réservé le nom d’hydraulique pour celles qui regardent en particulier le mouvement des eaux, c’est-à-dire l’art de les conduire, de les élever, & de les ménager pour les différens besoins de la vie. On trouvera aux mots Fluide & Hydrodynamique, les lois du mouvement des fluides en général.
L’hydrostatique considere l’équilibre des fluides qui sont en repos : en détruisant l’équilibre, il en résulte un mouvement, & c’est-là que commence l’hydraulique.
L’hydraulique suppose donc la connoissance de l’hydrostatique, ce qui fait que plusieurs des auteurs ne les séparent point, & donnent indifféremment à ces deux sciences le nom d’hydraulique ou d’hydrostatique. Voyez Hydrostatique. Mais il est beaucoup mieux de distinguer ces deux sciences par les noms différens d’hydrostatique & d’hydraulique.
L’art d’élever les eaux & les différentes machines qui servent à cet usage, comme les siphons, les pompes, les seringues, les fontaines, les jets-d’eau, &c. sont décrits chacun en leur place. Voyez Siphon, Pompe, Seringue, Fontaine, Jet-d’eau, &c. Voyez aussi la suite de cet article, où l’on traite des machines hydrauliques.
Les principaux auteurs qui ont cultivé & perfectionné l’hydraulique sont ; Mariotte, dans son Traité du mouvement des eaux, & autres corps fluides : Guglielmini, dans sa Mensura aquarum fluentium, où il réduit les principes les plus compliqués de l’hydraulique en pratique, voyez Fluide : M. Newton, dans ses Phil. Nat. Prin. Mathemat. M. Varignon, dans les Mémoires de l’académie des Sciences : M. Daniel Bernoully, dans son traité intitulé Hydrodynamica, imprimé à Strasbourg en 1738 : M. Jean Bernoully, dans son Hydraulique, imprimée à la fin du recueil de ses œuvres, en 4 vol. in 4°. à Lausanne, 1743. J’ai aussi donné un ouvrage sur ce sujet, qui a pour titre Traité de l’équilibre & du mouvement des fluides. Voyez Hydrodynamique.
Hero d’Alexandrie est le premier qui ait traité des machines hydrauliques : ceux qui en ont écrit, parmi les modernes, sont entr’autres Salomon de Caux, dans un traité françois des machines, sur-tout des hydrauliques : Gasp. Schottus, dans sa Mechanica hydraulico-pneumatica : de Chales, dans son Mundus mathematicus : M. Belidor, dans son Architecture hydraulique. On peut voir l’extrait des différentes parties de ce dernier ouvrage, dans l’Histoire de l’académie des Sciences, pour les années 1737, 1750, 1753. (O)
Machines Hydrauliques. Les machines en général servent à augmenter les forces mouvantes, & les hydrauliques à élever les eaux par différens moyens. Elles sont également l’objet de la méchanique comme de l’hydraulique.
On y emploie pour moteur la force des hommes & des animaux ; mais lorsqu’on se sert des trois élémens de l’air, de l’eau & du feu, on peut s’assurer d’une plus grande quantité d’eau ; leur produit, qui est presque continuel, les fait préférer aux eaux naturelles, qui tarissent la plûpart en été & en automne : on les appelle alors des machines élémentaires.
Voici un choix des plus belles machines qui aient été construites jusqu’à présent ; elles pourront servir de modeles dans l’exécution qu’on en voudra faire ; on est sûr de la réussite des machines exécutées, qu’on peut consulter sur le lieu ; au lieu que le succès des autres seroit très-incertain.
Ces machines sont celles de Marly, la pompe Notre-Dame, la machine de Nymphimbourg en Baviere, les moulins à vent de Meudon, la pompe du réservoir de l’égoût, la machine à feu de Lon-
& une pour les incendies. Voyez, sur les machines suivantes, l’Architecture hydraulique, tome II. page 196 ; & l’Encyclopédie, pour la pompe à feu, à l’article Feu.
Suivant le privilége accordé aux Léxicographes, nous rapporterons ces machines, & souvent les descriptions des auteurs qui en ont parlé.
Architecture Hydraulique, tome II. page 196. La machine de Marly est ici représentée dans son plan, & dans le profil d’une de ses roues, qui sont au nombre de 14. « Cette roue, qui sert à porter l’eau depuis la riviere de Seine jusqu’à l’aqueduc, a un coursier fermé par une vanne comme à l’ordinaire : son mouvement produit deux effets ; le premier est de faire agir plusieurs pompes aspirantes & refoulantes, qui font monter l’eau, par cinq tuyaux, à 150 piés de hauteur, dans le premier puisard, éloigné de la riviere de 100 toises ; le second est de mettre en mouvement les balanciers, qui font agir des pompes refoulantes placées dans les deux puisards ; celles qui répondent au premier puisard, reprennent l’eau qui a été élevée à mi-côte, & la font monter par sept tuyaux dans le second puisard, élevé au-dessus du premier de 175 piés, éloigné de 324 toises de la riviere : delà, elle est reprise de nouveau par les pompes qui sont dans le second puisard, qui la refoulent, par six tuyaux de 8 pouces de diametre, sur la plateforme de la tour, élevée au-dessus du puisard supérieur de 177 piés, & de 502 piés au-dessus de la riviere, dont elle est éloignée de 614 toises ; de-là l’eau coule naturellement sur un aqueduc, de 330 toises de long, percé de 36 arcades, en suivant la pente qu’on lui a donnée jusqu’auprès de la grille du château de Marly, d’où elle descend dans les grands réservoirs, qui la distribuent aux jardins & bosquets ».
Planche I. des Mach. hydrauliques, fig. 1. On a formé sur le lit de la riviere un radier A, qu’on a rendu le plus solide qu’il a été possible, par des pilots & pal-planches, garnis de mâçonnerie, ainsi qu’on le pratique en pareil cas, & c’est ce qu’on remarque dans la 1re. 6e. & 7e. figures. A 14 piés au-dessus de ce radier, on a établi un plancher ou pont, qui sert à soutenir les pompes, & tout ce qui leur appartient, comme on en peut juger par la premiere figure, qui fait voir que l’arbre de la roue est accompagné de deux manivelles C & D ; à cette derniere répond une bielle E, à chaque tour de manivelle cette bielle fait faire un mouvement de vibration au varlet F (Planche II. fig. 6.) sur son essieu. A ce varlet est une autre bielle pendante G, qui est accrochée au balancier H, aux extrémités duquel sont deux poteaux pendans II, portans chacun 4 pistons, qui jouent dans autant de corps de pompes marqués au plan par le nombre KK. fig. 1. Pl. I.
Fig. 6. Pl. II. Quand la manivelle C & le varlet font monter la bielle G, les pistons qui répondent à la gauche du balancier aspirent l’eau par les tuyaux LL qui trempent dans la riviere, tandis que ceux de la gauche la refoulent pour la faire monter dans le tuyau MM, d’où elle passe dans le premier puisard ; & lorsque la manivelle tire à soi le varlet F, le balancier H s’inclinant d’un sens opposé au précédent, les pistons de la gauche refoulent & ceux de la droite aspirent, & continuent toûjours de faire la même chose alternativement.
Pour empêcher que l’air n’ait communication avec la capacité des corps de pompes, & que les cuirs qui sont aux pistons ne laissent point de vuide, on a ajouté à chaque équipage, indépendamment des huit pompes refoulantes, une pompe aspirante, appellée mere nourrice, afin d’entretenir