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plomb. Voyez Lotissage. On a pour l’ordinaire autant de témoins qu’on employe de quantités différentes de grenaille, & la chose parle d’elle-même ; si l’on en fait de nouvelle, il faut recommencer sur nouveaux frais : ainsi il en faut faire beaucoup à-la-fois ; car le plomb de la même miniere ne contient pas la même quantité d’argent. Les produits d’une mine changent tous les jours ; & d’ailleurs l’argent n’est pas répandu uniformément dans le même gâteau de plomb, comme nous l’avons déjà insinué, & comme nous le détaillerons plus particulierement à l’article Lotissage. C’est aussi par la même raison que ceux qui au lieu de grenailler leur plomb d’essai le réduisent en lamines qu’ils coupent de la grandeur que prescrit ce poids, & dont ils enveloppent l’essai, sont sujets à tomber dans l’erreur.

Mais il ne suffit pas de s’être assûré de la quantité d’argent que contient le plomb, il faut aussi examiner sous ce même point de vûe tout ce qui sert aux essais & qui peut être soupçonné d’en augmenter le bouton ; la litharge, le verre de plomb, le cuivre & le fer, &c. il faut avoir le grain de plomb de tous ces corps. Il est vrai que la plûpart du tems l’erreur qui en pourroit résulter ne seroit pas considérable ; mais elle le deviendroit si elle étoit répétée, c’est à-dire si elle étoit une somme de celles qui pourroient venir de plusieurs causes à-la-fois.

S’il se trouve de l’argent dans le plomb, le bismuth (car celui-ci sert aussi à coupeller) la litharge, &c. c’est qu’il n’y est pas en assez grande quantité pour défrayer des dépenses de l’affinage. D’ailleurs il y a des auteurs qui prétendent que si l’on coupelle de nouveau le plomb qui a été bu par la coupelle, on y trouve toûjours de l’argent : ainsi il ne peut y avoir de plomb sans argent, quoiqu’on dise qu’il s’en trouve. Voyez Cramer, Plomb, Fourneau, à la section des fourneaux de fusion ; Mine perpétuelle de Bécher, Essai, Affinage & Raffinage de l’Argent, & Grenailler.

Grain de Plomb, (Chimie. Métallurg.) Voyez Grain de fin.

Grain, (Physique.) on appelle de ce nom tous les coups de vent orageux qui sont accompagnés de pluie, de tonnerre, & d’éclairs, & l’on se sert du terme de grain-sec pour désigner ceux qui sont sans pluie. Voyez Ouragan. Hist. natur. du Sénégal, par M. Adanson.

Grain, (Art milit.) dans l’artillerie est une opération dont on se sert pour corriger le défaut des lumieres des pieces de canon & mortiers qui se sont trop élargies.

Ce grain n’est autre chose que de nouveau métal que l’on fait couler dans la lumiere pour la boucher entierement. Pour que ce nouveau métal s’unisse plus facilemement avec l’ancien, on fait chauffer la piece très-fortement, pour lui donner à-peu-près le même degré de chaleur que le métal fondu que l’on y coule : quand ce métal est refroidi, on perce une nouvelle lumiere à la piece ; pour que le nouveau métal ne coule pas dans l’ame du canon par la lumiere, on y introduit du sable bien refoulé jusque vers les anses.

Comme il est assez difficile que le nouveau métal dont on remplit la lumiere s’unisse parfaitement avec l’ancien, le chevalier de Saint-Julien propose, dans son livre de la forge de Vulcain, d’élargir la lumiere de deux pouces jusqu’à l’ame du canon, comme à l’ordinaire ; de faire ensuite autour de cette ouverture, à trois ou quatre pouces de distance, quatre trous en quatre endroits différens, disposés de maniere qu’ils aillent se rencontrer obliquement vers le milieu de l’épaisseur de la lumiere ; il faut que ces trous ayent au moins chacun un pouce de diametre. Il faut après cela prendre un instrument de bois à-

peu-près comme un refouloir, qui soit exactement du calibre de la piece ; sur la tête de cette espece de refouloir ; il faut faire une entaille d’un demi-pouce de profondeur, coupée également suivant sa circonférence, ensorte que le fond de cette entaille donne une superficie convexe, parallele à celle de sa partie supérieure. On doit garnir l’entaille d’une ligne ou deux d’épaisseur, en lui donnant toûjours la forme convexe ; après cela, il faut faire fondre cinq ou six cents livres de métal, bien chauffer le canon, & introduire dedans le refouloir dont nous venons de parler ; son entaille doit répondre au trou de la lumiere. Le canon étant ensuite placé de maniere que le trou de la lumiere se trouve bien perpendiculaire à l’horison, il faut faire couler le métal dans tous les trous que l’on a percés, & après les en avoir remplis, & laissé refroidir le tout, la lumiere se trouvera exactement bouchée & en état de résister à tout l’effort de la poudre dont le canon sera chargé dans la suite ; c’est ce que cette construction rend évident. Il est question après cela de retirer le refouloir ; pour le faire plus facilement, on a la précaution de le construire de deux pieces, & en tirant celle de dessous, l’autre se détache aisément. On perce ensuite une nouvelle lumiere, avec un instrument appellé foret ; & c’est la raison pour laquelle on dit indifféremment, dans l’usage ordinaire, percer ou forer une lumiere. Voyez Canon. (Q)

Grain, (Poids.) c’est la soixante-douzieme partie d’une dragme en France. Il y en a conséquemment 24 en un denier ; 28 en un sterling ; 14 en une maille ; 7 en un felin.

En Allemagne la dragme n’a que soixante grains. Cette dragme & ces grains sont différens de ceux de France Les grains d’Angleterre & de Hollande le sont aussi, &c. Voyez la section du poids de proportion à l’article Poids fictif.

Le carat de diamans en France pese quatre grains réels. Celui de l’or est un poids imaginaire. Voyez Carat & Poids fictif.

Le poids de semelle pour l’argent est de trente-six grains réels. Celui pour l’or est de six grains, aussi réels en France. Voyez Poids fictif.

Pour les matieres précieuses, le grain réel se divise en , en , en , &c. & il est toûjours constamment de même poids ; mais le grain imaginaire, ou qui est une division d’un poids représentant, a une valeur proportionnée à ce poids. Voyez Poids fictif.

La lentille des Romains, cens, pesoit un grain ; leur æreole, æreolus, le cholcus des Grecs pesoit deux grains. La silique des Romains, le cération des Grecs, le kirac des Arabes, 4 grains. Le danich des Arabes, huit grains. L’obole des Romains, l’onolosat des Arabes, 12 grains. La dragme des Romains, 72 grains.

En Pharmacie, le grain est ordinairement le plus petit poids. Ce n’est pas qu’on ne prenne des médicamens composés, où une drogue simple n’entre que pour un demi grain, un tiers, un quart, &c. de grain ; mais ces fractions ne sont pas séparées de la masse totale, & se pesent en commun. Cependant il arrive quelquefois qu’une drogue simple est ordonnée à la quantité d’un demi-grain ; & pour lors il faut avoir un poids particulier, pour n’être pas obligé de partager la pesée d’un grain. Ces poids sont faits d’une petite lame de laiton, assez étendue pour porter l’empreinte de sa valeur ; & il faut convenir que ces sortes de poids sont plus justes que ceux qui leur ont donné leur nom. Je veux parler des grains d’orge qui ont servi d’abord à diviser notre denier, ou le scrupule de la Medecine en 24 parties. Il est vrai qu’on avoit la précaution de les prendre médiocrement gros ; mais la masse n’est pas dans tous en même proportion avec le volume. D’ailleurs ces sortes de poids