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étoient sujets aux vicissitudes du sec & de l’humide, qui devoient y apporter des changemens considérables, sans compter qu’ils étoient rongés des insectes qui les diminuoient tout-d’un-coup d’un demi-grain, & conséquemment le médicament pesé : ensorte qu’on devoit être exposé à des inexactitudes continuelles. Dans les formules, le grain a pour caractere ses deux premieres lettres. Ainsi, prenez de tartre stibié gr. ij. signifie qu’on en prenne deux grains.

Grain, en terme de Raffineur, est proprement le sucre coagulé qui forme ces sels luisans & semblables par leur grosseur aux grains de sable. On appelle encore de ce nom dans les raffineries, des sirops que la chaleur fait candir & attacher au fond du pot. Voyez Pot.

Grain d’Orge, (Medecine.) maladie fréquente dans les cochons qu’on engraisse, & qui consiste en quantité de petites pelotes dures de la grosseur d’un grain d’orge, répandues sur toute la membrane cellulaire ; ces grains ont leur siége dans les bulbes des poils, qui sont de vrais follicules adipeux, où l’injection d’eau & même de matiere céracée, pénetre aisément par les arteres. (D. J.)

Grain d’Orge, outil dont se servent les Tourneurs ; il paroît être composé des biseaux droit & gauche. Voyez nos Planches du tour, où il est représenté vû par-dessous.

Grain de Vent, (Marine.) se dit d’un nuage, d’un tourbillon en forme d’orage, qui ne fait que passer, mais qui donne du vent ou de la pluie, & souvent les deux ensemble : lorsqu’on l’apperçoit de loin, on se prépare, & l’on se tient aux drisses & aux écoutes pour les larguer s’il est nécessaire, ou faire d’autres manœuvres selon le besoin. Il y a des grains si forts & si subits, qu’ils causent bien du desordre dans les voiles & les manœuvres. On dit un grain pesant, lorsque le vent en est très-fort. (Z)

GRAINE, s. f. (Botanique.) semence que les plantes fournissent pour la conservation & la propagation de l’espece, après qu’elles ont produit leurs fleurs & leur fruit. M. Dodard définit la graine, un bourgeon de plante abregée, accompagné d’une pulpe qui lui tient lieu de placenta. La graine est souvent le fruit même de la plante, comme dans la plûpart des herbes potageres ; quelquefois elle n’est que la partie renfermée dans le fruit en forme de grain, de pepin, de noyau ; mais dans tous ces cas, c’est toûjours elle qui sert à multiplier l’espece.

L’anatomie des graines, leur variété externe & interne, les voies dont la nature se sert pour les semer, & le secret de leur végétation seront à jamais l’objet des recherches & de l’admiration des Physiciens.

Grew, qui a fait tant de curieuses observations sur cette matiere, a remarqué qu’en général les graines ont quatre enveloppes, dont la premiere s’appelle la capsule, qui ressemble quelquefois à une petite bourse, comme celle du cresson ; quelquefois c’est une gousse, comme celle des légumes ; quelquefois elle est divisée en deux, comme dans l’oseille & dans la renouée. La seconde & la troisieme enveloppe s’appellent les peaux de la graine, principalement dans les féves ; leur couleur varie depuis le blanc jusqu’au noir de jay. La quatrieme & derniere enveloppe se peut nommer secondine, parce qu’elle est, pour ainsi dire, dans les plantes, ce que sont dans les animaux les membranes qui enveloppent le fétus : on la peut voir en enlevant fort adroitement les robes d’une féve nouvellement formée.

La figure des graines est tantôt semblable à celle d’un rein, comme dans cette espece de ben appellée papaver spumeum : tantôt elle est triangulaire, comme dans l’oseille & dans le sceau de Salomon ; quelquefois entre ronde & triangulaire, comme dans la

menthe & dans la mélisse ; quelquefois elle est ronde-plate, comme dans les giroflées & les amaranthes ; quelquefois sphérique, comme dans les navets & dans le muguet des bois ; quelquefois ovale, comme dans le peigne de Vénus & dans les tithymales ; ou demi-ovale, comme dans l’anis & dans le fénouil, ou demi-ronde, comme dans la coriandre.

On en trouve qui ont la forme d’une pique, comme dans la laitue ; ou d’un cylindre, comme dans les jacobées ; ou d’une pyramide, comme dans le bec de cicogne à feuilles de guimauve. Il y en a de lisses & polies, comme celles du scandix ; d’autres qui sont bouillonnées, comme celles de l’herbe aux mittes ; d’autres qui sont remplies de petites fosses exagones semblables aux rayons de miel, comme celles des pavots, de la jusquiame, du mufle de veau, & du passerage ; d’autres qui sont percées comme des pierres ponces, telles que sont celles du grémil & du phalange de Candie.

La graine de plusieurs plantes mâles est huileuse, & cette graine n’est autre chose qu’une espece de poussiere de diverses couleurs, qui dans les fleurs tient au sommet des étamines ; elle est jaune dans le lis blanc, rouge dans le lis frisé, noire dans plusieurs especes de tulipes ; toutes ces graines repoussent l’eau. Cela se voit fort bien dans la semence du pié de loup, lycopodium ; car si on en enduit le fond d’un verre, on s’appercevra que l’eau qu’on y verse reçoit une surface convexe, & qu’une goutte d’eau y paroît sous la forme d’un globule rond : l’eau ne pénetrera pas un morceau de toile ou de papier, si on a eu soin de les frotter auparavant comme il faut avec la graine de cette mousse terrestre.

Les peaux des graines de coignassier, de l’herbe aux puces, de la roquette, de la cameline, du cresson, du basilic, & de plusieurs autres, sont vernissées d’un mucilage qui s’évanoüit quand elles sont seches.

Toutes les graines de plantes ont des enveloppes ou des étuis qui les mettent à couvert jusqu’à ce qu’elles soient jettées en terre ; on les retourne, on les mesure, on les entasse sans danger, parce qu’elles sont enveloppées & garanties : les unes naissent dans le cœur des fruits, comme les pepins des pommes & des poires ; d’autres viennent dans des gousses, comme les pois, les féves, les graines de pavot, le cacao. Il y en a qui outre la chair du fruit ont encore de grosses coques de bois plus ou moins dures, comme les noix, les amandes des abricots, des pêches, & d’autres fruits, tant des Indes orientales que des Indes occidentales. Plusieurs par-dessus leur coque de bois ont un brou amer comme nos noix ; ou un fourreau hérissé de pointes, comme les châtaignes & les marrons d’Inde. Indépendamment des enveloppes extérieures, chaque graine a encore son épiderme ou sa peau, dans laquelle sont renfermés la pulpe & le germe.

Toutes ces choses frappent les yeux, & bien davantage encore, quand on regarde les plus petites graines avec la lentille ; car alors elles se montrent aussi différentes dans leur figure & dans leur caractere, que le sont tous les autres genres d’êtres de la création : mais si leur forme extérieure porte une si grande variété, leur structure interne étant artistement développée par des préparations & des sections, offre au microscope mille choses dignes d’admiration. Je suis fâché de n’en oser citer que quelques exemples.

La graine de l’angélique est une des plus odorantes du monde : ôtez-en la premiere pellicule, & vous découvrirez au microscope ce qui produit sa charmante odeur ; c’est une fine gomme ambrée, couchée par filets sur toutes les cannelures de cette semence.

Faites une section longitudinale au grand carda-