en-avant se fait ayant le pié gauche devant à la quatrieme position, & le corps posé sur le talon du pié droit levé ; de-là on plie sur le pié gauche ; la jambe droite se leve, & on se releve pour sauter. La jambe se croise devant à la troisieme position, en retombant de ce saut sur les deux piés les genoux étendus ; & cette jambe qui a croisé devant, se porte à la quatrieme position en-avant. On laisse poser le corps dessus en s’élevant du même tems ; par ce moyen on attire la jambe gauche derriere la droite, & à peine la touche-t-elle que le pié se pose à terre, & le corps se posant dessus, fait plier le genou gauche par son fardeau : ce qui oblige la jambe droite de se lever. Dans le même moment le genou gauche qui est plié en voulant s’étendre, renvoye le corps sur la gauche, qui se pose à terre, en faisant un saut que l’on appelle jetté-chassé. Mais en se laissant tomber sur le pié droit, la jambe gauche se leve, & le corps étant dans son équilibre entierement posé sur le pié droit, l’on peut en faire autant du pié gauche.

Ce pas se fait aussi de côté en allant sur une même ligne, mais différemment de celui en-avant. Ayant le corps posé sur le pié gauche, vous pliez & vous vous élevez en sautant & assemblant le pié droit auprès du gauche à la premiere position, en tombant sur les deux pointes, mais le corps posé sur le gau-

che, parce que du même tems vous portez le droit à côté à la deuvieme position en vous élevant dessus pour faire votre pas tombé, qui fait la seconde partie dont le pas de gaillarde est composé.

GAILLARDS ou CHATEAUX, s. m. pl. (Mar.) ce sont des étages ou des ponts qui ne s’étendent point de toute la longueur du vaisseau, mais qui se terminent à une certaine distance de l’étrave & de l’étambot. Les gaillards d’avant & derriere sont placés sur le pont le plus élevé, & la dunette est au-dessus du gaillard d’arriere. L’étendue des gaillards & dunette varie suivant la grandeur des vaisseaux. On communique du gaillard d’arriere au gaillard d’avant par une espece de couroir qu’on établit basbord & stribord, & qu’on appelle le passe-avant. Voyez, Planche I. de Marine, le dessein du vaisseau, le gaillard d’arriere coté HH, & le gaillard d’avant coté L. (Q)

GAILLARDET, s. m. (Marine.) c’est une sorte de petite giroüette échancrée en maniere de cornette. (Q)

GAILLARDELETTES, s. f. ou GALANS, s. m. (Mar.) quelques navigateurs donnent ce nom aux pavillons qu’on arbore sur le mât de misene & sur l’artimon, mais il n’est guere d’usage. (Q)

GAILLON, (Géog.) bourg de France en Normandie, au diocèse d’Evreux, renommé par sa situation, par un palais appartenant aux archevêques de Roüen, & par la Chartreuse qui en est voisine. Il est dans un lieu charmant près de la Seine, à 2 lieues d’Andely, & 7 de Roüen. Long. 19. lat. 49. 18. (D. J.)

* GAIN, s. m. profit que l’on tire de son travail, de son industrie, de son jeu. Il est l’opposé de perte Voyez l’article Gagner.

Gain, (Jurispr.) ce terme s’applique dans cette matiere à plusieurs objets différens.

Gain d’une cause, Instance ou Procès, c’est lorsqu’une partie obtient à ses fins. (A)

Gain de la dot, est le droit que le mari a dans certains pays & dans certains cas de retenir pour lui en tout ou partie la dot de sa femme prédécédee.

Ce gain ou avantage est aussi nommé gain de nôces desunies, droit de rétention & contr’augment, parce qu’il est opposé à l’augment de dot que la femme survivante gagne sur les biens de son mari. Voyez ci-devant COntre’augment & Dot.

Voyez aussi les questions de lucro dotis de Rolland, Duval, & Phannucius de phannuccis, en son comm. sur les statuts de la ville de Lucques, sive tract. de lucro dotis, lib. II. cap. xjx. (A)

Gain conventionnel, est un gain de nôces & quelquefois aussi de survie, qui est fondé ou regle sur le contrat de mariage. Voyez ci-après Gains nuptiaux. (A)

Gain coûtumier, est le gain de nôces & de survie que le mari ou la femme qui a survécu à son conjoint, gagne suivant la coûtume ou l’usage sur les biens de ce conjoint prédécédé. Voyez ci-après Gain statutaire. (A)

Gain de nôces, est un avantage qui est acquis au mari ou à la femme, à cause du mariage sur les biens de l’autre conjoint.

Il y a des avantages qui sont tout-à-la-fois gains de nôces & de survie, d’autres qui sont gains de nôces simplement. Voyez ci-après Gain nuptial & Gain de survie. (A)

Gain nuptial, est un avantage qui revient au mari ou à la femme sur les biens de l’autre conjoint, & qui lui est accordé en faveur du mariage.

Ces sortes de gains sont fondés sur la loi, ou sur le contrat de mariage, ou sur un usage non écrit qui a acquis force de loi.

Par le terme de gains nuptiaux pris dans un sens