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Martinius dans son Atlas Chinois, de 14d 29′ plus occidentale que Pékin, à 24d 10′ de latitude. (D. J.)

HOSIES, s. m. pl. (Antiq.) c’est ainsi qu’on appelloit les cinq sacrificateurs en titre d’office, préposés dans le temple de Delphes pour les sacrifices, qu’on venoit offrir avant que de consulter l’oracle d’Apollon. Ils immoloient eux-mêmes les victimes, & apportoient toute leur attention pour qu’elles fussent pures, saines, entieres, & bien conditionnées. Il falloit à Delphes que la victime tremblât & frémît dans toutes les parties du corps, lorsqu’elle recevoit les effusions d’eau & de vin ; car ce n’étoit pas assez qu’elle secouât la tête, comme dans les sacrifices ordinaires ; si quelqu’une de ses parties ne se fût pas ressentie de cette palpitation, les sacrificateurs hosies n’eussent point installé la Pythie sur le trépié.

Leur nom ὅσιοι, signifie des gens d’une sainteté éprouvée, & la victime qu’on immoloit à leur réception, s’appelloit ὁσιωτήρ. Ces ministres étoient perpétuels, & la sacrificature passoit à leurs enfans ; on les croyoit descendus de Deucalion. Ils avoient sous eux un grand nombre de sacrificateurs subalternes ; & c’est Eurypide qui nous en a instruit le plus particulierement ; la lecture des poëtes grecs est une source de connoissances. (D. J.)

HOSOPLOTZ, ou HOTSEPLOTZ, (Géog.) petite ville de Silésie, dans la principauté de Grotkau.

HOSPICE, s. m. (Jurisprud.) signifie quelquefois la partie d’un monastere destinée à loger les hôtes ou étrangers ; quelquefois c’est un logement détaché du couvent, que les religieux bâtissent pour y recevoir les étrangers du même ordre, qui ont besoin d’y séjourner quelque tems. On entend encore par hospice, un lieu ou entrepôt que le monastere a dans quelque endroit qui en est éloigné, pour y retirer en passant les religieux qui vont pour les affaires du couvent. (A)

HOSPITA, (Mythologie.) surnom de Vénus : on lui rendoit un culte sous ce nom, & elle avoit un temple à Memphis en Egypte.

HOSPITALIER, s. m. (Myth.) surnom que les anciens Romains donnoient à Jupiter, le nommant Jupiter hospes, parce qu’ils le regardoient comme le dieu protecteur de l’hospitalité. Les Grecs l’appelloient par la même raison ξένιος, vengeur des injures faites à des hôtes ; Jupiter hospitibus nam te dare jura fatentur ; mais Jupiter n’étoit pas le seul des dieux qui eût le titre de protecteur de l’hospitalité. Voyez ce mot où on le prouve.

Ce n’étoit pas non plus, pour le dire en passant, à Jupiter hospitalier, que les Samaritains consacrerent leur temple de Garizim, comme le prétend M. Bossuet, mais c’étoit à Jupiter Olympien, sous l’invocation duquel il ne subsista pas même long-tems, si l’on adopte pour vrai, le récit que fait Josephe, Antiq. liv. XIII. ch. vj. de la dispute qui s’éleva en Egypte sous Ptolomée Philométor entre les Juifs & les Samaritains, au sujet de leur temple ; les Samaritains soutenant que le temple de Garizim étoit le seul vrai temple du Seigneur, & les Juifs prétendant au contraire, que c’étoit celui de Jérusalem. (D. J.)

Hospitaliers, s. m. plur. (Hist. ecclésiast.) religieux que le pape Innocent III. a établis pour retirer les pauvres pélerins, les voyageurs & les enfans trouvés ; ils sont habillés de noir comme les prêtres, & ont une croix blanche sur leur robe & sur leur manteau. Il y a à Paris des religieuses de l’ordre de S. Augustin, que l’on appelle hospitalieres de la charité de Notre-Dame ; elles portent l’habit de S. François, avec le scapulaire blanc à l’honneur de la Vierge, & le voile noir. Ces religieuses font vœu

d’hospitalité, outre les trois vœux ordinaires, & ont, lorsqu’elles vont au chœur, un manteau gris-brun, semblable à leur habit. Il y en a d’autres qui sont aussi de l’ordre de S. Augustin, & qui font les mêmes vœux, on les appelle hospitalieres de la misericorde de Jesus. Pendant l’été, elles n’ont qu’une robe blanche, avec une guimpe & un rochet de fine toile de lin : l’hiver, lorsqu’elles sont au chœur, ou qu’on porte l’extrême-onction à quelque pauvre malade de l’hôpital, elles mettent un grand manteau noir par-dessus leur rochet. C’est l’archevêque de Paris qui est leur supérieur. Diction. de Moreri.

Hospitalieres sœurs, s. f. pl. (Hist. de Malthe.) c’est le nom primitif des religieuses de l’ordre de Malthe ; elles furent établies à Jérusalem au milieu de l’onzieme siecle par les mêmes marchands d’Amalphie, qui établirent les freres hospitaliers de S. Jean de Jérusalem, pour avoir soin des chrétiens d’Europe qui alloient visiter les saints lieux. Elles renoncerent au siecle quelque tems après comme les freres hospitaliers, & se consacrerent au service des pauvres & des pélerines. Elles prirent l’habit régulier qui consistoit dans une simple robe noire, sur laquelle étoit attachée du côté du cœur une croix de toile blanche à huit pointes ; elles firent aussi les trois vœux solemnels de religion qu’elles prononcerent au pié du saint sépulchre, & que le patriarche de Jerusalem reçut. Après la prise de cette ville par Saladin, les sœurs hospitalieres se retirerent en Europe, & y formerent depuis des établissemens considérables. Leur naissance devoit être noble, & l’on exigeoit à leur égard les mêmes preuves que pour les chevaliers. Leur habillement consistoit dans une robe de drap rouge, avec un manteau de drap noir, sur lequel on attachoit une croix de toile blanche à huit pointes : usage qui a varié en différentes provinces & en différens siecles. Vertot. (D. J.)

HOSPITALITÉ, s. f. (Hist. sacrée & profane, Droit naturel & Morale.) l’hospitalité est la vertu d’une grande ame, qui tient à tout l’univers par les liens de l’humanité. Les Stoïciens la regardoient comme un devoir inspiré par Dieu même. Il faut, disoient-ils, faire du bien aux personnes qui viennent dans nos pays, moins par rapport à elles que pour notre propre intérêt, pour celui de la vertu, & pour perfectionner dans notre ame les sentimens humains, qui ne doivent point se borner aux liaisons du sang & de l’amitié, mais s’étendre à tous les mortels.

Je définis cette vertu, une libéralité exercée envers les étrangers, sur-tout si on les reçoit dans sa maison : la juste mesure de cette espece de bénéfice dépend de ce qui contribue le plus à la grande fin que les hommes doivent avoir pour but, savoir aux secours réciproques, à la fidélité, au commerce dans les divers états, à la concorde & aux devoirs des membres d’une même société civile.

De tous tems les hommes ont eu dessein de voyager, de former des établissemens, de connoître les pays & les mœurs des autres peuples ; mais comme les premiers voyageurs ne trouvoient point de lieu de retraite dans les endroits où ils arrivoient, ils étoient obligés de prier les habitans de les recevoir, & il s’en trouvoit d’assez charitables pour leur donner un domicile, les soulager dans leurs fatigues, & leur fournir les diverses choses dont ils avoient besoin.

Abraham, pour commencer mes exemples par l’histoire sacrée, a été du nombre de ces gens compâtissans qui pratiquerent la noble bénéficence envers les étrangers, goûterent le plaisir de les recevoir & de leur procurer tous les secours possibles. Nous lisons dans la Genese que ce digne patriarche