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l’eau-forte agit bien sur l’argent, quand il est en la quantité relative dont nous venons de parler, & elle agit d’autant mieux qu’il y a plus d’argent ; mais si l’or n’y est pas pour moins d’un tiers, l’eau-forte n’agit pas ; il faut ajouter de l’argent, mais il ne faut pas y en mettre plus qu’il ne convient ; car alors il s’en détache des pailletes d’or, ce qu’on n’a point à craindre avec les proportions requises, à moins que la dissolution ne se fasse trop rapidement ; car l’or doit rester dans son entier. Voyez Cornet, Départ, Rouleau & Grenailler.

IN-QUARTO, s. m. (Imprimerie.) une des formes qu’on donne aux livres ; elle dépend de la maniere dont la feuille a été imprimée. L’in-quarto porte huit pages par feuille.

INQUIET, (Marechal.) un cheval inquiet est la même chose qu’un cheval qui a de l’ardeur. Voyez Ardeur.

INQUIÉTATION, (Jurisprud.) est un ancien terme de pratique, qui signifie trouble, interruption. Il se trouve dans quelques coutumes, notamment dans les articles 113, 114 & 118 de la coutume de Paris. Voyez Interruption, Trouble. (A)

INQUIÉTUDE, s. f. (Gramm. & Morale.) c’est une agitation de l’ame qui a plusieurs causes ; l’inquiétude, quand elle est devenue habituelle, se trouve ordinairement dans les hommes, dont les devoirs, l’état, la fortune contrarient l’instinct, les goûts, les talens. Ils sentent fréquemment le besoin de faire autre chose que ce qu’ils font. Dans l’amour, dans l’ambition, dans l’amitié, l’inquiétude est presque toujours l’effet du mécontentement de soi même, du doute de soi-même, & du prix extrème qu’on attache à la possession de sa maîtresse, d’une place, de son ami. Il y a un autre genre d’inquiétude, qui n’est qu’un effet de l’ennui, du besoin, des passions, du dégoût. Il y a l’inquiétude des remords. Voyez Remords.

Inquiétude, (Med. Pathologie.) symptôme de maladie désigné plus communément dans le langage ordinaire par les noms d’anxiété, d’angoisse. de jactation, &c. Voyez Angoisse & Jactation.

INQUISITEUR, s. m. (Hist. ecclésiastique.) officier du tribunal de l’inquisition. Voyez Inquisition & Office, Congrégation du S.

Il y a des inquisiteurs généraux & des inquisiteurs particuliers. Saint Dominique fut le premier inquisiteur général, commis par Innocent III. & par Honoré III. contre les hérétiques Albigeois. De-là vient que les généraux de cet ordre ont été long-tems comme inquisiteurs nés dans la chrétienté. Le pape même qui les nomme actuellement, laisse toujours subsister à Rome la congrégation du saint-office dans le couvent de la Minerve des dominicains ; & ces moines sont encore inquisiteurs dans 32 tribunaux de l’Italie, sans compter ceux de l’Espagne & du Portugal.

Les inquisiteurs généraux de la ville de Rome en particulier, sont les cardinaux membres de la congrégation du saint-office. Ils prennent le titre d’inquisiteurs généraux dans toute la chrétienté ; mais heureusement ils n’ont point de jurisdiction en France, dont le royaume fait partie de la chrétienté.

Le grand inquisiteur d’Espagne est nommé par le roi d’Espagne, & après avoir été confirmé par le Pape il juge en dernier ressort & sans appel à Rome. Le droit de confirmation suffit à Sa Sainteté pour prouver que l’inquisition releve d’elle immédiatement.

Je finis par une requête inutile, c’est de prier MM les inquisiteurs d’Espagne & de Portugal, de vouloir bien lire les très-humbles remontrances qui

leur sont adressées dans l’esprit des loix. liv. XXV. chap. xiij. (D. J.)

Inquisiteur d’état, sub. mas. (Hist. mod. de Venise.) membre du tribunal qu’on appelle le tribunal des inquisiteurs d’état le plus révoltant & le plus formidable qu’on ait jamais établi dans aucune république. Il est seulement composé de trois membres, qui sont deux sénateurs du conseil des dix, & d’un des conseillers du dôge. Ces trois hommes exercent leur pouvoir absolu sur la vie de tous les sujets de l’état, & même sur celle des nobles, après avoir oui leur justification, sans être tenus de rendre compte à personne de leur conduite, ni d’en communiquer avec aucun conseil, s’ils le trouvent tous trois de même avis.

Les deux seuls avocadors ou procureurs généraux ont droit de suspendre pendant trois jours les jugemens de ce tribunal, lorsqu’il ne s’agit pas d’un crime que le tribunal répute positif.

Ses exécutions sont très-secretes ; & quelquefois sur la simple confrontation de deux témoins ou d’espions dont la ville est remplie, ils envoyent noyer un misérable pour quelques propos qui lui auront échappé contre le gouvernement. Venise se sert de ce terrible moyen pour maintenir son aristocratie.

Cette magistrature est permanente, parce que les desseins ambitieux peuvent être commencés, suivis, suspendus, repris ; elle est cachée, parce que les crimes qu’elle est censée punir, se forment dans le secret. Elle a une inquisition générale, parce qu’elle doit connoître de tout. C’est ainsi que la tyrannie s’exerce sous le prétexte d’empêcher l’état de perdre sa liberté ; mais elle est anéantie cette liberté par tout pays où trois hommes peuvent faire périr dans le silence à leur volonté, les citoyens qui leur déplaisent. (D. J.)

INQUISITION, s. f. (Hist. ecclésiast.) jurisdiction ecclésiastique érigée par le siege de Rome en Italie, en Espagne, en Portugal, aux Indes même, pour extirper les Juifs, les Maures, les infideles, & les hérétiques.

Cette jurisdiction après avoir pris naissance vers l’an 1200, fut adoptée par le comte de Toulouse en 1229, & confiée aux dominicains par le pape Grégoire IX. en 1233. Innocent IV. étendit son empire en 1251 dans toute l’Italie, excepté à Naples. L’Espagne s’y vit entierement soumise en 1448, sous le regne de Ferdinand & d’Isabelle. Le Portugal l’adopta sous Jean III. l’an 1557, conformément au modele reçu par les Espagnols. Douze ans auparavant, en 1545, Paul III. avoit formé la congrégation de ce tribunal sous le nom du saint office ; & Sixte V. confirma cette congrégation en 1588. Ainsi l’inquisition relevant toujours immédiatement de la cour de Rome, fut plantée malgré plusieurs contradictions dans un grand nombre d’états de la chrétienté.

Parcourons tous ces faits avec M. de Voltaire, & dans un plus grand détail, mais qui certainement n’ennuyera personne. Le tableau qu’il en a tracé est de main de maître, on ne sauroit trop en multiplier les copies.

Ce fut dans les guerres contre les Albigeois, que vers l’an 1200 le pape Innocent III. érigea ce terrible tribunal qui juge les pensées des hommes ; & sans aucune considération pour les évêques, arbitres naturels dans les procès de doctrine, la cour de Rome en commit la décision à des dominicains & à des cordeliers.

Ces premiers inquisiteurs avoient le droit de citer tout hérétique, de l’excommunier, d’accorder des indulgences à tout prince qui extermineroit les condamnés, de reconcilier à l’Eglise, de taxer les