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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/511

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core ses lamentations, où il dépeint & déplore d’une maniere pathétique la désolation & la ruine de Jérusalem par les Chaldéens. Cet ouvrage est écrit en vers, dont les premieres lettres sont disposées suivant l’ordre de l’alphabet. Il y a une préface dans le grec & dans la vulgate, qui ne se rencontre ni dans l’hébreu, ni dans la paraphrase chaldaïque, ni dans le syriaque, & qui paroît avoir été ajoutée pour servir d’argument à ce livre.

Le style de Jérémie est moins sublime & moins véhément que celui d’Isaïe ; mais il est plus tendre & plus affectueux. Il y avoit anciennement une autre prophétie de Jérémie, dont parle Origene, où l’on trouvoit ces paroles citées dans l’Evangile ; appenderunt mercedem meam trigenta argenteos, &c. Mais il y a apparence que c’étoit un ouvrage apocryphe dont se servoient les Nazaréens, comme l’a remarqué S. Jérome dans son commentaire sur S. Matthieu, chap. XXVII. Dupin, dissert. prélim. sur la bib. chap. iij. liv. I. §. xviij. pag. 358 & suiv. (G)

* JÈRÉPÉ-MONGA, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) serpent marin qui se trouve au Brésil ; il se tient sous l’eau immobile ; tous les animaux qui le touchent y demeurent attachés, & il s’en nourrit : il sort quelquefois & se repose sur le rivage. Si on le prend avec la main, la main s’y colle ; si l’on cherche à dégager la main prise, avec l’autre, celle-ci se prend également : alors l’animal se déploie, se jette dans les eaux, & y entraîne sa proie.

JERICHO, (Géog. anc.) appellée par les Arabes Rihiba, ville d’Asie dans la Palestine, bâtie par les Jébuséens, à deux lieues du Jourdain, & à sept de Jérusalem ; c’est la premiere ville du pays de Chanan, que Josué prit & saccagea ; on en rebâtit une nouvelle dans son voisinage. Vespasien la détruisit, Hadrien la répara. Cette ville fut encore relevée sous les empereurs chrétiens, & décorée d’un siége épiscopal ; mais finalement les guerres des Sarrasins dans la terre-sainte, ont détruit le siége & la ville ; on n’y voit plus que quelques huttes où demeurent des Arabes si gueux qu’à peine ont-ils de quoi couvrir leur nudité.

La rose de Jericho louée dans l’Ecriture, est une plante qui nous est inconnue ; elle ne présente point celle à laquelle les modernes donnent vulgairement ce nom, & qui est une espece de thlaspi de Sumatra & de Syrie.

Pompée campoit à Jéricho dont il avoit dejà fait abattre deux forts, quand il apprit l’agréable nouvelle de la mort de Mithridate ; & Josephe saisit cette occasion du campement de Pompée, pour observer que le territoire de cette ville étoit fameux par l’excellence de son baume. Pline rapporte d’après Théophraste, que cet arbrisseau balsamifere ne se trouvoit que dans ce lieu-là, & qu’il n’y en avoit que dans deux jardins, dont l’un étoit de 20 arpens (il falloit dire de dix arpens, car il a mal rendu le mot grec πλέρον), & l’autre de moins encore ; mais ce n’est ni Jéricho ni Galaad, ni la Judée, ni l’Egypte qui sont le terroir naturel de cet arbrisseau, c’est l’Arabie heureuse. Apparemment que l’on cultivoit cet arbre dans les jardins de Jéricho, & qu’il y prospéroit. En tout cas les choses ont bien changé : il n’y a plus de jardins à Jéricho, ni de baume en Judée ; tout celui que nous avons en Europe vient de la Mecque & de l’Arabie heureuse, & pour dire quelque chose de plus, le mot hébreu zori, que nous avons rendu par baume, est un mot générique qui signifie seulement toute gomme résineuse ; ainsi le baume de Jéricho, de Galaad, de Chanaan, n’étoit qu’une espece de térébenthine dont on se servoit pour les blessures & quelques autres maux.

Josephe prétend encore que les environs de Jéricho ressembloient au paradis terrestre, tandis que selon

Suidas ils étoient pleins de serpens & de viperes ; cependant Jéricho est très-fameuse dans l’Ecriture-sainte ; Moyse l’appelle la ville des palmiers. Notre Sauveur y fit quelques miracles, & ne dédaigna pas d’y loger chez Zachée dont la foi mérita de justes louanges ; c’est à Jéricho qu’Hérode le Grand, ou l’Iduméen, avoit fait bâtir un superbe palais dans lequel il finit ses jours l’an de Rome 750, après 37 ans d’un regne célebre par d’illustres & d’horribles actions.

Ce prince eut l’habileté de se procurer consécutivement la faveur de Sextus César, de Cassius, d’Antoine & d’Octave, qui lui firent décerner la couronne de Judée par le Sénat Romain ; il en reçut l’investiture en marchant au capitole entre les deux triumvirs ; il prit Jérusalem, se soutint auprès d’Antoine malgré Cléopatre, vainquit Antigone, Malchus, les Arabes, augmenta sans cesse sa puissance par les bontés d’Octave, & introduisit dans son royaume des coutumes étrangeres ; il réédifia Samarie, construisit par-tout des forteresses, procura de ses propres fonds de grands secours aux Juifs pendant la famine & la peste qui les desoloit, fonda plusieurs villes, & dissipa les brigands de la Tragonite ; enfin il fut nommé Procurateur de Syrie, éleva un superbe temple en l’honneur d’Auguste, rebâtit celui de Jérusalem, rétablit les jeux olympiques dans leur ancienne splendeur, & obtint d’Agrippa toutes sortes de graces en faveur de ses sujets.

Tel a été la vie d’Hérode, d’ailleurs le plus malheureux des hommes dans son domestique ; on sçait quels troubles sa sœur Salomé excita dans sa famille, & quelles en furent les tristes suites. Il fit mourir le vieillard Hircan dans sa 80e année, le grand-prêtre Aristobule son beau-frere, Joseph son propre oncle, Alexandra mere de Mariamne son épouse, cette belle & vertueuse Mariamne elle-même, dont la fin l’accabla de regrets, & le déchira de remords pendant le reste de sa vie ; alors on ne vit plus en lui qu’un furieux qui sacrifia trois fils à sa colere, Alexandre, Aristobule, & finalement Antipater ; ce cruel prince périt cinq jours après l’exécution de ce dernier, dans les plus cruels tourmens, dont Josephe vous donnera les détails. Il avoit eu neuf femmes. Trois autres fils qui lui restoient encore, Archélaus, Hérode & Philippe, partagerent ses états. (D. J.)

JERICHAU, (Géogr.) ville & baillage d’Allemagne, dans le duché de Magdebourg, sur les frontieres de Brandebourg.

JERKÉEN, (Géogr.) ville d’Asie, capitale de la petite Tartarie, sur les bords de la riviere d’Ilac ; elle est assez grande. C’est l’entrepôt du commerce entre les Indes & la partie septentrionale de l’Asie, de la Chine, de la grande Tartarie & de la Sibérie.

IÉRONYMITES, s. m. (Théol.) est le nom que l’on donne a divers ordres ou congrégations de religieux, autrement appellés hermites de saint Jérôme. Voyez Hermites.

Les premiers, que l’on appelle hermites de Saint Jérôme d’Espagne, doivent leur naissance au tiers-ordre de saint François, dont les premiers Jéronimites étoient membres. Grégoire XI. approuva cet ordre en 1373 ou 1374, sous le nom de saint Jérôme, qu’ils avoient choisi pour leur protecteur & leur modele, & leur donna les constitutions du couvent de sainte Marie du Sépulchre, avec la regle de saint Augustin ; & pour habit une tunique de drap blanc, un scapulaire de couleur tannée, un petit capuce & un manteau de même couleur ; le tout de couleur naturelle, sans teinture & d’un vil prix.

Les Jéronymites sont en possession du couvent de saint Laurent de l’Escurial, où les rois d’Espagne ont leur sépulture ; de ceux de saint Isidore de Seville,