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de Haïr, & vient se perdre dans un grand lac. Cette riviere & quelques autres des mêmes cantons ont cela de particulier, que plus elles s’éloignent de leurs sources, plus elles s’éloignent de la mer. (D. J.)

GHNIEF, (Géog.) ville de la Prusse polonoise au palatinat de Culm, sur la Vistule, avec une citadelle. Le nom polonois de cette ville s’écrit Gniew. Les Allemands l’appellent Meve, car presque tous les lieux de la Prusse ont deux noms. Cellarius la nomme en latin Meva, Gnevum, & Gnievum. Ghnief a été prise & reprise plusieurs fois sur les Polonois par les chevaliers de l’ordre teutonique, & par les Suédois. C’est une starostie du roi de Pologne, à quatre lieues de Graudentz. Longit. 37. 2. latit. 53. 24. (D. J.)

GI

GIACHAS, (Géogr.) M. de Lisle écrit Jagas, & Dapper Jagos ; peuple d’Afrique dans la basse Ethiopie, qui paroît être le même que les Galles. Voyez Galles. (D. J.)

GIAGH ou JEHAGH, s. m. (Hist. mod.) nom d’un cycle de douze ans qu’ont les Catayens & les Turcs. Voyez Cycle.

Chaque année du giagh porte le nom d’un animal ; la premiere, de la souris ; la seconde, du bœuf ; la troisieme, du lynx ou léopard ; la quatrieme, du lievre ; la cinquieme, du crocodile ; la sixieme, du serpent ; la septieme, du cheval ; la huitieme, du mouton ; la neuvieme, du singe ; la dixieme, de la poule ; la onzieme, du chien ; la douzieme, du pourceau.

Ils divisent aussi le jour en douze parties, qu’ils appellent encore giagh, & leur donnent les noms des mêmes animaux. Chaque giagh contient deux de nos heures, & se divise en huit parties qu’ils nomment keh ; de sorte que leur journée contient quatre-vingts-seize kehs, ou autant que de quarts-d’heure chez nous. D’Herbelot, biblioth. orient. Voyez le dictionn. de Trévoux & Chambers. (G)

GIALLOLINQ, (Hist. nat.) espece d’ochre ou de terre jaune, ainsi nommée par les Italiens ; c’est la même chose que ce qu’on appelle le jaune de Naples.

GIAM-BO, (Bot. exot.) arbre des Indes orientales, dont le P. Boym compte deux especes.

La premiere porte des fleurs pourpres ; son tronc & ses rameaux sont de couleur cendrée ; ses feuilles sont lisses, & ont huit pouces de long sur trois de large ; son fruit est de la grosseur de nos petites pommes de renette, de couleur ou rouge, ou blanche, ou mi-partie : il contient une pulpe blanche & spongieuse, d’un goût acidule, très-agréable, propre à rafraîchir & à desaltérer ; on en fait d’excellentes conserves. Ce fruit a sa maturité en Novembre & en Décembre. Il n’a point de pepins, mais un noyau rond, dont l’amande est verte & coriace. L’arbre qui le donne, offre en même tems à la vûe des fleurs, des fruits verds & des fruits mûrs.

L’autre espece de giam-bo croît à Malaca, à Macao, & dans l’île de Hiam-Xam, qui dépend de la Chine. Cette espece differe de la premiere par ses fleurs, qui sont d’un jaune-blanc ; par l’odeur de son fruit, qui sent la rose ; & par sa couleur, qui tire sur le jaune : enfin il a une couronne semblable à celle de la grenade. Il est mûr en quelques endroits au mois de Mars, & en d’autres au mois de Juillet. Il renferme un seul noyau séparé en deux ; sa chair est d’une saveur fort douce, sans aucune acidité.

Le P. Boym a fait graver dans sa flora sinensis une figure très-jolie du giam-bo, mais aussi peu instructive que sa description ; & cependant c’est le seul voyageur, que je sache, qui ait parlé de ce bel arbre des Indes & de la Chine. (D. J.)

GIBADOU, (Géog.) ville d’Afrique au desert de

Barbarie, dans le royaume de Gibadou. Elle est presque sous le tropique du Cancer, vers le 30d. 50′. de longitude. (D. J.)

GIBBAR, s. m. (Hist. nat. Ichth.) On donne en Saintonge ce nom à la baleine, parce qu’elle a le dos voûté & bossu. Voyez Baleine.

GIBBOSITÉ, s. f. (Physiol. & Med.) en grec χύρωμα, χύφασις, inflexion contre nature de l’épine du dos, qui promine au-dehors.

Cette difformité du corps arrive lorsque l’épine se courbe, se jette ou latéralement, ou en-dedans ou en dehors, ou en-dedans & en-dehors tout ensemble. Quand le déjettement se fait en-dehors, nous le nommons bosse ; quand il se fait en-dedans, c’est ce qu’on peut appeller enfoncement ; quand il se fait en-dehors & en-dedans tout ensemble, c’est tortuosité, & il a pour-lors la forme d’une S, soit directe, soit renversée.

La gibbosité est de naissance ou accidentelle ; de naissance, par quelque mouvement violent de l’enfant dans le ventre de sa mere ; ou accidentelle après sa naissance. Laissons sans autre examen la premiere espece de gibbosité, puisqu’elle est incurable, & considérons la seconde, dans laquelle un enfant naturellement bien formé, peut ensuite par diverses causes devenir bossu en grandissant : ce cas arrive lorsqu’une partie des vertebres du dos, & des ligamens qui réunissent ces vertebres, ne pouvant croître en proportion au reste du corps, forcent l’épine à se voûter. C’est donc du méchanisme général de l’épine, qu’on déduira sans peine toutes les différentes courbures contre nature dont cette colonne osseuse est susceptible. Voyez Épine du Dos.

L’indication du remede est de tâcher d’affoiblir la puissance courbante, en augmentant la compression sur la partie convexe de la courbure, & en la diminuant sur la partie concave. Pour y parvenir, on doit varier la méthode suivant la différence des cas, & les diverses causes du déjettement de l’épine.

Ces causes sont externes ou internes, & les premieres plus fréquentes que les dernieres. Les enfans sont plus sujets à devenir bossus que les adultes, ou plûtôt c’est dans l’enfance que cette difformité commence presque toûjours : la raison en est évidente ; il est difficile que les os tendres, mous, cartilagineux, flexibles, ne viennent à se courber par des causes externes qui les auront offensés, comme par une mauvaise maniere d’emmaillotement précédente, par des corps mal faits, par des chûtes, par des coups violens, par de mauvaises attitudes répétées, & autres évenemens semblables.

Lorsque des nourrices portent sur leurs bras des enfans au maillot, dont les jambes ne sont pas bien étendues ou bien placées, dont le corps n’est pas bien assujetti, il peut arriver que les os se courbent par leur flexibilité ; & si le corps de l’enfant penchant & s’inclinant d’un côté, reste long-tems dans cet état, la colonne vertébrale en souffrira, pourra se déranger, & contracter une tendance à la courbure, qui croît insensiblement & se manifeste avec l’âge. Les chûtes & les corps roides qui difforment la taille, produisent le même accident. Je dis enfin que la gibbosité peut arriver à l’occasion de certaines attitudes & habillemens négligés.

M. Winslow, dans l’hist. de l’Académ. année 1740, cite l’exemple d’une jeune dame de grande taille, bien droite, qui avoit pris l’habitude & de s’habiller négligemment dans sa maison, dont elle sortoit rarement, & d’être assise toute courbée, tantôt en-avant, tantôt de côté & d’autre ; bientôt elle eut de la peine à se tenir droite debout, comme elle faisoit auparavant. Insensiblement l’épine du dos devint de plus en plus courbée latéralement en deux sens contraires, à peu-près comme une S romaine.