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nistrer les lois militaires. Avec ces qualités, il se sera aimer, craindre, & sans doute obéir.

» Les parties d’un général sont infinies. L’art de savoir faire subsister une armée, de la ménager ; celui de se placer de façon qu’il ne puisse être obligé de combattre que lorsqu’il le veut ; de choisir ses postes, de ranger ses troupes en une infinité de manieres, & savoir profiter du moment favorable qui se trouve dans les batailles, & qui décide de leur succès. Toutes ces choses sont immenses & aussi variées que les lieux & les hasards qui les produisent.

» Il faut pour les voir, qu’un général ne soit occupé que de l’ennemi un jour d’affaire : l’examen des lieux & celui de son arrangement pour ses troupes, doit être prompt comme le vol d’un aigle ; sa disposition doit être courte & simple. Il s’agit de dire, par exemple, la premiere ligne attaquera, la seconde soûtiendra ; ou tel corps attaquera & tel soûtiendra.

» Il faudroit que les généraux qui sont sous lui fussent bien bornés pour ne pas savoir exécuter cet ordre, & faire faire la manœuvre qui convient chacun à sa division : ainsi le général ne doit pas s’en occuper ni s’en embarrasser ; car s’il veut faire le sergent de bataille & être par-tout, il sera précisément comme la mouche de la fable, qui croyoit faire marcher un coche.

» Il faut donc qu’un jour d’affaire un général ne fasse rien ; il en verra mieux ; il se conservera le jugement plus libre, & il sera plus en état de profiter des situations où te trouve l’ennemi pendant la durée du combat ; & quand il verra sa belle, il devra baisser la main pour se porter à toutes jambes dans l’endroit défectueux ; prendre les premieres troupes qu’il trouve à portée, les faire avancer rapidement, & payer de sa personne : c’est ce qui gagne les batailles & les décide. Je ne dis point ou ni comment cela se doit faire, parce que la variété des lieux & celle des dispositions que le combat produit, doivent le démontrer ; le tout est de le voir & d’en savoir profiter.

» Bien des généraux en chef ne sont occupés un jour d’affaire, que de faire marcher les troupes bien droites ; de voir si elles conservent bien leurs distances ; de répondre aux questions que les aides de camp leur viennent faire ; d’en envoyer par-tout, & de courir eux-mêmes sans cesse ; enfin ils veulent tout faire, moyennant quoi ils ne font rien. Je les regarde comme des gens à qui la tête tourne, & qui ne voyent plus rien ; qui ne savent faire que ce qu’ils ont fait toute leur vie, je veux dire, mener des troupes méthodiquement. D’où vient cela ? c’est que très-peu de gens s’occupent des grandes parties de la guerre ; que les officiers passent leur vie à faire exercer des troupes, & croyent que l’art militaire consiste seulement dans cette partie : lorsqu’ils parviennent au commandement des armées, ils y sont tout neufs ; & faute de savoir faire ce qu’il faut, ils font ce qu’ils savent.

» L’une de ces parties est méthodique, je veux dire, la discipline & la maniere de combattre ; & l’autre est sublime : aussi ne faut-il point choisir pour celle-ci des hommes ordinaires pour l’administrer.

» L’on doit, une fois pour toutes, établir une maniere de combattre que les troupes doivent savoir, ainsi que les généraux qui les menent : ce sont des regles générales, comme, par exemple, qu’il faut garder ses distances dans la marche ; que lorsqu’on charge, il faut le faire vigoureusement ; que s’il se fait des troüées dans la premiere ligne, c’est à la seconde à les boucher ; il ne faut point d’écritures pour cela, c’est l’abc des troupes : rien n’est si ai-

sé ; & le général ne doit pas y donner toute son attention,

comme la plûpart le font. Mais ce qui mérite toute son attention, c’est la contenance de l’ennemi, les mouvemens qu’il fait, & où il porte ses troupes : il faut chercher à lui donner de la jalousie dans un endroit, pour lui faire faire quelque fausse démarche, le déconcerter ; profiter des momens, & savoir porter le coup de mort où il faut. Mais pour tout cela, il faut se conserver le jugement libre, & n’être point occupé de petites choses ». Rêveries, ou mémoires sur la Guerre, par M. le maréchal de Saxe.

Si l’on veut s’instruire plus particulierement de tout ce qui concerne l’emploi de général, on pourra consulter Vegece, le commentaire sur Polybe du chevalier Folard, les réflexions militaires de M. le marquis de Santa-Crux, &c. (Q)

Général des Dragons, (Art milit.) c’est le colonel général de ce corps auquel on donne souvent ce titre dans l’usage ordinaire. « M. de Boufflers a le régiment des gardes vacant par la mort de M. de la Feuillade, & vend sa charge de général des dragons au comte de Tessé ». Abrégé chronologique de l’histoire de France, par M. le président Hénault.

Le corps des dragons a un autre chef, c’est le mestre de camp général : en l’absence de ces deux officiers, c’est le plus ancien brigadier du corps qui en a le commandement.

Lorsque les dragons sont mêlés dans les brigades de cavalerie, ils doivent obéir à celui qui commande ; s’il arrive que ce soit un officier de dragons, il est en ce cas sous les ordres du général de la cavalerie ; s’il se trouve dans les brigades mêlées de cavalerie & de dragons, un brigadier de ce dernier corps, il roule avec les brigadiers de cavalerie ; & il est obligé de reconnoître le général ou le commandant de la cavalerie. Les officiers de cavalerie & de dragons de pareils grades, tiennent rang entr’eux de la date de leurs commissions ; lorsqu’elles sont datées du même jour, l’officier de cavalerie commande celui de dragons. S’il arrive que par ancienneté, le brigadier, colonel ou autre officier de dragons, se trouve commander un corps ou un détachement composé de cavalerie & de dragons, l’officier de dragons doit, en ce cas, après avoir rendu compte au général de l’armée, le rendre ensuite au général de la cavalerie ou à celui qui la commande, comme étant le premier corps, & ensuite au commandant des dragons. Dans tout autre service qui concerne les dragons, les officiers de ce corps n’ont aucun compte à rendre ni aucun ordre à recevoir de celui qui commande la cavalerie ; les dragons faisant un corps distinct & séparé. Code milit. par M. Briquet.

Ce qu’on vient d’ajoûter à l’article Général des Dragons, doit servir de supplément & de rectification au mot Dragons, où l’on ne s’est pas expliqué exactement sur ce qui concerne ce corps : on y dit, que le major général des dragons reçoit l’ordre du maréchal général des logis de la cavalerie ; il falloit dire, que les ordres du général lui sont remis par le maréchal général des logis de la cavalerie, verbalement ou par écrit. (Q)

Général de la Cavalerie, (Art militaire.) est l’officier qui commande la cavalerie ; ce grade est le premier dans l’armée après celui de maréchal de camp : la cavalerie a trois autres chefs, qui font le colonel général, le mestre de camp général, & le commissaire général ; en l’absence de ces trois officiers, c’est le plus ancien brigadier du corps qui la commande.

Les princes ont ordinairement le commandement de la cavalerie dans leur seconde campagne. (Q)

Général des Galeres, (Marine.) c’est celui qui les commande & qui est à la tête du corps. Lors-