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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/158

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doux & sage, élevé dans la charmante société des muses. J’ai lû dans le dixieme tome des Mémoires de Littérature, une dissertation expresse sur le savoir d’Hercule, qui ne m’a point gueri de ce préjugé. (D. J.)

Hercule colonnes d’, (Géog. anc.) On entend présentement par ce nom, deux montagnes aux deux côtés du détroit de Gibraltar, savoir Calpé en Espagne, & Abila en Afrique. Les anciens ne s’accordent point sur l’endroit où il falloit placer les colonnes d’Hercule, & ce sont eux-mêmes qui nous l’apprennent. Les uns, dit Strabon, entendent par ces colonnes, le détroit, ou ce qui resserre le détroit ; d’autres Gades ; d’autres des lieux situés au-delà de Gades. Quelques-uns prennent Calpé & Abyla pour les colonnes d’Hercule ; d’autres croyent que ce sont de petites isles voisines de l’une & de l’autre montagne. D’autres enfin, veulent que ces colonnes ne soient autre chose, sinon les colonnes de bronze de huit coudées, qui étoient à Gades, dans le temple d’Hercule : ce sont, dit-on, celles que les Tyriens trouverent ; & ayant fini là leur navigation, & sacrifié à Hercule, ils eurent soin de publier que la terre & la mer ne s’étendoient pas plus loin. D’ailleurs c’est un ancien usage d’élever de pareils monumens, & ces monumens de main d’homme étant ruinés avec le tems, le nom demeure au lieu même où ils étoient. Voilà le précis des réflexions de Strabon sur ce sujet ; & ce précis suffiroit pour prouver que cet auteur est un critique des plus judicieux, indépendamment de son mérite en Geographie. (D. J.)

HERCULÉEN, adj. (Méd.) c’est une épithete que l’on trouve employée dans quelques ouvrages de Médecine, pour designer la qualité de quelques maladies & de quelques remedes, relativement à leur force, c’est-à-dire à la violence des symptomes de celles-là, ou des effets de ceux-ci. Ainsi on appelle maladie herculéene, l’épilepsie, parce qu’elle cause dans l’économie animale un très-grand desordre, qui est l’effet d’un vice très-difficile à détruire. Voyez Epilepsie. Aëtius fait mention d’une sorte de collyre, qu’il nomme herculéen, parce qu’il lui attribue la propriété de détruire radicalement les égilops, les fistules lachrymales : Schroder, lib. III. cap. xvij. & Willis, Pharmac. Rat. part. 1. f. 2. c. 2. vantent beaucoup un remede chimique, vomitif & purgatif, qu’ils appellent l’Hercule de Bovius : on peut consulter les œuvres des auteurs cités. Voyez Castell. Lexic.

HERCULIEN, nœud. (Antiq.) C’est ainsi qu’on appelloit le nœud de la ceinture de la nouvelle mariée ; le mari seul le dénouoit lorsqu’elle se deshabilloit pour se mettre au lit, & en le dénouant, il invoquoit toujours les bontés de Junon, & la prioit de rendre son mariage aussi fécond que celui d’Hercule ; mais cette heureuse simplicité ne subsista que dans les premiers siecles de Rome ; sur la fin de la république, loin d’adresser des invocations à Junon, on évita de se marier, pour ne pas mettre au jour des malheureux ; envain Auguste tenta par ses loix Julia & Papia-Poppæa, de remettre en vigueur les anciennes ordonnances, qui enjoignoient aux censeurs de ne pas permettre aux citoyens de vivre dans le célibat. Comme il n’attaquoit pas les vraies causes de la dépopulation, il n’eut pas plus de succès que Louis XIV. n’en a eu dans ce royaume. (D. J.)

HERCYNIE, Foret d’, (Géog. anc.) La forêt & la montagne d’Hercynie, Hercynius saltus, Hercynium jugum, sont, selon les historiens grecs, une forêt & une montagne de la Germanie, où ils mettent la source du Danube & celle de la plûpart des rivieres qui coulent vers le nord ; ils regardoient les

montagnes d’Hercynie comme les plus hautes de toute l’Europe, les avançoient jusqu’à l’océan, & les bordoient de plusieurs îles, dont la plus considérable étoit la grande Bretagne ; voilà du-moins l’idée qu’en avoit Diodore de Sicile.

Les Grecs ayant oüi dire aux Germains que la Germanie avoit quantité de montagnes & de vastes forêts, & remarquant qu’ils se servoient du mot hartzen pour les exprimer, se figurerent que ce n’étoit qu’une seule forêt continuée dans toute la Germanie, & une seule chaîne de montagnes répandue dans tout le pays ; pour désigner cette forêt & cette chaîne de montagnes, ils firent le mot Ἑρκύνιον.

Pline dit que la grosseur des arbres de cette forêt, aussi anciens que le monde, & que les siecles ont épargnés, surpasse toutes les merveilles par leur destinée immortelle. Jules-César, qui en parle fort en détail, & qui l’appelle Orcynia, lui donne 60 journées de longueur ; mais sa mesure est bien éloignée d’être exacte. M. d’Ablancourt traduit l’Hercynia sylva de César, par la forêt-noire, qui n’y convient en aucune maniere ; la forêt noire n’a point cette étendue, & répond seulement à la Martiana sylva des anciens. Nos traducteurs françois tombent souvent dans ces sortes de fautes.

A l’égard des montagnes d’Hercynie répandues dans toute la Germanie, suivant l’opinion des anciens, c’est une chimere qui a la même erreur pour fondement ; il ne faut donc pas croire avec quelques modernes, que ce fût une forêt continue, quoiqu’elle le fût réellement beaucoup plus que de nos jours, & les raisons n’en sont pas difficiles à trouver. (D. J.)

HÉREDIE, s. f. (Littérat.) mesure romaine en fait de terres ; l’hérédie contenoit quatre actes quarrés, ou deux jugeres, c’est-à-dire 480 piés romains de long, & 240 piés de large. Voyez Jugere. (D. J.)

HÉREDITAIRE, adj. m. & f. (Jurisprud.) se dit de ce qui a rapport à une succession, comme les biens héréditaires, la part héréditaire. (A)

Héréditaire, adj. (Médec.) Ce terme est employé pour désigner l’espece de différence accidentelle d’une maladie, en tant qu’elle dépend d’un vice contracté par la qualité de la liqueur séminale & des humeurs maternelles, qui concourent à donner à l’embryon le principe de vie, & à le former.

Tous les hommes mâles ont acquis dans le corps de leur mere la disposition à ce que la barbe leur croisse à l’âge de puberté, & les femelles à ce qu’elles deviennent sujettes au flux menstruel : cette disposition peut donc être regardée comme héréditaire, en tant qu’elle est transmise des peres & meres aux enfans ; il en est de même de certaines maladies : on observe que les individus de certaines familles éprouvent tous qu’ils y deviennent sujets à certain âge ; telle sont par exemple, l’épilepsie, la goutte : il est aussi difficile de pouvoir détruire cette disposition, que celle qui fait croître la barbe à un jeune homme qui est en bonne santé.

On range parmi les maladies héréditaires, les cancers, la pierre des voies urinaires, la phthisie, qui surviennent respectivement à un certain âge marqué, dans toute une famille, jusqu’à ce qu’elle soit absolument éteinte ; de sorte cependant que si quelqu’un de ceux qui la forment, peut éviter d’en être atteint au tems ordinaire, il en devient exempt pour le reste de sa vie.

On doit distinguer les maladies héréditaires de celles que les Pathologistes appellent connées, morbi connati, c’est-à-dire que le fœtus a contractées accidentellement dans le ventre de sa mere, que l’on apporte en naissant, par conséquent sans qu’elles soient l’effet d’un vice de la santé des parens, antérieur à la conception, transmis aux enfans, comme dans le cas des maladies héréditaires : telle est l’idée que