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par le royaume de Léon. L’air y est tempéré le long des côtes ; ailleurs il est froid & humide. Saint-Jacques de Compostelle est la capitale de cette province. Elle a plusieurs ports qui sont très-bons, mais sans commerce ; des mines de fer, de plomb, & de vermillon, dont on ne tire rien ; des forêts remplies de bois pour la construction des vaisseaux, mais qu’on laisse dépérir ; du vin, du lin, des citrons, des oranges, mais dont on ne fait point d’exportations avantageuses ; enfin une quarantaine de villes dépeuplées, qu’on nommeroit ailleurs de misérables villages. La Galice a été érigée en royaume en 1060 par Ferdinand, roi de Castille, & est ensuite redevenue province jusqu’à ce jour. (D. J.)

Galice, (la nouvelle) Géog. contrée de l’Amérique septentrionale, que les Espagnols appellent aussi guadalajara. Voyez Guadalajara.

GALILÉENS, s. m. pl. (Théolog.) nom de secte parmi les Juifs. Ils eurent pour chef Judas de Galilée, lequel croyant qu’il étoit indigne que les Juifs payassent tribut à des étrangers, soûleva ceux de son pays contre l’édit de l’empereur Auguste, qui ordonnoit de faire le dénombrement de ses sujets. Voyez Dénombrement, &c.

Le prétexte de ces séditieux étoit que Dieu seul devoit être reconnu pour maitre, & appellé du nom de Seigneur. Du reste les Galiléens avoient les mêmes dogmes que les Pharisiens ; mais comme ils ne croyoient pas qu’on dût prier pour les princes infideles, ils se séparoient des autres Juifs pour offrir leurs sacrifices en particulier. Voyez Pharisien.

J. C. & ses apôtres étoient de Galilée ; c’est la raison pour laquelle on les soupçonna d’être de la secte des Galiléens ; & les Pharisiens lui tendirent un piége en lui demandant s’il étoit permis de payer le tribut à César, afin d’avoir occasion de l’accuser s’il le nioit. Voyez Josephe, antiq. jud. lib. XVIII. Dict. de Trévoux & de Chambers. (G)

GALIMATHIAS, s. m. (belles-Lettres.) discours obscur & embrouillé, où l’on ne comprend rien, où il n’y a que des mots sans ordre & sans liaison.

On n’est pas d’accord sur l’origine de ce mot. Quelques-uns le dérivent de polymathie, qui signifie diversité de sciences, parce que ceux dont la mémoire est chargée de plusieurs sortes de sciences, sont d’ordinaire confus, & s’expriment obscurément. M. Huet croit que ce mot a la même origine qu’alibosum, & qu’il a été formé dans les plaidoyers qui se faisoient autrefois en latin. Il s’agissoit d’un coq appartenant à une des parties qui avoit nom Matthias. L’avocat à force de répéter les noms de gallus & de Matthias, se brouilla, & au lieu de dire gallus Matthiæ, dit galli Matthias ; ce qui fit ainsi nommer dans la suite tous les discours embrouillés. Au reste, nous ne donnons cette origine que comme vraissemblable, & en citant notre auteur, qui n’en garantit point du tout la vérité. Dictionn. de Trévoux. (G)

GALIERAN, s. m. Voyez Butor & Freux.

GALIN, s. m. en termes de Cornetier, s’entend de l’ergot de bœuf encore brut, & tel qu’il sort du pié de l’animal.

GALINSECTE, s. f. (Hist. nat.) genre d’insecte à six jambes, différent des progalinsectes, suivant la distinction qu’en fait M. de Réaumur. Les galinsectes, dit-il, ont le corps très-lisse quand elles sont grandes, au lieu que les progalinsectes y conservent des sortes de rides ou d’articulations qui les font mieux reconnoître pour des insectes, & pour être moins ressemblantes à des galles que ce qu’il appelle galinsectes. Voyez Progalinsectes.

Il y a plusieurs especes de galinsectes ; les plus grandes qu’on connoisse ne parviennent guere qu’à la grosseur d’un pois médiocre ; lorsqu’elles sont très-petites,

elles agissent & courent avec vivacité ; mais

les femelles devenues plus fortes, se fixent à quelqu’endroit de la plante ou de l’arbre dont elles sucent la substance ; elles y croissent ensuite considérablement, sur-tout en grosseur, & y perdent avec la faculté de pouvoir changer de place, presque toute la figure extérieure d’un animal, prenant celle à-peu-près d’une gale, dans laquelle on diroit qu’elles se sont métamorphosées.

C’est dans cette situation immobile qu’elles reçoivent la compagnie du mâle, qui transformé en une très-petite mouche, est un animal actif, qui ne ressemble en rien à la femelle. Celles-ci après l’accouplement pondent, sans changer de place, un très grand nombre d’œufs, qu’elles savent faire glisser sous leur ventre ; elles meurent sur leur ponte, & leur corps qui y reste fixé, lui sert de couverture pour la garantir contre les injures de l’air, jusqu’à ce que ces petits éclos sortent de cet abri cadavéreux pour se transporter ailleurs.

M. de Réaumur, dans son IV. tome sur les insectes, détaille amplément tous ces faits. Mais sur de pareilles matieres, il faut se fixer dans cet ouvrage à de simples généralités.

On juge sans peine que les galinsectes se nourrissent du suc de la plante, & que le peu qu’elles en peuvent tirer du petit endroit où elles sont toûjours attachées, leur doit suffire. La trompe dont elles se servent pour sucer la plante, seroit certainement difficile à appercevoir.

Parvenues à leur derniere grandeur, elles n’ont plus qu’à pondre ; & non-seulement elles pondent sans changer de place, mais sans qu’il paroisse aucunement qu’elles ayent pondu. La galinsecte étoit appliquée par son ventre contre l’arbre, & n’offroit aux yeux que son dos, de sorte qu’elle avoit la figure d’un bateau renversé. Quand elle pond, elle fait passer ses œufs entre son ventre & l’arbre à mesure qu’ils sortent, & les pousse du côté de sa tête ; son ventre s’éleve donc toûjours soûtenu par les œufs sortis, & se rapproche du dos ; & comme toute la galinsecte n’étoit presqu’un paquet d’œufs, il ne reste d’elle après sa ponte, que son ventre attaché à son dos.

Les œufs de plusieurs especes de galinsectes se trouvent posés sur un duvet cotonneux, qu’on peut appeller un lit, ou nid ; tout le tas en est de même enveloppé en partie, si ce n’est qu’il y en a quelques-uns répandus dans ce duvet, comme au hasard. D’où peut venir cette matiere : car assûrement les galinsectes ne l’ont pas filée, aussi privées de mouvement qu’elles le sont ? M. de Réaumur pense qu’elles l’ont transpirée, & l’histoire de l’académie des Scienc. année 1737, rapporte d’autres exemples de pareils faits. Il sort donc naturellement de la galinsecte même, un lit qui la tient plus mollement & plus commodément couchée sur l’arbre, & dans la suite ce lit devient nid pour les œufs.

Mais sa grande difficulté est de savoir comment les galinsectes ont été fécondées. M. de Réaumur croit encore avoir découvert le mystere. Il a vû, dit-il, de très-petites mouches se promener sur le corps des galinsectes, dont chacune est pour elle un assez grand terrein, y chercher avec un aiguillon un endroit qu’elles veulent piquer, le trouver vers l’anus de la galinsecte, à une fente bien marquée, & alors plus ouverte, & y porter son aiguillon. Ces mouches seroient donc les mâles de cette espece, malgré leur grande différence de figure & de volume avec les femelles.

Il est certain d’ailleurs que des mouches, quelles qu’elles soient, ne commencent pas par être mouches ; il faut qu’elles ayent passé auparavant par quelque métamorphose. Parmi des galinsectes du même