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c’est dans l’espace compris entre ces murs ou cloisons, que l’on arrange le bois & la mine pour le grillage. Dans d’autres endroits le fourneau de grillage est un grand quarré de maçonnerie, voyez la figure 4. aaa sont les soupiraux pour le cours libre de l’air ; b est l’entrée du fourneau. A Freyberg en Saxe, on grille la mine d’argent & de plomb dans un fourneau qu’on voit représenté à la fig. 5. dont le sol AA sur lequel se fait le grillage, est revêtu de briques ; ce fourneau est couvert d’un toît soûtenu par des piliers de brique, qui portent sur la maçonnerie des côtés du fourneau ; on laisse une ouverture à ce toît, pour que la fumée se dégage. Il y a des occasions où l’on est obligé de faire le grillage dans des fourneaux de réverbere, voûtés & arrangés de maniere que la flamme qu’on allume dessous, vient rouler sur la matiere que l’on veut griller. Schlutter en inventa un de cette espece, dont il se servit avec succès ; il pouvoit contenir jusqu’à 32 quintaux de mine à-la-fois. Il en donne une description très-circonstanciée dans son traité de la fonte des mines, tom. II. pag. 31. & §. de la traduction françoise.

Il y a encore un grand nombre de manieres pour faire le grillage des mines ; & chaque endroit où l’on s’occupe des travaux de la métallurgie, suit à cet égard une méthode particuliere, qui differe à quelques égards de celle des autres pays ; mais celles qui viennent d’être décrites, suffisent pour qu’on se fasse une idée de cette opération ; ceux qui voudront de plus grands détails sur le grillage, les trouveront dans le traité de la fonte des mines d’André Schlutter, publié en françois par M. Hellot, tom. II. & dans Emmanuel Swedenborg, opera mineralia. De cupro.

Les regles générales à observer pour le grillage, c’est d’employer un feu doux qui fasse simplement rougir doucement la mine sans la faire entrer en fusion. Il est nécessaire que le feu soit doux ; parce que s’il étoit violent, en dégageant les parties volatiles qu’on veut faire partir, son impétuosité entraîneroit aussi les parties métalliques qui sont écartées les unes des autres dans la mine, & divisées en particules très-déliées.

La plûpart des métallurgistes préferent le feu de bois à celui de charbon pour le grillage des mines, tant parce qu’il est moins coûteux que le charbon, que parce qu’il ne chauffe point si vivement, & remplit mieux les vûes qu’on se propose dans cette opération. On regarde le bois de pin & de sapin comme préférable à tous les autres ; à son défaut on peut employer le bois de chêne ou de hêtre ; on peut aussi se servir de fagots. Il y a des endroits où l’on grille avec du bois verd & mouillé ; mais l’expérience a fait voir que l’usage du bois sec étoit beaucoup plus avantageux.

L’on est quelquefois obligé de réitérer le grillage de la même mine un grand nombre de fois ; cela dépend de sa nature & de ses propriétés ; & c’est l’expérience & l’habileté du métallurgiste qui doit en décider. Il y a des mines qu’on est obligé de faire passer par 16, 18, & même 20 feux ou grillages ; on voit que le traitement de ces sortes de mines ne peut être entrepris que dans des pays où le bois est très-commun, & la main-d’œuvre à très-bon marché, comme en Suede.

Lorsqu’on fait griller des mines, on est souvent obligé d’y faire des additions qui, jointes à l’action du feu, servent à les developper & à détruire les substances étrangeres qui sont unies au métal dans sa mine ; c’est ainsi que l’on joint des pyrites avec de certaines mines de cuivre lorsqu’on les fait griller ; par-là l’acide du soufre que ces pyrites contiennent se dégage, & met en dissolution la miniere ou la pierre qui sert d’enveloppe à la mine, & détruit les parties ferrugineuses qui s’y trouvent jointes ;

lorsque les mines sont arsénicales, il est aussi à propos d’y joindre des pyrites, parce que leur soufre se combine avec l’arsenic, qui par-là se dégage du métal. Quelquefois lorsque la mine est sulfureuse, on y joint de la chaux, qui dans le grillage absorbe la trop grande quantité de soufre. Par ces additions la mine est développée, & plus propre à recevoir le feu de fusion. (—)

* Grillage, (Serrurerie.) petit tissu ou de bois, ou de fil-de-fer, ou de laiton, qui s’entrelacent, qui se croisent, & qui laissent entr’eux des intervalles quarrés, oblongs, ou de toute autre figure. On pratique un grillage aux soupiraux des caves, aux portes d’un garde-manger, par-tout où l’on veut permettre l’entrée libre à l’air, & la fermer à toute autre chose.

Grillage, en termes de Fabriquant de blonde, est un plein dessiné diversement selon les goûts divers, & travaillé avec un seul fuseau pour chaque fil ou trait, chargé d’un fil qui n’a qu’un double. Quoique tout grillage s’appelle plein ou point de fuseau, il ne faut pas croire qu’il n’y ait point d’espace d’un fil à l’autre ; il y en a toûjours de petits qui, pour l’ordinaire forment autant de quarrés un peu inclinés.

Grillage, en termes de Confiseur, est un ouvrage à qui l’on donne ce nom, parce que l’on le laisse un peu roussir sur le feu. On fait des grillages d’amandes, de tailladin, de citron, &c.

Grillage, (Docimasie.) voyez l’article Rotissage.

* GRILLE, s. f. on donne communément ce nom à tout assemblage de matiere solide, fait à claire voie ; ainsi la claie est une espece de grille. La barriere qui sépare en deux le parloir des religieuses, s’appelle la grille ; les religieuses sont d’un côté en-dedans, ceux qui conversent avec elles sont de l’autre côté en-dehors ; cette grille est quelquefois couverte d’un voile : quelquefois elle reste ouverte, mais elle est doublée, & les traverses de l’une coupe & divise en plus petits espaces les intervalles vuides de l’autre. Voyez dans les articles suivans différentes autres acceptions du même mot. Les grilles, soit en porte, soit autre, sont de grands ouvrages de Serrurerie ; elles demandent du dessein, de la connoissance en Architecture, un grand art de manier le fer.

Grille, (Hydr.) en fait de Fontaines, est un assemblage de plusieurs cierges d’eau. Voyez Cierge. On le dit aussi d’un treillis de grosse charpente mis dans les fondations, dans l’eau, ou dans un terrein plein de glaise, qu’il ne faut pas éventer par le pilotage, pour mieux fonder dessus. (K)

Grille, (Econom. rustique.) on appelle grille de l’étang, le lieu par où l’eau se décharge quand il y en a trop.

* Grille, (Commerce.) on appelle à Genes compagnie des grilles, une association de marchands pour la traite des Negres. Voyez Compagnie.

* Grille, (Commerce.) laine d’Espagne ; c’est de la prime, ou mere-laine, qu’on compare aux plus fines de Castille & d’Arragon.

Grille, terme de Blason, qui se dit de certains barreaux qui sont à la visiere d’un héaume, & qui empêchent les yeux du chevalier d’être offensés. On appelle aussi grille, une porte à-coulisse & grillée, qu’on peint quelquefois sur les écus.

* Grille, (Bas-au-métier.) il y a la grille & les ressorts de grille. Ce sont des parties de cette machine. Voyez l’article Bas-au-métier.

* Grille a Dorer, (Doreur.) treillis de fer dont les mailles sont en losange. Il sert aux Doreurs qui exposent au feu leurs ouvrages, avec commodité & propreté, en les plaçant sur cette grille.

Grille, terme de Fonderie, est un chassis de plu-