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comme dans veine, peine, enseigne, & tout autre mot où la voyelle de la syllabe suivante est un e muet : il en faut seulement excepter reine, reitre & seize, où ei vaut un ê fort ouvert. Enfin, l’ei nasal se prononce comme ai en pareil cas : plein, sein, éteint, &c.

3°. La voyelle i perd encore sa valeur naturelle dans la diphtongue oi, qui est quelquefois impropre & oculaire, & quelquefois propre & auriculaire.

Si la diphtongue oi n’est qu’oculaire, elle représente quelquefois l’è moins ouvert, comme dans foible, il avoit ; & quelquefois l’ê fort ouvert, comme dans Anglois, j’avois, ils avoient.

Si la diphtongue oi est auriculaire, c’est-à-dire, qu’elle indique deux sons effectifs que l’oreille peut discerner ; ce n’est aucun des deux qui sont représentés naturellement par les deux voyelles o & i : au lieu de o, qu’on y prenne bien garde, on prononce toujours ou ; & au lieu de i, on prononce un e ouvert qui me semble approcher souvent de l’a ; devoir, sournois, lois, moine, poil, poivre, &c.

Enfin, si la diphtongue auriculaire oi, au moyen d’une n, doit devenir nasale, l’i y désigne encore un è ouvert ; loin, foin, témoin, jointure, &c.

C’est donc également un usage contraire à la destination primitive des lettres, & à l’analogie de l’orthographe avec la prononciation, que de représenter le son de l’e ouvert par ai, par ei & par oi ; & les Ecrivains modernes qui ont substitué ai à oi partout où cette diphtongue oculaire représente l’e ouvert, comme dans anglais, français, je lisais, il pourrait, connaître, au lieu d’écrire anglois, françois, je lisois, il pourroit, connoître ; ces écrivains, dis-je, ont remplacé un inconvénient par un autre aussi réel. J’avoue que l’on évite par-là l’équivoque de l’oi purement oculaire & de l’oi auriculaire : mais on se charge du risque de choquer les yeux de toute la nation, que l’habitude a assez prémunie contre les embarras de cette équivoque ; & l’on s’expose à une juste censure, en prenant en quelque sorte le ton législatif, dans une matiere où aucun particulier ne peut jamais être législateur, parce que l’autorité souveraine de l’usage est incommunicable.

Non seulement la lettre i est souvent employée à signifier autre chose que le son qu’elle doit primitivement représenter : il arrive encore qu’on joint cette lettre à quelqu’autre pour exprimer simplement ce son primitif. Ainsi les lettres ui ne représentent que le son simple de l’i dans les mots vuide, vuider, & autres dérivés, que l’on prononce vide, vider, &c. & dans les mots guide, guider, &c. quitte, quitter, acquitter, &c. & par-tout où l’une des deux articulations gue ou que précede le son i. De même les lettre ie représentent simplement le son i dans maniement, je prierois, nous remercierons, il liera, qui viennent de manier, prier, remercier, lier, & dans tous les mots pareillement dérivés des verbes en ier. L’u qui précéde l’i dans le premier cas, & l’e qui le suit dans le second, sont des lettres absolument muettes.

La lettre J, chez quelques auteurs, étoit un signe numéral, & signifioit cent, suivant ce vers,

J, C compar erit, & centum significabit.

Dans la numération ordinaire des Romains, & dans celle de nos finances, i signifie un ; & l’on peut en mettre jusqu’à quatre de suite pour exprimer jusqu’à quatre unités. Si la lettre numérale i est placée avant v qui vaut cinq, ou avant x qui vaut dix, cette position indique qu’il faut retrancher un de cinq ou de dix ; ainsi iv signifie cinq moins un ou quatre, ix signifie dix moins un ou neuf : on ne place jamais i avant une lettre de plus grande

valeur, comme l cinquante, c cent, d cinq cens, m mille ; ainsi on n’écrit point il pour quarante-neuf, mais x lix.

La lettre i est celle qui caractérise la monnoie de Limoges.

j, s. m. c’est la dixieme lettre & la septieme consonne de l’alphabet françois. Les Imprimeurs l’appellent i d’Hollande, parce que les Hollandois l’introduisirent les premiers dans l’impression. Conformément au système de la Grammaire générale de P. R. adoptée par l’auteur du Bureau typographique, le vrai nom de cette lettre est je, comme nous le prononçons dans le pronom de la premiere personne : car la valeur propre de ce caractere est de représenter l’articulation sifflante qui commence les mots Japon, j’ose, & qui est la foible de l’articulation forte qui est à la tête des mots presque semblables, chapon, chose. J est donc une consonne linguale, sifflante, & foible. Voyez au mot Consonne, le système de M. du Marsais sur les consonnes, & à l’article h, celui que j’adopte sur le même sujet.

On peut dire que cette lettre est propre à l’alphabet françois, puisque de toutes les langues anciennes que nous connoissons, aucune ne faisoit usage de l’articulation qu’elle représente ; & que parmi les langues modernes, si quelques-unes en font usage, elles la représentent d’une autre maniere. Ainsi les Italiens, pour prononcer jardins, jorno, écrivent giardino, giorno. Voyez le Maître italien de Veneroni, p. 9. édit. de Paris 1709. Les Espagnols ont adopté notre caractere, mais il signifie chez eux autre chose que chez nous ; hijo, fils, Juan, Jean, se prononçant presque comme s’il y avoit ikko, Khouan. Voyez la Méthode espagnole de P. R. p. 5. édit. de Paris, 1660.

Les maîtres d’écriture ne me paroissent pas apporter assez d’attention pour différencier le j capital de l’i : que ne suivent-ils les erremens du caractere courant ? L’i ne descend pas au-dessous du corps des autres caracteres, le j descend : voilà la regle pour les capitales. Article de M. Beauzée.

* j, (Ecriture.) nous avons aussi dans l’écriture, ainsi que dans l’impression, un j consonne & un i voyelle ; & dans chacun de ces caracteres, un i consonne ou voyelle, coulé ; un aigu, un rond. Après avoir expliqué la formation du g, nous n’avons rien à dire de la formation de l’j consonne, qui n’en est qu’une portion. Pour l’i voyelle coulé, il se forme d’un trait plus droit & d’un angle de plume moins obtus que l’i italien, & celui-ci d’un trait plus droit & d’un angle de plume moins obtus que le rond. On n’emploie à tous que le mouvement simple des doigts mus dans une direction verticale, mais un peu plus ou un peu moins inclinée de droit à gauche. A la partie inférieure de cette lettre, le poignet agit de concert avec les doigts. Voyez nos Planches d’Ecriture.

IA JA

* JAA-BACHI, s. m. (Hist. mod.) capitaine de gens de pié chez les Turcs. C’est aussi un officier des janissaires chargé de lever les enfans de tribut. Il est accompagné dans ses fonctions d’un écrivain ou secrétaire qui tient le rôle des provinces, des lieux, & du nombre d’enfans qui doivent être fournis.

JAA-JA, s. m. (Bot. exotiq.) arbrisseau de la contrée des noirs. Les Hollandois l’appellent maugelaar. Il croît aux lieux marécageux & aux bords des rivieres. Il pousse un si grand nombre de tiges, qu’on a peine à discerner la principale. Le Jaa-ja croît dans l’eau, & l’on y trouve souvent des huitres attachées. Dict. de Trévoux.

* JAAROBA, s. m. (Bot. exotiq.) espece de feve