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cane un farceur s’appelloit hister, & ce nom resta toujours depuis aux comédiens.

Ces histrions, après avoir pendant quelque tems joint à leurs danses toscanes la récitation de vers assez grossiers, & faits sur le champ, comme pourroient être les vers Fescennins, se formerent en troupes, & réciterent des pieces appellées satyres, qui avoient une musique réguliere, au son des flûtes, & qui étoient accompagnées de danses & de mouvemens convenables. Ces farces informes durerent encore 220 ans, jusqu’à l’an de Rome 514 que le poëte Andronicus fit jouer la premiere piece réglée, c’est-à-dire, qui eut un sujet suivi ; & ce spectacle ayant paru plus noble & plus parfait, on y accourut en foule. Ce sont donc les histrions d’Etrurie qui donnerent lieu à l’origine des pieces de théatre de Rome ; elles sortirent des chœurs de danseurs étrusques. (D. J.)

HITH ou HYETH, (Géog.) ville maritime d’Angleterre, dans la province de Kent ; c’est un des huit ports qui ont de grands privileges, & dont les députés au parlement sont appellés barons des cinq ports, parce qu’originairement on n’en comptoit que cinq. Il paroît que les Romains l’ont connu sous le nom de portus Lemanis, & ils y avoient fait une voie militaire qui alloit de cet endroit à Cantorbéry ; mais aujourd’hui ce port est comme abandonné, parce que les sables l’ont presque rempli. Long. 18. 48. lat. 51. 6. (D. J.)

HIVER, s. m. (Physiq. & Astron.) l’une des quatre saisons de l’année. Voyez Saison.

L’hiver commence le jour que le soleil est le plus éloigné du zénith, & finit lorsque la distance du soleil au zénith est moyenne entre la plus grande & la plus petite. Quel que soit le froid que nous ressentions dans cette saison, il est cependant prouvé par l’Astronomie, que le soleil est plus proche de la terre en hiver qu’en été. On trouvera aux articles Chaleur, Froid, la cause de la diminution de la chaleur en hiver.

Sous l’équateur, l’hiver, ainsi que les autres saisons, revient deux fois chaque année ; mais dans tous les autres lieux de la terre on n’a jamais qu’un seul hiver par an, & cet hiver pour l’hémisphere boréal arrive lorsque le soleil est dans le tropique du capricorne, & pour l’autre hémisphere, lorsque le soleil est dans le tropique du cancer ; ensorte que tous les habitans d’un même hémisphere ont l’hiver en même tems, & que les habitans d’un hémisphere ont l’hiver pendant que les autres ont l’été. Le jour du solstice d’hiver, qui tombe vers le 20 Décembre, est le plus court jour de l’année. Depuis ce jour jusqu’au commencement du printems, les jours vont en croissant, & cependant sont plus courts que les nuits, & cette double propriété des jours caractérise particulierement l’hiver. (O)

Hiver, (Iconograph.) cette saison, ainsi que les autres, se voit caractérisée sur les anciens monumens. C’est ordinairement chez les Grecs par des femmes, & chez les Romains par de jeunes hommes qui ont des aîles, que chaque saison est personnifiée, avec les attributs qui lui conviennent.

Sur un tombeau de marbre antique, découvert dans des ruines près d’Athènes, l’Hiver est représenté sous la figure d’une femme, dont la tête est couverte avec un pan de sa robe ; le génie, qui est à côté d’elle, est bien habillé, & tient pour tout symbole un liévre, parce que la chasse est alors le seul exercice de la campagne. Par d’autres monumens, l’hiver est désigné par un jeune garçon bien vêtu, bien chaussé, portant sur sa tête une couronne de rameaux sans feuilles, & tenant à la main des fruits ridés, ou des oiseaux aquatiques, comme des oies, des canards, &c. Voyez Saisons. (Iconog.)

Quelques modernes, qui ont crû faire des merveilles de s’éloigner de la simplicité de l’antique, représentent l’hiver sous la figure d’un vieillard qui se chauffe ; ou d’un homme couvert de glaçons, avec la barbe & les cheveux d’une grande blancheur, & dormant dans une grotte ; ou finalement, sous la forme d’une femme vêtue d’habits doublés d’une peau de mouton, & assise auprès d’un grand feu. (D. J.)

HIVERNER, v. neut. c’est passer l’hiver. Il se dit d’une troupe ; il se dit aussi d’un vaisseau : ce vaisseau a hiverné dans tel port.

HIZACKER, (Géog.) ville d’Allemagne, dans le comté de Danneberg, au duché de Hannover.

HIZREVITES ou HEREVITES, sub. masc. pl. (Hist. mod.) sortes de religieux mahométans, de leur fondateur Hiszr ou Herevi, qu’on dit avoir été un fameux chimiste qui possédoit le grand œuvre. Il pratiquoit aussi des abstinences & autres austérités que ses sectateurs ne se piquent pas d’imiter. Ils ont un monastere à Constantinople. Ricaut, de l’empire ottoman. (G)

H O

HO, interject. (Gram.) c’est une voix admirative. Ho, quel homme ! quel coup ! quel ouvrage ! Elle est quelquefois aussi d’improbation, d’avertissement, d’étonnement ou de menace : Ho, ho, c’est ainsi que vous en usez avec moi ! ho, il n’en ira pas comme cela ! Il y a des cas où elle appelle : hola, ho, ici quelqu’un ?

HOAKO, s. m. (Botan.) c’est une herbe qui croît à la Chine sur le mont de Pochung, près de la ville de Cin, & à laquelle on attache la propriété funeste de rendre stériles les femmes qui en goûtent. Les auteurs qui en ont fait mention, n’en ont pas donné des descriptions.

HOAMHO ou HOANGSO, (Géog.) une des plus grandes rivieres du monde ; elle a sa source à 23 deg. de lat. sur les confins du Tongut & de la Chine dans un grand lac enclavé dans les hautes montagnes qui séparent ces deux états ; courant de-là vers le nord, elle cotoye les frontieres de la province de Xiensi & du Tongut jusqu’à 37 degrés de latitude, arrose le Tibet, passe la grande muraille vers les 38 degrés de latitude, se dégorge enfin dans l’océan de la Chine après un cours de plus de 500 lieues d’Allemagne : ses eaux sont troubles, & tirent sur le jaune-brun ; elles prennent cette mauvaise qualité du salpêtre, dont les montagnes que cette riviere baigne au-dehors de la grande muraille sont remplies ; c’est à cause de cette couleur jaune-brune qu’elle porte le nom d’Hoangso ou Hoamho ; elle fait dans son cours des ravages épouvantables, dont les Chinois n’ont eu que trop souvent de tristes expériences. Voyez sur le cours de ce fleuve la grande carte de la grande Tartarie de M. Witsen. (D. J.)

HOANG, (Géog.) le plus grand fleuve de la Chine ; il a sa source dans un lac situé environ à quinze lieues de celui de Chiamai vers l’orient. Il coule, dit Witsen, du couchant au levant entre le royaume de Torgat & l’Inde de-là le Gange jusqu’à la Chine ; d’où se portant vers le nord, il sépare le Tongut de la province de Xiensi, traverse cette province, passe la fameuse muraille de la Chine, va dans le desert de Zamo en Tartarie, se recourbe vers le midi, repasse la muraille, sépare le Xansi du Xanti, baigne l’Honan, le Xantung, le Nanghking, & se décharge dans le golfe de ce nom. Les Chinois ont joint le Hoang au golfe de Cang par un canal qui commence dans le Nanghking, coupe le Xantung, une partie de la province de Peking, & se termine au fond du golfe de Cang.